Cinéaste et écrivain à
la mode, Pablo Quintero mène une vie sentimentale et sexuelle des plus agitées.
Son caractère difficile indispose Juan, son amant en titre. Pablo se livre
alors à une drague effrénée, au cours de laquelle il rencontre Antonio, un
adolescent illuminé qui se laisse séduire par l’artiste. Parti en vacances chez
ses parents, Antonio suggère à Pablo de lui écrire sous un pseudonyme féminin.
Mais, excédé par les exigences agressives d’Antonio, Pablo décide de rompre
avec le jeune homme. Celui-ci se rend dans le village andalou où Juan passe ses
vacances et le tue.
La Loi du désir
est une œuvre où Pedro Almodovar se trouve à la croisée des chemins entre ses
velléités dramatiques qui culmineront dans ses œuvres des années 90/2000 et l’exploration
des environnements à la marge de ses premiers films. Matador (1985) en ajoutant un brillant élément de thriller était
parvenu à tenir cet équilibre qui ne fonctionne pas complètement dans La Loi du désir. La qualité et parfois
le défaut d’Almodovar consiste en la densité de ses intrigues leur circonvolutions
inattendues. Donc ici chaque partie prise séparément aurait pu donner une œuvre
formidable mais se retrouve compressée par la multiplicité des directions
narratives.
Les amours complexes de Pablo (Eusebio Poncela) cinéaste gay
mélangeant réalité et fiction, préfigure la maturité en moins certains
questionnements du récent Douleur et
gloire (2019). La passion et la jalousie poussant jusqu’à une forme de
folie apaisée ou fatale parcourt la filmographie d’Almodovar mais trouvait une
fois de plus (et de nouveau en partie sous les traits du jeune Antonio
Banderas) une meilleure expression dans Matador
alors qu’ici la romance initiale et avortée de Pablo n’existe pas suffisamment
pour introniser celle plus possessive et oppressante avec Antonio Banderas. Enfin
la relation fraternelle entre Pablo et Tina (Carmen Maura), leur passé familial
douloureux trop tardivement évoqué et ses conséquences sur la transsexualité de
Tina, tout cela était suffisamment chargé pour tenir le film dans son entier.
On a donc constamment une fulgurance d’émotion qui fonctionne dans chaque
sous-intrigue prise séparément, mais qui s’annulent et ennuie mise bout à bout.
Fort heureusement la galerie de personnages (Antonio
Banderas entre ombre et lumière est formidable) et le brio de ces moments
isolés montre un Almodovar toujours inspiré. On pense particulièrement au
final, séquence de tension extrême qui bascule vers une délicatesse hors du
temps et poignante. Un Almodovar trop dispersé mais qui n’en demeure pas moins
attachant donc.
Sorti en dvd zone 2 français chez TF1 Vidéo
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