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mercredi 28 juillet 2021

Fear Street Part Three : 1666 - Leigh Janiak (2021)

Renvoyée en l'an 1666, Deena apprend la vérité sur Sarah Fier. De retour en 1994, les amis luttent pour leur vie et le futur de Shadyside.

Fear Street : 1666 vient conclure la trilogie d'adaptations de la série de roman de R.L. Stine après Fear Street : 1994 et Fear Street : 1978. Le second film se terminait sur un rebondissement prometteur, voyant l'héroïne Deena enterrant les restes de la sorcière Sarah Fier et ainsi projetée en 1666 lorsque se mis en place sa malédiction. Cette partie "historique" occupe toute la première moitié du film où l'on retrouve tout le casting des deux premiers volets pour accentuer le côté ancestral de la malédiction en retrouvant des visages communs. Deena incarne quant à elle Sarah Fier et les réminiscences de paria de l'héroïne contemporaine et de la sorcière contribuent à semer le trouble quant à la vérité de cette malédiction. 

La reconstitution est relativement soignée pour marquer tout d'abord l'atmosphère bucolique de cette petite ville de pionnier, puis la bascule oppressante où le plus effrayant ne sera pas les irruptions du surnaturel mais bien la folie collective, obscurantiste et violente qui s'emparera des habitants. Forcément il faut trouver un bouc-émissaire aux maux étranges qui s'abattent sur la communauté et les personnes différentes seront naturellement les proies idéales. La romance lesbienne du premier film se rejoue ici avec des conséquences plus dramatiques puisque le "péché" est désigné comme la cause de la folie meurtrière et des phénomènes inquiétants se déclarant en ville. En adoptant le point de vue de Deena/Sarah Fier on comprend que celle-ci est plus victime que responsable des malheurs qui se propageront au fil des siècles en ces lieux. 

Cette fois l'influence principale semble être The Witch de Robert Eggers (2015) et le courant folk-horror dont on retrouve l'imagerie, les éléments de magie noires et la folie latente. Sans égaler le ton halluciné et inquiétant du film de Robert Eggers, Leigh Janiak offre quelques visions cauchemardesques marquantes comme le crime du premier "possédé" de la malédiction avec comme victime des enfants. Le côté pesant et fanatique introduit bien le moment dans la frénésie avant que se révèle le crime dans toute son horreur. Le récit poursuit la ligne progressiste entamée dans le premier film à la fois par l'échappée et la prison que constitue l'histoire d'amour contre-nature, mais aussi par le côté social à travers le schisme des deux villes de Shadyside et Sunnyvale finalement expliqué. La malédiction s'explique par une quête de pouvoir et d'élévation sociale justifiant le pacte avec le diable, et faisant des faibles et des différents une denrée sacrifiables à travers les siècles pour y parvenir. La révélation est plutôt bien amenée, éclaire certains évènements et comportements inexpliqués des précédents films et surtout amène une chute dramatique réellement intense. 

Le problème c'est qu'après tout cela il faut revenir à l'intrigue au présent et que l'horreur bariolée et ludique du premier film jure un peu avec la proposition de fantastique plus sèche que l'on vient de voir. Le bon point des deux parties est de bien jouer des connaissances acquises dans les deux précédents films, tant en termes de décors et de topographie (pas de surprise à voir certains souterrains mener à des lieux inattendus) que de certains codes établis pour affronter le mal ce qui amène une efficacité et tension bienvenue. 

Néanmoins la rupture de ton ne fonctionne pas complètement, notamment dans la caractérisation des personnages, celui s'avérant le vrai méchant se voyant ajouter des tics de jeu grossier et une présence maléfique trop appuyée (entre autres par la photo) pour bien nous le signifier. Garder sa nature effacée initiale aurait paradoxalement pu le rendre plus inquiétant, tout comme le fait d'éventuellement ainsi en faire aussi la victime d'un héritage ancestral (ce que le 2e film laissait entrevoir) alors que là il est juste méchant et démoniaque. La nuance intéressante mise en place pour la supposée menace de Sarah Fier aurait été pertinente aussi à mettre en place pour le vrai méchant. Conclusion néanmoins honnête pour une trilogie réussie qui aura su piocher dans différents motifs du cinéma d'horreur contemporain pour livrer un récit ludique et prenant.

Disponible sur Netflix

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