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lundi 7 mars 2022

Le Bras armé de la loi 2 - Sang gong kei bing 2, Michael Mak (1987)


 Trois policiers infiltrent une triade de Hong Kong. Grâce à un indic, ils parviennent à avoir vent du prochain coup des gangsters, mais avant de pouvoir intervenir, leur couverture est trahie.

Le Bras armé de la loi (1984) par son mélange d'action effrénée, de propos social et de réalisme s'était avéré une vraie date dans le polar hongkongais, la parfaite transition entre le propos engagé de la Nouvelle vague hongkongaise et l'emphase du polar héroïque qui allait bientôt dominer. Cette suite sans être aussi mémorable est cependant très intéressante et parvient à trouver sa propre identité. On retrouve ce contexte social d'une Hong Kong à la criminalité galopante en grande partie due à des migrants de la Chine continentale y trouvant un nouvel El Dorado. Cette fois nous ne suivrons plus des clandestins chiens fou semant le chaos mais des exilés politiques et anciens policiers qui, en échange d'un statut de résidant doivent devenir des infiltrés démantelant les réseaux des criminels "continentaux". 

Le scénario pose ainsi les problématiques morales inhérentes au polar mettant en scène des infiltrés, mais auxquelles s'ajoutent leur identité chinoise. Les personnages souffrent moins que dans le premier volet de la dichotomie entre naïveté du migrant et férocité du criminel ce qui rend leurs doutes différents et plus complexes. Leur passé de policier dans un Etat répressif et leur désir de s'intégrer les rends ainsi, notamment le meneur Tung (Elvis Tsui), plus impitoyable encore envers leurs compatriotes criminels qui salissent l'image des honnêtes migrants chinois. D'un autre côté les retrouvailles avec d'anciens frères d'armes ayant mal tournés et qu'il faut désormais trahir les placent face à un dilemme tel le personnage de King San (Ben Lam). Pour Hok Kwan (Yat Chor Yuen) ce sera la possible échappée amoureuse qui lui fera éventuellement perdre de vue sa mission.

Le récit avance donc en créant une empathie plus explicite envers ses héros quand le premier volet se montrait nettement plus ambigu. Le scénario (de nouveau signé par l'ancien policier Philip Chan) développe de nouveau cette attirance/répulsion entre Hong Kong et les migrants de Chine continentale. Malgré la possibilité de grâce initialement offerte, nos infiltrés sont une simple chair à canon sacrifiable sur l'autel d'une promotion pour les pontes de la police chinoise. Dès lors la "trahison" envers leurs compatriotes semblera de plus en plus vaine et les placera entre deux feux. La seule vraie solidarité et amitié sincère sera nouée avec "Grand frère" (Alex Man), autre flic infiltré et mentor habitué à ces grands écarts. La discussion qu'il aura avec Tung où il se lamente de la périlleuse et solidaire position d'infiltré offre une des plus belles scènes du film, entérinant la belle amitié unissant les deux personnages. 

A la réalisation Michael Mak succède à son frère Johnny et en poursuit en mode mineur le parti pris réaliste. On ressent davantage cette veine sociale dans le cheminement des protagonistes mais le côté documentaire à vif du premier film s'estompe pour une action plus stylisée mais tout aussi nerveuse. On n'a plus ce sentiment de chaos, l'action est bien plus réfléchie et ce en adéquation avec la science du combat et de la stratégie des héros, notamment la scène où ils humilieront en public un chef de gang en misant autant sur la topographie des lieux que de l'égoïsme hongkongais (ledit chef étant un être détestable, ils misent sur le fait qu'aucun homme de main ne risquera sa vie pour lui). Les différents morceaux de bravoure sont d'une efficacité redoutable, notamment le final qui, sans supplanter celui inoubliable du premier film, use brillamment de son cadre urbain minimaliste et surtout déploie une vraie belle catharsis émotionnelle. L'innovation et la furie en moins certes, mais une suite très réussie qui renouvelle les questionnements de son prédécesseur.

Sorti en dvd zone 2 français chez HK Vidéo

 

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