Un jeune homme désœuvré se laisse convaincre par un entraîneur de participer à un combat de boxe.
Walkover est le second long-métrage de Jerzy Skolimowski, et la pièce centrale d’une trilogie mettant en scène son alter-ego cinématographique Andrzej Leszczyc joué par lui-même. Le premier film du cycle fut Signe particulier : néant (1964), réalisé dans des conditions singulières. Elève à l'École nationale de cinéma de Łódź, Skolimowski doit y présenter régulièrement des court-métrages. Malin, il décide de mettre en scène dans chacun d’eux ce personnage de jeune homme inadapté et peinant à entrer dans l’âge adulte. L’idée est en recollant ensemble tous les courts d’avoir un premier long-métrage à son actif, ce qui lui éviterait de passer par l’étape assistant-réalisateur. Il aura pourtant le temps de tourner Walkover avant la sortie en salle de Signe particulier : néant tant l’objet déroute la bureaucratie polonaise. On retrouve néanmoins dans Walkover à la production plus classique ce côté volontairement libre, décousu.
Le réalisateur place Andrzej Leszczyc au même moment crucial de ses trente ans que lui, alors qu’il cherche également un sens à sa vie. De passage dans une ville alors qu’il cherche un emploi, Andrzej y croise Teresa (Aleksandra Zawieruszanka) une ancienne camarade de l’école Polytechnique. C’est le début de pérégrinations surréalistes bercées de poésie, de climat kafkaïen et d’humour décalé. On en apprend davantage sur notre héros au fil des rencontres étranges et des discussions avec Teresa. Chaque interaction renvoie Andrzej à l’impasse personnelle et professionnelle où se trouve alors son existence. Un directeur d’usine lui rappelle la lacune que constitue l’absence de diplôme d’ingénieur, les dialogues abscons et la boucle que semble constituer son trajet en ville matérialise ce constat d’échec. On a ainsi le sentiment que toute sa vie jusque-là, Andrzej irrésolu et indécis n’a fait que du surplace. La perspective d’un tournoi de boxe au sein de l’usine où il postule va le confronter à ses contradictions. Malgré son expérience du noble art, il semble se défiler face à la perspective d’y participer et va finalement se laisser convaincre. Mais après un premier combat gagnant, comme souvent la tentative est grande pour lui de tout abandonner donnant ainsi son sens au titre puisqu’en boxe walkover signifie être vainqueur faute d’adversaire. La conclusion est typique du réalisateur, entre positivité humaniste et mordante ironie quant à la tournure du dernier combat. La mise en scène tout en longs plan-séquence, effets de montage déroutant, traduit de manière sensitive ce sentiment d’errance et d’indécision. C’est une manière très expérimentale d’exprimer des questionnements qu’il saura illustrer dans une veine plus accessible avec Deep End (1970), grand succès de sa carrière internationale après avoir quitté la Pologne.
Sorti en dvd zone 2 français chez Malavida
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire