Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mardi 1 novembre 2011

La Baronne de Minuit - Midnight, Mitchell Leisen (1939)


Une jeune femme débarque à Paris par le train venant de Monte Carlo. Elle ne possède pas le moindre bagage, n'a pas d'argent et est seulement vêtue d'une robe de soirée. Un chauffeur de taxi du nom de Tibor Czerny, accepte de l'aider. Mais la jeune femme lui fausse rapidement compagnie pour entrer clandestinement dans une soirée mondaine. Sur le point d'être expulsée, elle se fait passer pour la baronne Czerny. Les circonstances l'entraînent à conserver cette identité... mais à minuit, le carrosse de Cendrillon pourrait redevenir citrouille.

Mitchell Leisen signe un petit bijou avec ce Midnight où le cynisme le plus intéressé se dispute au romantisme le plus sincère dans un parfait équilibre. Pour ce faire, l'excellent scénario signé Billy Wilder et Charles Brackett pervertit le conte de Cendrillon en en donnant un grinçant et lucide tour contemporain. Notre Cendrillon est donc ici une jeune noceuse en quête de fortune qui débarque sans le sous à Paris après avoir tout perdu au jeu à Monte Carlo.

La belle-mère bienfaitrice sera un richissime aristocrate (John Barrymore) qui trouve en elle l'occasion de la rapprocher de l'amant de sa femme qui fait donc office de prince charmant pas au courant de la vraie condition de celle dont il est tombé sous le charme. Pourtant la solution se trouve sans doute avec le seul élément perturbateur à la construction du conte, le gentil taxi Tibor Czerny (Don Ameche) qui a secouru et aimé Eve Peabody (Claudette Colbert) alors qu'elle n'était rien.

La construction du film est une merveille de fluidité et d'astuces pour nouer les quiproquos les plus inextricables et la description de ces nantis est diablement féroce. Adultères, manipulation et calomnies sont les mots d'ordre de ce petit monde avec notamment un Rex O'Malley parfait en petite fouine sournoise et Mary Astor excellente en amante éconduite revancharde. Leisen parvient pourtant à donner un tour finalement très tendre à cet univers peu accueillant. Toutes les actions des personnages même les plus discutables sont finalement guidées par un sentiment pur tel John Barrymore (irrésistible de légèreté) cherchant à reconquérir son épouse ou même le très creux roi du champagne joué par Francis Lederer réellement amoureux de Claudette Colbert.

Cette dernière en apparence froidement intéressée donne sans forcer de belles nuances à Eve dont le passé difficile (et la croyance au bonheur par le milieu nanti) se dévoile au fil de quelques dialogues savamment distillés. Les échanges avec Don Ameche font mouche à chaque fois que ce soit dans le registre romantique (le rapprochement dans un Paris nocturne au début où chacun est sincère), celui plus outrancier comme le final au tribunal ou un mémorable pétage de plomb d’Ameche ne distinguant plus le vrai du faux. Ironiquement c'est lui la figure la plus pure qui va se prendre à douter au bonheur qui lui tend les bras avant que tout ne se résolve dans un final farfelu et toujours aussi inventif.

Le rythme file à toute allure avec un Leisen s'attardant à peine à décrire ce Paris des beaux quartiers qui l'intéresse moins que les biens plus drôles scènes dans les milieux populaires des taxis. Claudette Colbert, espiègle, séduisante et attachante (ce moment où elle essaie de résister à ses sentiments pour Ameche...) offre encore un grand numéro, même à minuit la magie qu'elle dégage n'est pas près de s'évaporer.

Disponible en dvd zone 2 français

Extrait des dix premières minutes

5 commentaires:

  1. Une merveille, je l'avais découvert en salle, présenté par Tavernier. Il racontait que Barrymore était toujours ivre et avait coutume d'uriner derrière les décors.

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  2. Vendu !! J'adore Claudette Colbert !
    Au fait, vous connaissez "The Palm Beach Story" de Sturges ?

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  3. Excellent l'anecdote sur Barrymore ^^ c'est vrai qu'il à l'air assez à l'ouest tout le film ça amène un décalage très amusant tout s'explique !

    Et oui Emma je connais The Palm Beach Story, pas mon Sturges préféré (malgré la scène dantesque de la réunion de chasseur dans le train, et la fin totalement folle ^^) mais très amusant!

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  4. Vu hier au soir.... Merci pour la recommandation, nous avons passé une très belle soirée. C'est irrésistible, vachard et drolissime.
    Barrymore est absurdement génial (la scène du téléphone !!!!)

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  5. Content que le film vous ait plu ! Et effectivement la scène du téléphone ^^ "Dada ?"

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