Démétrius (Victor Mature) est un ancien esclave affranchi. Il est l'ami de Pierre (Michael Rennie) et a rapporté de Galilée la tunique du Christ. Caligula (Jay Robinson), alors empereur, désire s'approprier cette relique qui permettrait la vie éternelle. Démétrius frappe un décurion qui avait brutalisé sa fiancée. Il est arrêté et condamné à combattre dans l'école de gladiateurs de Strabo (Ernest Borgnine) qui appartient à l'oncle de Caligula, Claude (Barry Jones), époux de Messaline (Susan Hayward).
La Tunique (1953) de Henry Koster avait plutôt raté sa première vertu de spectaculaire en mettant guère en valeur les possibilités du cinémascope mais se rattrapait en reliant sa trame biblique à un destin individuel poignant avec le personnage de Richard Burton. Une suite se tournait pourtant parallèlement et allait combler les manques du film de Koster avec Les Gladiateurs de Delmer Daves. Le film s'ouvre sur la mort des deux héros chrétiens de La Tunique pour laisser la place à Démétrius formidablement incarné par Victor Mature.
On suit ici son
parcours initiatique où au départ chrétien pieux et discret sa foi vacille
suite au meurtre de sa fiancée. On inverse donc ici la construction de La Tunique avec un héros passant de la
foi à la perdition, un choix dramatiquement bien plus intéressant que la piété
inébranlable du premier film. L’idée est pourtant la même, illustrer le
cheminement personnel du héros dont la paix intérieure se confondra à sa foi
chrétienne.
On y gagne donc avec un récit plus romanesque où Démétrius
perd tout et entame une lente déchéance morale où seuls ses bas-instincts de
violence (en devenant un gladiateur idole des foules assoiffées de sang) et
charnels (dans les bras de la vénéneuse Messaline
incarnée par Susan Hayward) sauront le satisfaire. La fameuse tunique du Christ
du film précédent est une nouvelle fois ici l'objet de toutes les convoitises,
les romains lui prêtant même des pouvoir magique conférant l'immortalité.
Produit en même temps que La Tunique comme déjà dit, le film souffre du coup du même léger
manque d’envergure mais Daves déploie
une toute autre énergie que le mollasson Koster. La scène où Démétrius fait
face à tous les assassins de sa fiancée dans l'arène et de rage les décime à
lui seul est un moment d'anthologie, d'une brutalité inouïe pour l'époque et
filmé avec une efficacité rare par Daves. Les centurions exultent, lui font une
ovation et le spectateur a envie de faire de même devant ce morceau de
bravoure, tout comme cet autre moment impressionnant (que Ridley Scott a repris
dans Gladiator) où Démétrius affronte
trois tigres affamés.
Ces combats démesurés ne doivent n’écarte cependant pas le
film du message de paix et de tolérance prônant la coexistence des chrétiens et
des romains avec ce final où Démétrius refuse de se battre et est soutenu par
toute l'arène. Oubliant enfin sa propre
rage, notre héros refuse enfin d’être un instrument de violence.
Bien meilleur
que le premier volet, Les Gladiateurs
souffre par contre une nouvelle fois de la prestation trop théâtrale de Jay
Robinson en Caligula qui tombe plus d’une fois dans le ridicule. Le personnage
autorise bien sûr une interprétation outrancière " de Tinto Brass (Malcolm
McDowell irait encore plus loin dans le Caligula de Tinto Brass) mais là c'est
plutôt embarrassant. Un beau diptyque en tout cas.
Sorti en dvd zone 2 chez Fox
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