A Rome, le tribun Marcellus a gravement offensé Caligula, maître de la cité, en osant soutenir les enchères contre lui pour l'achat de l'esclave Démétrius. Pour le punir de cet affront, Caligula envoie Marcellus à Jérusalem. Il se débarrasse ainsi de son rival auprès de la belle Diane. Arrivé à Jérusalem, Marcellus fait crucifier Jésus, gagne sa tunique aux dés et perd la raison...
Suite à la baisse de fréquentation salle en ce début des années 50, Hollywood invente le cinémascope, nouveau format destiné à démontrer toute la différence avec la télévision grâce à son image panoramique et se prêtant particulièrement aux superproductions. La Tunique sera le premier film tourné en cinémascope, amorçant avec Quo Vadis (1951) de Mervyn LeRoy le renouveau du péplum durant la décennie. Même s'il n'est pas dépourvu de qualités le film est très inégal. Déjà Henry Koster semble ne savoir que faire du cinémascope, sa mise en scène est particulièrement figée n'offrant jamais la profondeur et l'amplitude que permet le format, les longs tunnels de dialogues se succédant dans des décors de studio plus ou moins imposant et loin du faste qu’offriront d’autres titres une fois le genre relancé.
La scène de la crucifixion de Jésus sur le mont Golgotha ou encore le
sauvetage final de Démétrius dans une prison romaine font ainsi
particulièrement cheap, autant à cause du manque de talent de Koster que de la
Fox dont la direction artistique n’offrant pas un écrin méritant d’être mis en
valeur par le scope (la comparaison avec le luxueux Quo Vadis de la MGM sorti trois ans plus tôt est plutôt
douloureuse). Péplum biblique oblige, le ton religieux se fait particulièrement
pompeux et grandiloquent mais faute d’une imagerie évocatrice puissante pour
l’accompagner ce choix finit par lasser.
Pourtant miracle (!) arrivé à mi-parcours ces multiples défauts finissent par
servir peu à peu le film. Le manque d'ampleur donne en fait le ton intimiste adéquat
à l’intrigue puissante du roman de Lloyd C. Douglas (auteur à qui l’on doit
notamment Le Secret Magnifique adapté
par John Stahl puis Douglas Sirk). On suit donc la rédemption du tribun
Marcellus formidablement interprété par Richard Burton qui passe du romain
arrogant et oisif au croyant exalté.
Le traitement très juste infligé au personnage
et sa lente déchéance rendent cette transformation crédible et poignante
puisqu’au-delà de la question religieuse, c'est juste l'éveil et la prise de
conscience d'un homme face aux injustices qui l'entoure. Le ton religieux
exalté se fait donc plus prenant au fur et à mesure que Marcellus accepte la
foi (même si on n’évite pas une dernière image ridicule) et sa métamorphose
s'effectue lors d'un superbe combat au glaive avec un centurion lorsqu'il
décide de défendre des villageois chrétien dont le contact l'a transformé.
De la même façon que le fera Ben-Hur (1959) la figure de Jésus est
omniprésente sans être concrètement présent à l'image et constitue la
conscience et la culpabilité du héros. Jay
Robinson est la seule grosse tâche du casting en Caligula qui cabotine tant qu'il peut mais on
retiendra surtout la noblesse et la prestance de Victor Mature et Jean Simmons
qui livrent de belles prestations. Le film connaitra une suite bien supérieure
(tournée simultanément) et vrai classique du péplum avec Les Gladiateurs réalisé par Delmer Daves qui sortira l'année. Bien que sa place importante dans l’histoire
du cinéma n’en fasse pas un chef
d’œuvre, loin s’en faut, La Tunique
est une œuvre imparfaite mais méritant le coup d’œil.
Sorti en dvd zone 2 français et bluray chez Fox
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