Tourné dans 25 pays, durant 5 ans, “Samsara” explore les merveilles de notre monde. C’est un voyage extraordinaire, une méditation sans paroles.
Samsara vient
combler une longue attente pour les nombreux adorateurs du cultissime
documentaire Baraka (1992), sorti
près de vingt ans plus tôt. Filmé aux quatre coins du monde Baraka était un spectacle à la beauté et
à l'ambition démesurée, offrant une réflexion sur les origines de l'humanité,
l'avenir de l'homme, son rapport à la spiritualité et bien d'autres choses
encore. Le film prêtait à de nombreuses interprétations car reposant sur la
seule puissance évocatrice de l'image et notamment le montage sensitif et basé sur l’association d’idées.
Des coins les plus reculés de la planètes en passant par les cités les plus
surpeuplés et urbanisées, de la froideur mécanique des usines à la chaleur des
communautés les plus primitives, des citadins les plus déshumanisé aux
croyances les plus étranges et exaltées, des bâtiments ultra moderne aux
vestiges du passé, le film était une splendeur visuelle de tous les instants. Le tour de force technique était
impressionnant avec les angles de prise de vues offrant une majesté inouïe aux
images et où l'on devinait le degré d'implication et de danger exigé d’un Ron
Fricke très inspiré du tout aussi fameux Koyaanisqatsi
de Godfrey Reggio sur lequel il fut directeur photo.
Le rythme hypnotique, la
photo une bande son fabuleuse de Michael Stearns et Dead Can Dance (dont le
titre Host of Seraphim est
indéracinable du film) avaient également contribués la splendeur du film. Un
tel résultat avait exigé une somme d’effort considérable pour Ron Fricke et son
équipe ayant parcouru le monde durant trois ans pour offrir ces images
extraordinaire. La suite longtemps promise devait donc attendre presque deux
décennies et un tournage tout aussi épique (ayant duré cinq ans et traversé 25
pays) avant de de permettre de voir Samsara
en 2011 et 2013 en salle en France.
On retrouve toutes ces qualités dans ce nouveau film qui
nous offre comme attendu des images à couper le souffle. On navigue entre
presque dans le conte fée avec cette ouverture sur ce palais installé dans les
hauteurs d’une montagne et le titre du film (Samsara signifiant « ensemble
de ce qui circule » en sanskrit) se justifie par ce début imprégné de
mysticisme indien avec ces rituels, des visions et une atmosphère baignant dans
l’imagerie bouddhiste. Après les origines de l’homme, c’est au cycle de la vie
que souhaite nous convier Ron Fricke à travers ses images (le début et la fin
étant similaires pour signifier cette approche.
Le spectacle est envoutant, les
paysages urbains offrant des panoramas hypnotiques (que ce soit le sentiment fourmilière
en ébullition lors de ces plongées sur des autoroutes tentaculaires ou l’aspect
de lucioles démultipliées quand ce monde urbain est noyé dans une nuit de
néons) et presque futuriste. On a parfois le sentiment de carrément se trouver
sur une autre planète grâce aux cadrages impressionnants de Fricke lorsqu’il
pénètre dans l’intimité de temples sacrés ou obtient une profondeur de champ
inouïe en capturant l’infinité et le
mystère de certain lieux visités (on pense à ce toit tout en draperie aux
couleurs vive voletant à perte de vue).
Samsara n’égale
cependant pas Baraka par manque de
subtilité dans son message. Baraka
laissait était une invitation à l’abandon, laissant totalement naître l’émotion
d’images dont la magie était pour l’essentiel captée sur le vif, saisissant
chaque moment impromptu à travers sa caméra. Le message naissait de l’association
de ces images même si bien sûr Fricke possédait un plan général de son film.
Ici le message prime et guide les images, ce qui donne une rare lourdeur dès
que l’ensemble se veut engagé. La chaîne de l’alimentation allant de l’élevage
cruel de volaille en batterie (scène complètement reprise de Baraka d’ailleurs) jusqu’au rayon
charcuterie et les fast-foods n’est pas très fine notamment. Il en va de même
sur la dénonciation du culte du corps avec cet enchaînement entre automate au
regard vide mais si proche de l’humain dans leur conception avec des bimbos dansant
en maillot de bain mais guère plus habitées.
Entre les deux, un insert d’obèse
pour bien appuyer sur l’imperfection provoquée par les dérives de l’homme
moderne après avoir fait admirer les corps nus et libérés d’autochtones de
divers contrées. La grâce n’est pas absente dans cet optique (la danse dans la
cour de la prison) mais on tombe à côté le plus souvent par surlignage tel
cette homme se maquillant et simulant les mutilation en reprenant les peintures
tribales. Un fond simpliste qui fait de Samsara un livre d’images magnifique,
superbement mis en scène (le format 70 mm fait son petit effet) mais loin de l’aura
de son prédécesseur voir de ses avatars dans la fiction comme l’excellent The Fall (2006) de Tarsem.
Sorti en dvd zone 2 français et bluray chez ARP
Oui, c'est vrai que Samsara a des airs de déjà-vu (c'est un décalque amélioré de Baraka, pour faire court) et qui enfonce pas mal de portes ouvertes. Mais que les images sont belles, que le spectacle est grand (je l'ai vu à sa sortie sur grand écran, frissons garantis !)… Cette séquence à la Mecque m'a juste laissé sans souffle, bouche bée complètement...
RépondreSupprimerClair si le fond ne suit pas en tout cas on en prend plein les mirettes je l'ai loupé en salle (à Paris il passait au Max Linder je crois ça devait être une expérience) mais le bluray est magnifique
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