Saint-Étienne, 1989. Mathilde Tessier,
jeune fille difficile et marginale, tombe amoureuse de son professeur de
philosophie, François Hainaut. Ce dernier, qui croit profondément aux
capacités intellectuelles de la jeune fille, va se démener pour l'aider.
Pendant que Mathilde progresse, leur histoire d'amour se tisse et
éloigne peu à peu François de sa femme et de son métier...
Noce Blanche
est sans doute le plus grand succès de Jean-Claude Brisseau et sera le
film de la révélation pour la Vanessa Paradis actrice dans premier rôle
et récompensée du César du meilleur espoir et du Prix Romy-Schneider en
1990. Brisseau exploite ici son attrait des personnages marginaux et des
thèmes provocateurs avec cette romance scandaleuse. Brisseau nous reprend ici
en fait le Lolita de Vladimir
Nabokov mais sans la dimension morale et ironique du roman que su si
bien exprimer Kubrick dans son adaptation.
L'approche semble similaire
avec cet adulte dépassé bien malgré par la passion inattendue qui naît
en lui pour une nymphette adolescente, le lien semblant encore plus
choquant puisqu'il s'agit d'un professeur et de son élève lycéenne.
Comme chez Nabokov également la séduction semble naître comme par jeu
chez une Mathilde (Vanessa Paradis) totalement désinhibée et qui trouble
progressivement son professeur de philosophie François (Bruno Crémer)
par cette facette frêle et sensuelle à la fois.
Sur cette
structure bien connue, Brisseau par son absence de jugement moral emmène
pourtant son film totalement ailleurs. François est certes atteint d'un
trouble libidineux dont le côté dérangeant n'est jamais évité (la scène
où il scrute en plein cours la courbe de la silhouette fine de Mathilde
penchée sur son devoir presque plus gênante que les scènes d'amour très
sobres) et Mathilde se révélera une manipulatrice obsessionnelle
fortement perturbée. Pourtant il n'y aura pas de profiteur ou de dupé
ici et malgré ses contours sinueux et provocants c'est à une réelle
histoire d'amour qu'on assiste ici. Brisseau amène d'ailleurs le lien
entre les amants par des motifs ne reposant pas sur l'attrait charnel.
François ne remarquera cette adolescente pas plus attrayante qu'une
autre que lorsque sous la paumée adepte de l'absentéisme se révélera une
personnalité unique, érudite et précocement désenchantée.
C'est le
professeur qui est d'abord interpellé par une élève comme on n'en
rencontre peu dans une carrière avant que l'homme soi peu à peu attiré
par la jeune femme. De même Mathilde livrée à elle-même s'abandonnera au
bras du seul adulte lui ayant vraiment tendu la main, touchée puis
amoureuse de cette figure protectrice qu'incarne Bruno Crémer.
Brisseau
filme ainsi leurs amours avec une grâce constante, que ce soit cette
première étreinte dans la pénombre d'une chambre où Bruno Crémer ne
pourra plus lutter, la ballade en barque sous la photo immaculée de
Romain Winding et la musique envoute de Jean Musy et aussi ces
silhouettes disparaissant sous les fougères.
Vanessa Paradis est filmée
avec un charme lascif qui prolonge son image de lolita issu de sa
carrière musicale, Brisseau nous plaçant selon le point de vu troublé et
coupable de Bruno Crémer, mais s'estompant au fil de son abandon à
cette passion interdite. Malgré la sincérité de cette romance, Brisseau
ne néglige jamais sa nature transgressive puisque presque tous ces élans
amoureux se feront dans des lieux clos et/ou isolé, à l'abri des
regards inquisiteurs et moraux d'un monde qui ne les comprendrait pas.
Le
film perd un peu de sa force quand il tente de verser dans le pseudo
thriller quand la relation s'interrompra un temps et que Mathilde
harcèlera et provoquera François. Heureusement un final intense rendant
cet attrait irrépressible conclut l'ensemble sur une note passionnée et
mélancolique. Une ultime étreinte puis la révélation d'un amour distant
poignant font ainsi entrer Noce Blanche dans les grands mélodrames français, au-delà de son sujet sulfureux.
Sorti en dvd zone 2 français chez Aventi
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