Eddie Coyle est un bandit sans envergure qui vit de petits boulots,
de trafic d’armes et de contrebande. Pour échapper à une condamnation et
éviter de finir ses jours derrière les barreaux il accepte de
travailler comme indic pour Dave Foley, un agent du FBI.
Le méconnu The Friends of Eddie Coyle
est pourtant un des meilleurs polars des 70's tout en constituant un
des très grands rôles de Robert Mitchum. La star avait remarquablement
su se réinventer avec l'âge mûr, délaissant la séduction et la
dangerosité virile d'antan pour des rôles où il se montre plus
vulnérable et joue de sa vieillesse dans La Fille de Ryan de David Lean (1970), Yakuza de Sidney Pollack (1975) ou plus tard Maria's Lovers de Andreï Kontchalovski (1984). The Friends of Eddie Coyle
est la plus belle illustration de cette grandeur dans la modestie avec
ce rôle de petite main de la criminalité de Boston. Le film adapte le
roman éponyme de George V. Higgins.
C'est le premier ouvrage de l'auteur
qui comme dans le reste de son œuvre s'inspire grandement de son
expérience de procureur adjoint général du Massachusetts où il plaida
devant la cour suprême une soixantaine d'affaires impliquant des
activités illégales de la mafia. Cette connaissance du milieu donnait
une réalité palpable aux mœurs et langage criminel dépeint et The Friends of Eddie Coyle
revisite la tragique fin de Billy O'Brien, petit malfrat de Boston
assassiné en 1967. Le coupable était le psychotique et paranoïaque James
"Whitey" Bulger (récemment incarné brillamment par Johnny Depp dans Strictly Criminal
(2015)) qui le soupçonnait d'être un informateur - ironiquement Bulger
s'avéra lui une vraie balance du FBI donnant ses rivaux pour asseoir son
pouvoir.
L'histoire part donc du même postulat avec un Eddie
Coyle (Robert Mitchum) en sursis et pris entre deux feux. Sous le coup
d'une condamnation qu'il cherche à éviter pour préserver sa famille, son
seul espoir serait d'être indic pour le manipulateur agent du FBI Dave
Foley (Richard Jordan). Cela l'exposerait pourtant s'il était démasqué à
des représailles fatales de la part de ses acolytes criminels. Coyle
joue ainsi sur les deux tableaux en étant l'entremetteur pour fournir
les armes à un gang de braqueur de banque tout en négociant sa survie
avec le FBI. Peter Yates rend remarquablement justice à George V.
Higgins (tout comme le fera bien plus tard et dans un registre plus
ironique le très bon Cogan: Killing Them Softly (2012) seule
autre adaptation de l'auteur) par sa déglamourisation du monde criminel.
Les rencontres et deal se font dans les squares abandonnés, les
parkings de supermarchés et les bars les plus miteux. Les rapports et la
hiérarchie des malfrats se fait à travers le degré d'intimidation et
une place progressivement déployée sur l'échiquier criminel où chacun es
constamment le jouet d'un autre plus aguerris, expérimenté et
dangereux.
Coyle en impose ainsi le temps de quelques tirades viriles au
minable vendeur d'armes Jackie (Steven Keats) qui lui-même joue les
dure à cuire face à sa clientèle la plus minable (un couple de marginaux
en quête d'arme lourde et des voleurs minables). Coyle est quant à lui
dans ses petits souliers face aux braqueurs qu'il alimente en armes, ces
derniers s'avérant aussi pathétiques dans leur quotidien (l'entrevue
avec un acolyte louant un mobile-home avec une bimbo vulgaire) que dans
l'exécution de leurs métier avec une méthode (prendre en otage la
famille du directeur de banque pour le soumettre, argument réutilisé
d'ailleurs bien plus tard et en plus léger dans le Bandits
(2000) de Barry Levinson) manquant singulièrement de panache.
Tous et
plus particulièrement Coyle sont les jouets de haute sphères
manipulatrice qui remportent une mise bien plus ambitieuse, que ce soit
l'avancement pour l'agent Dave Foley ou la disparition de comparses trop
gourmand et imprévisible pour le fascinant personnage de Dillon (Peter
Boyle). Celui-ci est clairement inspiré de James "Whitey" Bulger par son
double jeu et sa dangerosité d'homme de main de la mafia.
L'interprétation glaçante de Peter Boyle tout comme l'aura dont
l'entoure Peter Yates le rendent sacrément menaçant sans qu'on l'ait vu
en action- si ce n'est de façon tout aussi abjecte que ses comparses durant l'épilogue .
Robert Mitchum traîne une carcasse fatiguée et arbore
une allure résignée qui semble le condamner dès le départ. Hormis
quelques scènes de braquage tendue et à la violence sèche, Peter Yates
déploie ainsi un polar urbain sinistre dans le Boston le plus crapoteux
possible baigné dans la photo autmanle et dépressive de Victor J. Kemper - seul le score groovy de Dave Grusin amène un semblant d'allant. Le final tragique attendu se montrera minable, sans emphase et
finalement poignant dans le destin du héros.
Sorti en BR et dvd zone 2 anglais chez Eureka et doté de sous-titres anglais
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