Au Texas, Richard Trevelyan est acquitté du meurtre de sa femme
Loraine lors d'un second procès car une femme du jury a refusé de le
déclarer coupable. Alors qu'elle est dans un bus en route pour se
reposer au ranch "Tumble Moon", l'actrice de théâtre Shelley Carnes
apprend l'histoire de Trevelyan, de nombreux passagers pensant que ce
riche propriétaire de ranch avait acheté sa liberté. En cherchant à se
réfugier, elle se dirige vers une maison où elle rencontre Trevelyan.
Lightning Strikes Twice
est un King Vidor atypique puisqu'il constitue une incursion inédite du
réalisateur dans le film noir. Cela se ressent d'autant plus que par sa
modestie, le film est une vraie anomalie dans cette période de Vidor,
coincé entre les romances tumultueuses et les épopées de Une romance américaine (1944), Duel au soleil (1946), Le Rebelle (1949), La Garce (1949) et La Furie du Désir (1953). L'ombre d'Hitchcock plane sur le scénario de Lenore J. Coffee. On pense d'abord à Rebecca
(1940) avec cette romance hanté par l'absence. L'actrice Shelley Carnes
en cure de repos croise la route de Richard Trevelyan (Richard Todd)
fraîchement acquitté du meurtre de sa femme grâce à un vice de forme.
Fuyant, agressive et victime de l'opprobre populaire au vu de ce passif,
Trevelyan trouble Shelley qui le pense innocent.
Toute la première
partie rend les apparitions de Trevelyan furtive, tout en étant
omniprésent tant il guide les interactions de Shelley avec les autres
protagonistes obnubilés par lui. Générant passions secrètes et
frustrations chez les femmes, jalousie chez les hommes et suspicions
chez tout le monde, Trevelyan magnétise le récit - avec comme dans Rebecca cette mainmise symbolisé par un tableau/portrait de lui. Par la suite à travers la romance on pensera plutôt à Soupçons
(1941) et une défiance entre les époux dont King Vidor joue avec la
présence imprévisible de Richard Todd dont la tendresse dissimule
toujours une tension latente.
Une des originalités du film est
d'user d'une imagerie très différente du modèle Hitchcockien. Nous
sommes dans un environnement de western (le film fut d'ailleurs tourné
dans le propre ranch de King Vidor à Paso Robles en Californie et des
grands espaces auxquels Vidor parvient à associer une atmosphère plus
gothique. L'arrivée nocturne de Shelley sous une pluie battante dans un
ranch désert est un moment assez saisissant, tout comme plus tard la
photo de Sid Hickox fait basculer un décor romantique de nuit de noces
en lieux de doute source de suspense.
Les extérieurs servent la passion
et le désir naissant dans le même esprit que Duel au Soleil, Le Rebelle et La Furie du désir
avec ce jeu entre le gigantisme et l'intime (le vertige physique et
amoureux qui amène le premier baiser sur une corniche montagneuse)
tandis que les intérieurs exprime l'angoisse. Le film patine
sérieusement quand vient l'heure des explications bien trop expédiées
quand à l'inverse l'introduction traînait en longueur. La désinvolture
de la résolution et le jeu approximatif des méchants dessert
complètement l'ensemble. Un Vidor mineur donc, mais singulier et pas
désagréable dans l'ensemble.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner
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