En 1765, à Arkham,
Joseph Curwen s'apprête à offrir une jeune femme à Yog-Sothoth afin qu'il se
reproduise. Il en est empêché par une foule qui l'immole. Avant de mourir, il
jure de revenir se venger. Dans les années 1870, Charles Dexter Ward et son
épouse, arrivent à Arkham pour prendre possession de l'héritage de son ancêtre
Curwen. Ward est fasciné par un portrait de son ancêtre et par leur
ressemblance.
La Malédiction d’Arkham
est le sixième film de la grande série d’adaptation d »Edgar Allan Poe par
Roger Corman, même si l’affaire est en pratique un peu plus compliquée. Le film
est supposé adapter le poème The Haunted
House de Poe, mais le script n’était pas encore abouti au moment de lancer
la production tandis que traînait dans les tiroirs des producteurs un traitement
du roman L’Affaire Charles Dexter Ward
de H.P. Lovecraft. Les vagues point communs entre les deux œuvres aboutiront
donc à un film inspiré de chacune, Corman y voyant un bon moyen de s’essayer à
un exercice différent.
La production ne l’entend pas de cette oreille et ne
souhaite surtout pas dépayser le spectateur qui a suivi les précédents films de
la série. On a donc un film dont la facture ne dépayse pas avec son atmosphère
gothique et l’interprétation de Vincent Price en châtelain malfaisant. L’introduction
qui amorce la malédiction ancestrale donne donc dans la tradition gothique (et
deux citations du poème de Poe histoire de) et ce qui relève de Lovecraft tient
moins du roman original que de divers éléments de son œuvre disséminé dans l’intrigue.
Corman opte pour le récit de possession classique pour Charles Dexter Ward par
son ancêtre Curwen (plu) mais conserve l’idée de résurrection démoniaque du
livre pour ses acolytes et son ancienne maîtresse. L’ambiguïté du roman qui ne
révélait que progressivement ces éléments disparait au profit de l’efficacité
de la série B ou tout sera explicite. Le mystère naît ainsi plutôt de l’atmosphère
où, bien que l’on y repasse sans doute un peu trop de fois, les décors tortueux
de Daniel Haller sont magnifiés par les jeux d’ombres de Floyd Crosby et les
effets de brumes cotonneux.
On déplorera quelques longueurs et le manque de finesse du
jeu de Vincent Price (pas plus rassurant quand il est censé être le « bon »
Charles Dexter Ward que quand il cède au « mauvais » Curwen) mais le
mariage entre les clichés du film gothiques (des productions Universal à leur
reprise plus outrée par la Hammer comme les villageois récalcitrants échappés d’un
Frankenstein) et des thèmes de Lovecraft fonctionne.
L’usage du Nécronomicon, l’appel
et la vision furtive d’une créature « d’outre-monde » distille une
frayeur plus étrange et insaisissable d’autant que Corman joue remarquablement
de son manque de moyen (le peu que l’on aperçoit de la créature fascine par la
grâce de la mise en image. Donc pas le meilleur film de la série (l’extraordinaire
Le Masque de la mort rouge arrive l’année suivante) mais un opus intéressant
qui parvient à tirer son épingle du jeu.
Daniel Haller qui réinvestira d'ailleurs l'univers de Lovecraft en tant que réalisateur avec d'amusants films de ciné bis. Sinon, toujours vu aucun film du cycle Poe/Corman (j'en avais pourtant enregistré sur VHS).
RépondreSupprimerPour bien commencer, "Le Masque de la mort rouge", "La Chute de la maison Usher" ça devrait le faire !
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