Lors du remariage de
Biju, sa mère, Marthe fait la connaissance d’un de ses cousins par alliance,
Ludovic. Tous deux sont mal mariés et se sentent immédiatement attirés l’un
vers l’autre. Ils profitent des différentes réunions de famille pour se
retrouver…
Deuxième film de Jean-Charles Tachella, Cousin cousine est un véritable phénomène du cinéma populaire
français des années 70. Tachella animé de velléités libertaires les avaient
exprimés de façon trop expérimentale dans son premier film Voyage en Grande Tartarie (1974). Il parviendra à les fondre dans
une forme plus accessible mais tout aussi grinçante. Il observe l’hypocrisie
bourgeoise ordinaire dans la France Giscardienne par le prisme de réunion de
familles où sous la jovialité se dissimule veulerie et hypocrisie diverses. La
scène d’ouverture voit ainsi des protagonistes se plaindre de se rendre à un
mariage un vendredi car c’est une journée de travail, plus tard un enterrement
en semaine verra chacun retourner à son boulot sans s’attarder. Tachella
observe cela dans le collectif mais aussi l’individualité révélant les petites
failles ordinaire : l’ennui et l’impatience manifestés en plein
enterrement, une bagarre pécuniaire qui interrompt les festivités de mariages,
une séance photo qui révèle les comportements inappropriés de chacun… Tous ces
maux sont tolérés tant qu’ils demeurent masqués sous une bienséance de
façade. Marthe (Marie-France Barrault)
et Ludovic (Victor Lanoux) cousins par alliance, seront victimes de cet état de
fait lorsqu’ils sont trompés par leurs conjoints respectifs, le coureur Pascal
(Guy Marchand) et la femme-enfant dépressive Karine (Marie-France Pisier).
Leur rencontre dans ce contexte sert à l’inverse de
déclencheur à leur amitié amoureuse, le lien se nouant symboliquement lors d’une
danse dans la salle vide de mariage soit quand toute la malveillance latente
est momentanément évaporée. La tromperie initiale dont ils ont été victimes les
autorise à un rapprochement au grand jour, d’abord platonique puis furieusement
charnelle. Tachella célèbre avant tout le « pas de côté » de son
couple face au conformisme ambiant. Ludovic fuit ainsi les contraintes d’une
profession qu’il change tous les trois ans et est interprété avec une
merveilleuse légèreté par Victor Lanoux. Marthe porte en germe cette insouciance
que va aviver Ludovic et Marie-Christine Barrault déploie une fraîcheur de tous
les instants, sa beauté s’épanouissant avec la liberté assumée croissante de
son personnage.
Le couple se dérobe aux conventions dans les moments
supposés contraignants avec des échappées belles et futiles où la journée de
travail ou les fameuses réunions familiales cèdent à une dégustation de pâtisserie,
des longueurs à la piscine… Les scènes amoureuses représentent un lâcher prise
enfantin euphorisant. La réponse est impossible pour les réflexes machos de Guy
Marchand (qui annonce le Claude Brasseur de Une Histoire simple de Claude Sautet (1978), tout aussi impuissant face à l’émancipation
féminin) ou les attitudes capricieuses de Marie-France Pisier. L’harmonie du
couple vampirise ainsi presque le propos vindicatif de Tachella où le plus
intéressant n’est plus la critique, mais la réponse des amants au conformisme
ambiant.
La conclusion est assez emblématique de ces élans libertaires 70’s où
l’accomplissement individuel peut nous faire tout abandonner (Marie-France Barrault
obtiendra néanmoins de courts mais émouvants adieux avec son fils) pour de
nouvelles aventures. Le film sera un immense succès en France (et un classique
des rediffusions télé des 80’s) et plus inattendu aux Etats-Unis (trois nominations
aux Oscars meilleur scénario, meilleure actrice et meilleur film étranger) où
il sera le plus grands succès hexagonal jusqu’à Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain (2001).
Sorti en bluray et dvd zone 2 français chez Gaumont
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