Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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dimanche 17 mars 2019

Cousin Cousine - Jean-Charles Tacchella (1975)


Lors du remariage de Biju, sa mère, Marthe fait la connaissance d’un de ses cousins par alliance, Ludovic. Tous deux sont mal mariés et se sentent immédiatement attirés l’un vers l’autre. Ils profitent des différentes réunions de famille pour se retrouver…

Deuxième film de Jean-Charles Tachella, Cousin cousine est un véritable phénomène du cinéma populaire français des années 70. Tachella animé de velléités libertaires les avaient exprimés de façon trop expérimentale dans son premier film Voyage en Grande Tartarie (1974). Il parviendra à les fondre dans une forme plus accessible mais tout aussi grinçante. Il observe l’hypocrisie bourgeoise ordinaire dans la France Giscardienne par le prisme de réunion de familles où sous la jovialité se dissimule veulerie et hypocrisie diverses. La scène d’ouverture voit ainsi des protagonistes se plaindre de se rendre à un mariage un vendredi car c’est une journée de travail, plus tard un enterrement en semaine verra chacun retourner à son boulot sans s’attarder. Tachella observe cela dans le collectif mais aussi l’individualité révélant les petites failles ordinaire : l’ennui et l’impatience manifestés en plein enterrement, une bagarre pécuniaire qui interrompt les festivités de mariages, une séance photo qui révèle les comportements inappropriés de chacun… Tous ces maux sont tolérés tant qu’ils demeurent masqués sous une bienséance de façade.  Marthe (Marie-France Barrault) et Ludovic (Victor Lanoux) cousins par alliance, seront victimes de cet état de fait lorsqu’ils sont trompés par leurs conjoints respectifs, le coureur Pascal (Guy Marchand) et la femme-enfant dépressive Karine (Marie-France Pisier).

Leur rencontre dans ce contexte sert à l’inverse de déclencheur à leur amitié amoureuse, le lien se nouant symboliquement lors d’une danse dans la salle vide de mariage soit quand toute la malveillance latente est momentanément évaporée. La tromperie initiale dont ils ont été victimes les autorise à un rapprochement au grand jour, d’abord platonique puis furieusement charnelle. Tachella célèbre avant tout le « pas de côté » de son couple face au conformisme ambiant. Ludovic fuit ainsi les contraintes d’une profession qu’il change tous les trois ans et est interprété avec une merveilleuse légèreté par Victor Lanoux. Marthe porte en germe cette insouciance que va aviver Ludovic et Marie-Christine Barrault déploie une fraîcheur de tous les instants, sa beauté s’épanouissant avec la liberté assumée croissante de son personnage.

Le couple se dérobe aux conventions dans les moments supposés contraignants avec des échappées belles et futiles où la journée de travail ou les fameuses réunions familiales cèdent à une dégustation de pâtisserie, des longueurs à la piscine… Les scènes amoureuses représentent un lâcher prise enfantin euphorisant. La réponse est impossible pour les réflexes machos de Guy Marchand (qui annonce le Claude Brasseur de Une Histoire simple de Claude Sautet (1978), tout aussi impuissant face à l’émancipation féminin) ou les attitudes capricieuses de Marie-France Pisier. L’harmonie du couple vampirise ainsi presque le propos vindicatif de Tachella où le plus intéressant n’est plus la critique, mais la réponse des amants au conformisme ambiant. 

La conclusion est assez emblématique de ces élans libertaires 70’s où l’accomplissement individuel peut nous faire tout abandonner (Marie-France Barrault obtiendra néanmoins de courts mais émouvants adieux avec son fils) pour de nouvelles aventures. Le film sera un immense succès en France (et un classique des rediffusions télé des 80’s) et plus inattendu aux Etats-Unis (trois nominations aux Oscars meilleur scénario, meilleure actrice et meilleur film étranger) où il sera le plus grands succès hexagonal jusqu’à Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain (2001).

Sorti en bluray et dvd zone 2 français chez Gaumont 

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