Un gardien de prison
corrompu est impliqué dans un complot visant à tuer un noir prônant la révolte
dans l'établissement.
On se souvient surtout de James B. Harris pour avoir été le
producteur de son ami Stanley Kubrick sur ses premiers films L’Ultime Razzia (1956), Les Sentiers de la gloire (1957) et Lolita (1962). Après la fin de son
association avec Kubrick, Harris passera à la réalisation avec certes une
moindre reconnaissance que son ami mais pour une filmographie rare et
singulière. Fast-Walking sort près de
dix ans après la précédente réalisation de Harris, Some call it loving, relecture moderne et étrange de La Belle au bois dormant qui fut un
échec commercial. Le film adapte un roman d’Ernest Brawley, ancien gardien de
prison. C’est donc cette expérience qui sert un récit pénitentiaire où l’on
suit Frank « Fast-Walking » Miniver (James Woods), maton pour le
moins corrompu. Fumeur de joint invétéré, rabatteur de travailleurs mexicains
vers le bordel tenu par sa belle-sœur, Miniver rêve du grand coup qui lui
permettra de caresser un rêve de retraite en Oregon bien loin de la fange dans
laquelle il vivote.
Le récit prend son temps pour dépeindre l’ambiance amorale,
que ce soit les business douteux en dehors de la prison ou la violence latente
dans cette dernière où se multiplie les assassinats sommaires. Le lien entre
ces deux mondes s’incarne avec Wasco (Tim McIntire), cousin de Miniver et
prisonnier « modèle » assigné à l’aide des gardiens. Lorsqu’il voudra
monter un réseau de drogue au sein de la prison, c’est tout naturellement qu’il
sollicite le concours de Miniver. James Woods trouve là son premier grand rôle
où il parvient à imprégner d’une touchante humanité ce personnage trouble.
Son
aspiration secrète distille une mentalité plus romantique qui va s’affirmer par
la rencontre avec la provocante Moke (Kay Lenz). La tension sexuelle entre les
personnages traduit le conflit moral qui les habite, toute la verve des
dialogues, des situations provocantes (la première rencontre est assez
mémorable) et du défi permanent entre trahissant des sentiments plus profonds.
Harris amène très joliment ces moments où se fend l’armure tel Moke presque
choquée par le baiser vraiment tendre que lui donne Miniver, où alors cette complicité
nocturne dans la tendresse et cette fameuse amoralité (une scène d’étreinte
cédant à un usage inattendu de la carabine).
Tous le film repose sur cette dualité, y compris le cadre de
la prison. Les deux prisonniers « vedettes » sont Wasco et Galliot
(Robert Hooks) un militant Black Panther. La tension raciale n’est qu’une toile
de fond (même si clairement ressentie) pour Harris, Wasco s’en servant pour ses
intérêts financier et Galliot usant lui-même de façon ambiguë de son capital
pour servir sa cause et future évasion. Les crimes « raciaux » (où un
prisonnier est balancé des étages de rambardes des cellules) servent donc des
projets tout autres et sont l’occasion de running gags tordant sur la direction
dépassée de la prison.
L’enjeu final n’est donc pas d’épouser une cause pour
Miniver, mais en tout cas de choisir l’option qui le rendra riche ET apte à
vivre pleinement sa romance avec Moke. C’est pourtant bien en courant ses deux
lièvres qu’il aura une fâcheuse surprise au final. James B. Harris fait preuve
d’une maîtrise exemplaire en plus de nous offrir un méchant mémorable avec un
Tim McIntire génial, tout en éloquence menaçante. Un polar sacrément original,
et l’association suivante entre James B. Harris et James Woods le sera tout
autant avec Cop (1988), adaptation
infidèle mais percutante de James Ellroy.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner
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