Durant la Seconde
Guerre mondiale, le commandant Matsuo participe à l'ensevelissement de
plusieurs milliers de pièces d'or dans la jungle philippine. Alors qu'il
pensait ce trésor enfoui à tout jamais, voilà qu'un riche homme d'affaires,
Mitsura Gunji, lui propose de partir à la recherche du butin. Contraint
d'accepter, Matsuo retourne aux Philippines accompagné de quatre hommes
recrutés par Gunji…
L’héritage des
500 000 est l’unique long-métrage réalisé par le grand Toshiro Mifune
qui endosse également les casquettes d’acteur et producteur. La Toho va lui
allouer des moyens conséquents avec un tournage aux Philippines, tandis que la
tutelle du mentor et partenaire Akira Kurosawa plane sur le film. On retrouve
en effet dans l’équipe plusieurs collaborateurs privilégiés de Kurosawa comme
le scénariste Ryuzo Kikushima, le compositeur Masaru Satō ou encore le
directeur photo Takao Saitō - tandis que
Kurosawa en personne vient donner un coup de main au montage. Le film est
également un savant mélange des élans picaresques, de l’ironie et de
l’humanisme de Kurosawa mais Mifune parvient à s’en affranchir en lui donnant
une vraie identité.
On a au départ un postulat de film d’aventures à travers une
chasse au trésor constitué d’un chargement d’or perdu par l’armée japonaise au
cours de la Deuxième Guerre Mondiale. Toshiro Mifune incarne un soldat embarqué
malgré lui par des commanditaires cyniques car, ancien commandant durant la
campagne philippine 20 ans plus tôt, il est le seul capable de retrouver le
butin dans la tortueuse jungle. Le nationalisme fanatique qui animaient les
soldats japonais en ces lieux a désormais laissé place à une obsession plus
contemporaine mais tout aussi néfaste avec la profonde avidité qu’attise cet
or. On découvre ainsi les tristes sires servant de compagnons de route à
Mifune, prêts à toutes les bassesses
pour parvenir à leurs fins. Au contact du vétéran qui tout en les
manipulant parvient à raviver leur humanité, chacun s’éveille cependant
progressivement à une forme de conscience au fil d’une première partie
introspective et à rebours des grands espaces traversés. Les intentions nobles
de Mifune (rendre le trésor aux familles des soldats défunts) se heurtent ainsi
au cynisme ébranlé de ses comparses.
Les péripéties finalement minimalistes privilégient donc la
notion de voyage intérieur où entre le soldat conditionné et l’aventurier sans
scrupules doit ressortir de cette jungle des êtres ayant retrouvés leurs âmes.
Dans cette idée le climax émotionnel du film intervient peu avant sa réelle
conclusion, avec pour enjeu le retour penaud de compagnons ayant fuis avec le
butin avant de s’en repentir. Bien équilibré entre élans contemplatifs et
accélérations inhérentes au genre (poursuites, combats, descentes de rapides en
radeau), le film bénéficie d’une facture technique de grande qualité.
La beauté
des paysages philippins comme la moiteur de la jungle sont filmés avec une
belle ampleur et inspiration (la photo de Takao Saitō est vraiment somptueuse). On peut
supposer que les déboires de tournage de Barberousse
– forcé de garder sa barbe durant les deux ans de la production à rallonge du
film, Mifune met sa société de production en difficulté financière ce qui
causera une brouille avec Kurosawa – aient peut être empêché Mifune de repasser
à la mise en scène malgré cette belle réussite. Cela fait de L’héritage des 500 000 une œuvre
d’autant plus précieuse.
Ressortira en salle le 3 avril
Ressortira en salle le 3 avril
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