Zhao Li dirige une
troupe d’opéra traditionnel Sichuan qui vit et joue ensemble dans la banlieue
de Chengdu. Quand elle reçoit un avis de démolition pour son théâtre, Zhao Li
le cache aux autres membres de la compagnie et décide de se battre pour trouver
un nouveau lieu, où ils pourront tous continuer de vivre et chanter. S’engage
alors une lutte pour la survie de leur art.
La galopante ascension économique de la Chine contemporaine
questionne à divers degrés la place des traditions culturelles ancestrales dans
cette modernité. Vivre et chanter
aborde le sujet à travers l’opéra Sichuan, versant artistique populaire par sa
dimension ludique mêlant comique et acrobatie. A l’origine du film, on trouve
un documentaire diffusé à la télévision chinoise en 2006 et qui narrait
l’expulsion d’une troupe d’opéra Sichuan de leur quartier situé dans la
banlieue de Chengdu. Cette œuvre va profondément toucher la productrice Jing
Wang, elle-même fille de comédiens, et la décider à en faire une fiction afin
de diffuser cette histoire au plus grand nombre.
Lorsque le réalisateur Johnny
Ma s’engagera sur le projet, la force du documentaire initial le frappe tout
autant et il décidera d’y coller au plus près sur de nombreux aspects. Il
choisit de faire jouer la vraie troupe dans son film et de tourner à l’ancien
emplacement du théâtre reconstruit dans le quartier aujourd’hui à l’abandon. Si
faire rejouer leur propre histoire aux intéressés n’est pas toujours gage de
réussite (Clint Eastwood pourra en témoigner), l’approche de Johnny Ma est plus
subtile que la simple reconstitution. Une longue préparation en amont avec la
troupe a été menée pour conserver leur naturel face à la caméra et des
représentations gratuites pour la population du quartier leur ont permis de
revivre les ambiances d’antan.
Dès lors, la caméra de Johnny Ma arpente avec une grande
vérité le quotidien de la troupe, entre spectacles (l’ouverture se fait sur Les Amants Papillons, connu chez nous
grâce à The Lovers de Tsui Hark),
joyeuses camaraderies et petites disputes. Le bruit des bulldozers détruisant
les demeures alentours fait pourtant planer la menace de la fermeture imminente
du théâtre. La patronne Zhao Li affronte ainsi le désintérêt des autorités pour
cette tradition, celle de la population où les vieillards sont les spectateurs
les plus fidèles, et celle de sa troupe lassée par une existence précaire et
des gains de plus en plus minces. Tout cela se concentre dans le personnage de
la nièce Dan Dan, jeune femme attachée au théâtre mais rêvant d’ailleurs même
s’il est artificiel. La tradition semble souillée par la logique économique
tentatrice qui la détourne à travers des éléments du Sichuan recyclés dans la
distraction des clients de restaurants. C’est un art désuet qui semble ne plus
avoir sa place sous sa forme classique dans cette Chine moderne qui oublie si
vite.
Johnny Ma apporte la vraie touche de fiction par les
éléments surréalistes qu’il insère dans l’histoire. Les apparitions étranges
d’un vieillard en costume traditionnel révèlent à Zhao Li les faiblesses de son
entourage mais inscrivent aussi cette magie disparue dans la réalité. Le
réalisateur définit la passion de ces personnages pour le Sichuan dans une
vérité inspirée du documentaire original, où la passion de jouer persiste malgré
le dénuement ambiant – le poignant discours de Zhao Li lors de la
représentation de la dernière chance.
D’un autre côté s’illustre la nature mythologique des grands classiques populaires joués et la manière dont les artistes la ressentent quand ils jouent. Les barrières du réel s’estompent alors pour nous émerveiller dans un pur ballet sensoriel, bariolé et psychanalytique. La magnifique dernière scène va encore plus loin en faisant surgir ces éléments magiques dans l’urbanité sinistrée, l’absence des murs étant transcendée par le plaisir éternel de chanter, danser et s’émerveiller de cette culture populaire.
En salle
D’un autre côté s’illustre la nature mythologique des grands classiques populaires joués et la manière dont les artistes la ressentent quand ils jouent. Les barrières du réel s’estompent alors pour nous émerveiller dans un pur ballet sensoriel, bariolé et psychanalytique. La magnifique dernière scène va encore plus loin en faisant surgir ces éléments magiques dans l’urbanité sinistrée, l’absence des murs étant transcendée par le plaisir éternel de chanter, danser et s’émerveiller de cette culture populaire.
En salle
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