Le pilote de course
Larry et son mécanicien Deke réussissent de manière astucieuse à voler la
recette d'un supermarché, soit $150 000, afin de pouvoir financer leur entrée
dans un circuit international de course automobile. Obligés d'emmener Mary
Coombs, une rencontre d'un soir de Larry qui a été témoin du vol, ils
parviennent à passer à travers tous les barrages que les policiers mettent sur
leur route. Le capitaine Franklin, qui dirige l'opération, commence à en faire
une affaire personnelle et tente de les arrêter par tous les moyens possibles.
Le sous-genre du road-movie tel qu’on le définit aujourd’hui
trouva sa forme définitive avec la screwball comedy New York Miami (1934) avec ce principe de rapprochement amoureux
sur fond de périple à travers les Etats-Unis pour le couple Claudette Colbert/ Clark Gable. Un Preston Sturges usera également du voyage impromptu pour
lier Joel McCrea et Veronica Lake dans l’excellent Les Voyages de Sullivan (1941). A la fin des 60’s, l’éclosion du
culte de la jeunesse et la naissance de la contre-culture donne un tour
différent au road-movie. Parcourir les routes n’est plus un simple argument
narratif débouchant sur autre chose mais le principe même de l’intrigue où le
voyage est une fin en soi et une manière d’exprimer sa soif de liberté.
Ce sera
bien évidemment les
motards de Easy Rider (1969) auxquels
emboiteront le pas d’autres rebelles motorisés dans les années 70. On pense
entre autre au génial Vanishing Point
(1971) de Richard C. Sarafian où le pilote Kowalski défie les forces de police au
volant de sa Dodge Challenger blanche
pour de nébuleuses raison ou l’excellent Sugarland
Express (1974) de Steven Spielberg et sa reconstruction de la cellule
familiale sur fond de pneus crissés. Quentin Tarantino rendra un splendide
hommage à ce type de films dans son Boulevard de la Mort (2007) où réapparaît d’ailleurs
la fameuse Dodge Charger blanche.
Dirty Mary, Crazy
Larry est également une sacrée référence pour Tarantino. L’ode à la liberté
et à la rébellion y demeure mais dans dimension plus légère et moins « politisée »
ou du moins sociale que les œuvres précitées pour ce qui est une vraie comédie.
Le film revient en fait paradoxalement à sa manière aux préceptes de la
screwball comedy avec les kilomètres avalés comme prétexte à voir des amoureux s’aimer
et se chamailler, le tout revu et corrigé à la sauce débraillée et white trash
typique de l’époque.
Le charme du film repose
donc en grande partie sur le couple explosif Peter Fonda/Susan George dont la
passion ne semble s’épanouir qu’à travers les bagarres, griffures et engueulades
dantesques. Peter Fonda ne manque pas d'allure en gros goujat fou du volant et
Susan George ne s’en laisse pas compter, une vraie teigne sexy et attachante déambulant
en jean moulant et petit débardeur. Adam Roarke apporte un certain équilibre à
l’hystérie ambiante en troisième larron plus taciturne tandis que Vic Morrow
est un antagoniste parfait dans ce rôle de sheriff hargneux.
Tout cela est prétexte à de furieuses séquences de poursuites
en voitures, impressionnantes, remarquablement filmées et inventives (la
poursuite voiture/hélicoptère entre autre) pour un festival de tôle froissée où Peter Fonda donne de sa personne puisqu’on le
distingue nettement au volant lors de nombreuses cascades. Le tout dégage une
sacrée bonne humeur estompée par un brutal
retour sur terre en conclusion venant nous rappeler la décennie désenchantée dans
laquelle s’inscrit le film.
Le charme de Larry le dingue, Mary la garce repose
grandement sur la candeur et la naïveté par lesquels s’expriment ce sentiment
de liberté et en fait un objet bien plus touchant que les pitreries à succès
(et néanmoins divertissante) qui feront la gloire et la déchéance d’un Burt
Reynolds avec des Cours-après moi sheriff
et autre Cannonball…
Sorti en dvd zone 1 chez Anchor Bay dans une belle édition collector mais sans sous-titres
Excellent film, dont j'avais dit quelque bien ici : http://ilaose.blogspot.com/2013/06/dirty-mary-crazy-larry.html
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