Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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vendredi 6 septembre 2013

Génération Proteus - Demon Seed, Donald Cammell (1977)


La maison du couple Alex et Susan Harris, informaticien et psychologue pour enfants, est entièrement automatisée grâce à un système informatique. Il espère résoudre la plupart des problèmes médicaux dans le monde grâce à leur travail en commun, notamment la leucémie dont leur fille est morte. Leurs derniers projets se nomme Proteus IV ; un ordinateur possédant l'intelligence artificielle.

Près de huit ans après le déroutant Performance (1968), l'ancienne coqueluche du Swinging London Donald Cammel réalisait enfin son second film avec ce Demon Seed. Cammel s'était fait quelque peu vampiriser son premier par Nicolas Roeg au départ simplement supposé l'assister à la mise en scène mais qui finalement imposait déjà sa patte singulière et fit bien du chemin par la suite. Génération Proteus permet donc à Cammel maîtrisant désormais mieux l'outil cinématographique de signer une œuvre plus personnelle avec cette adaptation d'un roman de Dean Koontz. Le film s'avère précurseur dans sa thématique traitant de l'intelligence artificielle et hormis la taille imposante de l'ordinateur Proteus, l'ensemble n'a finalement pas vieilli tant le traitement entre le Répulsion de Polanski et 2001 : l'Odyssée de l'espace s'avère original.

Alex Harris (Fritz Weaver) est en passe d'achever le projet d'une vie avec le lancement de Proteus, un ordinateur possédant intelligence artificielle et vraie conscience, capable de prouesses extraordinaires. Cette énergie dédiée aux machines l'a progressivement éloigné de son épouse Susan (Julie Christie) dont il est en train de se séparer, ce fossé entre eux se symbolisant par leur demeure futuriste entièrement automatisée où tous les gestes quotidien s’exécutent par un ordre vocal. Problème Proteus s'avère trop abouti et dans son pragmatisme synthétique va s'apercevoir de l'imperfection de ses créateurs à travers les tâches discutables qu'ils lui commandent et également prendre conscience de ses limites de machine désincarnée et car sans enveloppe corporelle. Proteus se verra refuser l'autonomie qu'il désire et va donc prendre le pouvoir en trouvant un "terminal" par lequel s'échapper à savoir la demeure futuriste de Harris où il va séquestrer Susan.

Le film s'avère paradoxalement plus efficace aujourd'hui du fait des prouesses (au départ en tout cas) bien plus crédibles désormais et moins invraisemblables qu'au moment de la sortie. Le système de sécurité automatisé, la maison truffée de gadgets, tout cela s'avère bien plus concret maintenant à l'aune des avancées technologiques récentes et du coup le malaise sera d'autant grand quand une intelligence artificielle va en user à des fins personnelles. On a beaucoup comparé Proteus au Hal de 2001 mais quand l'entité du film de Kubrick manifeste sa conscience et un semblant d'humanité par un dérèglement /coup de folie, Proteus l'exprime lui par une froide détermination et un objectif précis.

Il veut allier son savoir infini à une enveloppe charnelle et va donc chercher à faire un enfant à Julie Christie puis s'incarner dans le corps du nourrisson. Cammel allie à merveille froideur et émotion dans sa mise en scène, adoptant un point de vue omniscient et distant avec les visions subjectives de Proteus tandis que la peur et la paranoïa s'expriment à travers le regard de Julie Christie exposée à un ennemi insaisissable. L'actrice seule à l'écran pendant près d'une heure livre une impressionnante prestation, se mettant à nu progressivement au fil d'une situation sans issue et le script malin lui laissant l'espace pour s'exprimer avec les démonstrations de puissance graduelles de Proteus.

Cammel crée des images réellement fascinantes, que ce soit l'entité physique de losange métallique que se crée Proteus, les visionnaires manipulations de la réalité de celui-ci et la bascule totalement onirique que prend la dernière partie. La scène d'insémination offre ainsi un moment psychédélique lorgnant à nouveau sur 2001 et sa séquence de la Porte des étoiles, nous faisant pénétrer cette conscience toute puissante de Proteus.

L'alliance d'émotion et de froideur joue d'ailleurs aussi pour Proteus grâce au doublage subtil de Robert Vaughn, arrivant à faire déraper le ton monocorde robotique et faire de cette machine un vrai être vivant (le côté voyeur et quelques situations troubles faisant presque se demander si Proteus n'est pas amoureux de Susan) tout en l'élevant à un niveau de réflexion l'éloignant de l'humanité. Le score glacial et lorgnant sur la musique concrète de Jerry Fielding ajoute encore à cette atmosphère étrange. Finalement le kitsch ne pointe que sur la toute fin, mais celle-ci est si stupéfiante que l'on quitte le film aussi frustré que captivé tant l'histoire pourrait se prolonger dans des directions passionnantes. Une grande réussite.

Sorti en dvd zone 1 Warner et doté de sous-titres français
 

2 commentaires:

  1. J'attends le dvd, je lirais ton article après car je veux le découvrir avec un regard presque vierge, même si j'ai lu sur IMDb que le réalisateur ne voulait pas faire un thriller horrifique à la base et que c'est le studio qui a fait un re-montage !! Dingue.

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  2. J'avais 16 ans à l'époque et c'est un des films de SF qui m'a le plus marqué avec 2001.C'est vrai que le comportement de Proteus rappelle un peu celui de Hal, à la différence que lui n'est pas fou (manipulé?).Julie Christie quant à elle est excellente...Un must have pour tout cinéphile!

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