Un léopard s'échappe lors d'un numéro
de cabaret. Alors que la police le recherche, une jeune femme est
retrouvée morte, vraisemblablement attaquée par l'animal. Les recherches
se poursuivent, et d'autres attaques surviennent. Contrairement aux
enquêteurs, Jerry Manning pense que l'animal n'est pas responsable, mais
qu'un déséquilibré profite de l'occasion pour commettre des crimes...
Après l'immense succès de La Féline (1942), Jacques Tourneur et son producteur Val Newton décidaient dès l'année suivante de reproduire la formule fait de mystère et de suggestion dans deux autres productions. L'une d'elles donnera un nouveau classique avec Vaudou ajoutant cadre exotique et magie noire à l'équation et donc ce The Leopard Man plus modeste mais pas inintéressant. Le problème du film est qu'il n'a ni l'originalité et ni double niveau de lecture de La Féline (où le surnaturel se mêlait à une réflexion sous-jacente sur la peur du sexe) et ne propose pas un environnement aussi chargé d'angoisse que Haïti telle que dépeinte dans Vaudou. Ne reste donc que la virtuosité de Tourneur à la mise en scène, ce qui est déjà beaucoup mais en fait le film le plus faible des trois car décalquant sans valeur ajoutée dans une pure volonté de producteur.
Passé
ce point de départ où un léopard s'échappe et sème la terreur dans une
ville du Nouveau Mexique, on sera autant subjugué et tremblant devant
les moments de suspense qu'indifférent face au semblant d'intrigue
(adapté d'un roman de Cornell Woolrich que Truffaut adapta deux fois
avec La mariée était en noir et La Sirène du Mississippi ou encore Hitchcock pour Fenêtre sur cour)
les reliant entre eux. Malgré présence du charismatique Dennis O'Keefe,
la rivalité dans le monde du spectacle provoquant le drame ou encore le
rapprochement et la romance avec Jean Brooks en résultant ne suffisent
pas à réellement captiver.
Atmosphère nocturne inquiétante, jeu d'ombre
saisissant et ambiguïté de tous les instants (les assauts brutaux
n'étant donc pas forcément du au léopard...), Tourneur déploie une
maestria réjouissante pour nous glacer les sangs dès que la tension
s'amorce. La mort de la première victime est un modèle du genre avec
cette bande-son ne laissant poindre que les bruits naturels de ce cadre
désertique, faisant surgir l'indicible des ténèbres comme dans un
cauchemar avec les yeux du félin que l’on n’est pas certain d'avoir vu
et le tout s'achève sur une note macabre avec ce filet de sang se
glissant sous une porte.
Un moment fabuleux qui ne sera jamais
complètement égalé par la suite, les séquences s'arrêtant toujours avant
l'explosion finale mais où l'on savourera toujours l'approche de
Tourneur et le montage remarquable de Mark Robson. Et le réalisateur
demeure un maître pour poser une ambiance lourde avec un rien tel cette
rencontre amoureuse dans un cimetière qui prend un tour bien plus
inquiétant voir ce final trop court où le tueur se cache dans la
procession cagoulée dans une scène d'une belle étrangeté. Pas
inoubliable donc mais un film qui se savoure pour ses fulgurances
particulièrement bien troussées.
Sorti en dvd zone 2 français aux Editions Montparnasse dans la collection RKO
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