Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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samedi 28 septembre 2013

Harcelée! - Osou!, Yasuharu Hasebe (1978)

Kumiko, pervenche de son état, est amoureuse de Tamura, le chef de service de son commissariat. Mais Tamura, homme à femmes, lui préfère ses collègues secrétaires. Terriblement frustrée, Kumiko finit par être harcelée par ses propres fantasmes : chaque fois qu'elle pense à Tamura, elle s'imagine en train d'être sauvagement agressée par un violeur invisible. Jusqu'au jour où elle est victime d'un viol bien réel. Tamura mène l'enquête, et c'est l'occasion rêvée pour Kumiko de se rapprocher de lui.

Harcelée est un objet sulfureux et trouble typique du Pinku Eiga, où le machisme se dispute au féminisme dans un postulat surprenant. Asami Ogawa y incarne Kumiko une jeune pervenche soudainement harcelée par un homme étrange surgissant à tout moment dans son quotidien pour la violer selon un rituel bien sadique à base de bâillon et menottes. Le trouble naît peu à peu par la double lecture qu’offre le scénario puisque le début du film nous aura montré l’héroïne comme sexuellement frustrée et incapable d’avouer ses sentiments à un collègue.

Dès lors, fantasme et véritables agressions sexuelles se confondent en maintenant le doute sur la nature réelle des viols, peut-être issus de l’imagination de Kumiko. Hasebe les filme dans toute leur brutalité étouffante dans un premier temps, en dissimulant une partie de l’acte à l’écran (en jouant sur les ombres, les silhouettes…) avant d’en faire de vrais manifestes de fétichisme de plus en plus sensuels. 

La notion de point de vue se fait alors floue, donnant au film une patine de thriller et de giallo avec quelques gimmick typiques tel cette caméra portée, les mains gantées de l’agresseur et les accords de Beethoven envahissant la bande son lors de ses apparitions. 

Dans cette dimension rêvée, on est autant dans le fantasme masculin révoltant (on connaît la fascination étrange pour le viol des japonais que l’on retrouve parfois avec une légèreté assez impensable dans d’autres Pinku Eiga et notamment chez Hasebe dont c'est une thématique récurrente) que dans l’éveil au désir d’un personnage féminin qui ne parvient à se libérer qu’en allant vers l’extrême et s’imaginant victime de sévices. La nature quasi omnisciente du violeur (apparaissant à tout moment dans le quotidien de Kumiko) fait plutôt pencher pour la seconde solution sans pour autant ôter l’ambiguïté de l’ensemble.

Kumiko, d’abord victime, finit par entretenir une étrange complicité avec son violeur réel ou imaginaire (dont on ne verra jamais le visage), en attente de ses apparitions. Asami Ogawa offre une prestation absolument fascinante, sa fragilité se parant peu à peu d’une assurance sûre de son désir. Entre le Polanski de Répulsion et le De Palma de Body Double, Harcelée impose une ambiance venimeuse. 

Sorti en dvd zone 2 français chez Wild Sid

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