Harcelée est un objet sulfureux et trouble typique du Pinku Eiga, où le machisme se dispute au féminisme dans un postulat surprenant. Asami Ogawa y incarne Kumiko une jeune pervenche soudainement harcelée par un homme étrange surgissant à tout moment dans son quotidien pour la violer selon un rituel bien sadique à base de bâillon et menottes. Le trouble naît peu à peu par la double lecture qu’offre le scénario puisque le début du film nous aura montré l’héroïne comme sexuellement frustrée et incapable d’avouer ses sentiments à un collègue.
Dès lors, fantasme et véritables agressions sexuelles se confondent
en maintenant le doute sur la nature réelle des viols, peut-être issus de
l’imagination de Kumiko. Hasebe les filme dans toute leur brutalité étouffante
dans un premier temps, en dissimulant une partie de l’acte à l’écran (en jouant
sur les ombres, les silhouettes…) avant d’en faire de vrais manifestes de
fétichisme de plus en plus sensuels.
La notion de point de vue se fait alors
floue, donnant au film une patine de thriller et de giallo avec quelques
gimmick typiques tel cette caméra portée, les mains gantées de l’agresseur et les
accords de Beethoven envahissant la bande son lors de ses apparitions.
Dans
cette dimension rêvée, on est autant dans le fantasme masculin révoltant (on
connaît la fascination étrange pour le viol des japonais que l’on retrouve parfois
avec une légèreté assez impensable dans d’autres Pinku Eiga et notamment chez Hasebe dont c'est une thématique récurrente) que dans l’éveil
au désir d’un personnage féminin qui ne parvient à se libérer qu’en allant vers
l’extrême et s’imaginant victime de sévices. La nature quasi omnisciente du
violeur (apparaissant à tout moment dans le quotidien de Kumiko) fait plutôt
pencher pour la seconde solution sans pour autant ôter l’ambiguïté de l’ensemble.
Kumiko, d’abord victime, finit par entretenir une étrange
complicité avec son violeur réel ou imaginaire (dont on ne verra jamais le
visage), en attente de ses apparitions. Asami Ogawa offre une prestation
absolument fascinante, sa fragilité se parant peu à peu d’une assurance sûre de
son désir. Entre le Polanski de Répulsion et le De Palma de Body
Double, Harcelée impose une ambiance venimeuse.
Sorti en dvd zone 2 français chez Wild Sid
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