Keith est un adolescent artiste qui est
amoureux de la plus belle fille du lycée. Lorsque celle-ci rompt avec
son petit ami, il tente sa chance grâce à l'aide de sa meilleure amie,
Watts, qui est, quant à elle, amoureuse de Keith.
John Hughes avait en partie fait ses adieux à son genre de prédilection, le teen movie, en 1986 avec un ultime classique La Folle Journée de Ferris Bueller et une très attachante production, Rose Bonbon réalisé par Howard Deutch. C'est à nouveau à ce dernier qu'il confie ce Some kind of wonderful
dont il signe le scénario. Si l'on retrouve nombre de thèmes fétiches
de Hughes sur le mal-être adolescent et la récurrence de certaines
situations (notamment la grande scène de confession finale) le film est
loin d'être une redite. John Hughes avait sur scruter les troubles de
l'adolescence en jouant sur les clichés lycéens, faisant de ses
personnages des archétypes amené à se révéler et à vraiment exister quel
que soit l'image où ils étaient enfermés. Il avait poussé cette idée
jusqu'à l'épure parfaite dans le conceptuel Breakfast Club (1985) n'avait raté le coche qu'une seule fois avec Une Créature de rêve (1985).
Hughes
adopte un nouvel angle ici en faisant reposer l'antagonisme lycéen sur
le conflit social. Keith (Eric Stolz) est un jeune adolescent féru d'art
et amoureux d'Amanda (Lea Thompson) plus belle fille de l'école qui
fraye avec les lycéens les plus nantis. Elle est donc inaccessible pour
Keith à la fois à cause de son caractère timide et introverti mais aussi
de sa condition modeste ne lui permettant pas l'étalage de frime
(belles voitures, cadeaux luxueux) qui peut encore épater une fille de
cet âge. Keith se cherche ainsi à la fois sentimentalement mais aussi de
façon plus large quant à son avenir avec son père le harcelant pour
qu'il poursuive les études sérieuses auxquelles il n'a pas eu accès
alors que lui rêve d'école d'art. Il est rejoint dans sa marginalité par
sa meilleure amie Watts (Mary Stuart Masterson), secrètement amoureuse
de lui mais tout aussi complexée. Lorsqu’Amanda va rompre avec son
détestable petit ami Hardy (Craig Sheffer), Keith va tenter sa chance et
se confronter aux clivages sociaux du lycée.
Même s'il parfois
de sa subtilité habituelle (Hardy cliché du gosse de riche arrogant, les
gros durs du lycée finalement des tendres au grand cœur), Hughes
renouvelle pas mal son approche avec cet angle social. Le lycée reste ce
lieu de faux-semblant où l'on se cache derrière un masque mais ceux-ci
sont moins voyants. Keith n'est pas un nerd quelconque juste un
adolescent rêveur qui a du mal à trouver sa place et c'est cette simple
discrétion et son milieu modeste qui semble l'exclure du champ d'Amanda.
Celle-ci est issue du même milieu mais voit dans sa beauté un moyen
d'attirer les garçons riches, et par conséquent de nouer amitié avec les
filles de cette même souche. La romance entre Keith et Amanda ne semble
donc que reposer sur des faux-semblants, le film étant volontairement
frustrant en limitant toute interaction et alchimie possible pour le
couple.
Et pour cause, toutes les rencontres ont lieu au lycée, à la vue
de tous et il convient d'y conserver son masque. Keith amoureux et
volontaire va peu à peu perdre ses illusions tandis qu'Amanda sera
toujours fuyante, guettant le regard de désapprobation de ses "amies".
Un certain cliché perdurera aussi dans la réaction des entourages, Keith
devenant la fierté de tous les laissés pour compte du lycée pour avoir
séduit Amanda tandis que ce rapprochement est insupportable pour les
nantis. L'attachant personnage de la petite sœur (Maddie Corman)
rééquilibre heureusement cela, fière et profitant de la nouvelle
popularité de son frère mais prête compréhensive quand elle verra qu'il
est manipulé.
Eric Stolz est parfait en héros candide et lunaire
mais c'est véritablement Mary Stuart Masterton en amoureuse frustrée qui
emporte le morceau. Visage poupin, allure androgyne et attitude gauche
est touchante de bout en bout (la scène où elle entraîne Keith à
embrasser), rendant poignante la dernière partie où elle doit servir de
chauffeur à Keith et Amanda. Une nouvelle fois, l'isolation, l'absence
de l'inquisition des camarades permet de se libérer et offrira une belle
scène de confession dont Hughes a le secret. Les facilités qui ont
précédés s'estompent en renvoyant les deux amoureux dos à dos, chacun
ayant voulu profiter de l'autre (pour une vengeance amoureuse ou comme
trophée à arborer) à sa manière.
L'épilogue se fait plus intimiste
dans une jolie scène de rendez-vous dont l'issue ne cèdera pas à la
facilité dans le couple final formé. Le film corrige ainsi une des
grandes injustices de Rose Bonbon où Molly Ringwald avait imposé un
final différent du scénario initial (là aussi comportant un triangle
amoureux) car elle trouvait un de ses partenaire plus beau. La
conclusion n'en est que plus belle et offre un prolongement logique à la progression des personnages amenés à s'unir ou au contraire apprendre à être seuls. En dépit de quelques facilités,
une jolie réussite même si elle n'égale pas les propres réalisations de
John Hughes.
Sorti en dvd zone 2 français chez Paramount
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