À 30 ans, Charles
Bellanger décide de mettre en pension son jeune fils Maurice. Le même jour, son
épouse Germaine lui apprend qu'elle abandonne le domicile conjugal pour vivre
avec un autre homme. Charles se ravise et décide de prendre lui-même en charge
l'éducation de son fils. Vingt ans après, père et fils sont toujours très unis,
mais Charles envisage de donner plus d'indépendance à Maurice en vivant
désormais dans des habitations séparées. Il reçoit aussi les conseils et
remontrances de Loulou, l'amie de son fils. Il réalise grâce à elle qu'il a
induit chez son fils une trop grande méfiance vis-à-vis des femmes. Le même
jour, Germaine, qui n'avait pas donné de nouvelles depuis vingt ans, revient le
voir et tente de se réconcilier avec lui.
Mon père avait raison
s’inscrit dans la série des quatre films à succès réalisés en 1936 et qui après
quelques tâtonnements installèrent Sacha Guitry au cinéma : Le Nouveau Testament, Le Roman d’un tricheur, Faisons un rêve et donc Mon père avait raison. Le plus réussi du
lot et qui constitue pour beaucoup le chef d’œuvre de Guitry est certainement Le Roman d’un tricheur. Narration
audacieuse, mise en scène alerte et inventive et humour mordant, ce film se
différenciait des autres car il n’adaptait pas une pièce de Guitry mais un de
ses romans. C’est ce qui explique sa liberté de ton et son côté novateur (ce fut
notamment un des modèles de Scorsese pour Les Affranchis (1990)) car assujetti du respect du texte alors que les autres
films aussi agréables soient-ils souffraient d’un côté théâtre filmé avec le
verbe passant avant la mise en scène (décor souvent unique, plan d’ensemble et
champ contre champ résumant presque la grammaire filmiques de ses premières œuvres).
Mon père avait raison est certainement
celui qui a le plus à en souffrir malgré son postulat intéressant.
L’histoire rejoue une comédie de cynisme masculin entre
trois générations. Charles Bellanger (Sacha Guitry) est un père de famille qui
s’apprête à envoyer son jeune fils Maurice en pension afin de l’endurcir. Ces
desseins se voient bouleversés quand le même jour son épouse quitte le domicile
conjugal. L’éducation de son fils se fera donc à l’aune de ce drame et Charles
sans le savoir fera de lui une sorte de double rajeuni de son propre père (Adolphe
Bellanger) séducteur cynique et sans attache jusqu’à un âge avancé. Désormais
trentenaire, Maurice vit toujours avec son père et collectionne les conquêtes,
fuyant même les vrais sentiments qu’il éprouve pour sa petite amie du moment,
Loulou (Jacqueline Delubac). Le retour inopiné de l’épouse/mère (Betty
Daussmond) disparue depuis vingt ans va remettre
cette situation en cause.
On savoure le brio des dialogues, notamment les
retrouvailles entre Charles et son épouse en quête de rachat et l’échange
illustre avec brio le mélange de rancœur, regret et sentiments pas tout à fait
éteint du couple. A cela s’oppose la fraîcheur de Jacqueline Delubac, jeune
amoureuse prête à tout pour dérider son homme et la scène entre elle et Guitry
constitue un pendant plus naïf et positif de l’image du couple. Guitry pose un regard aussi attachant sur l’homme mûr revenu de
tout que le jeune homme qui se doit d’avoir ce regard candide, cet amour fougueux.
Plaisant donc, mais terriblement statique et un peu longuet du fait de cette
réalisation sans idée et se contentant d’illustrer la pièce. Il faudrait
attendre les œuvres suivantes pour que le cinéma s’intègre définitivement à l’univers
de Guitry.
Sorti en dvd zone 2 français chez Gaumont
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire