Un groupe de jeunes,
vivants dans une pension à Rome, rêve de se faire une place dans le monde du
cinéma : Franca et Luisa, actrices en quête de reconnaissance, Tonino
réalisateur en herbe et Mario, chef opérateur. Les choix et illusions de ces
aspirantes stars du cinéma vont se confronter à la difficulté de se faire une
place dans un milieu sans pitié...
Boulevard de l’espérance
est seulement le deuxième film d’un Dino Risi qui n’a pas encore défini son
style sur cette œuvre méconnue. Le film exploite d’ailleurs le succès de Les Fiancées de Rome (1952 de Luciano
Emmer qui narrait la quête sentimentale et professionnelle de trois jeunes
femmes. Emmer aura creusé le sillon de cette réussite dans un second film L’Amour au collège (1953) et Risi
reprend donc à son compte la formule notamment en reprenant quasiment le même
casting où l’on retrouve Cosetta Greco et Liliana Bonfatti. Risi inscrit la
quête de ses héroïnes dans le milieu du cinéma où elles cherchent à réussir, et
malgré l’inspiration assumée du Boulevard
du crépuscule (1950) de Billy Wilder on pense plutôt à une variante
italienne du beau Pension d’artistes (1937) de Gregory La Cava.
Le fameux « boulevard de l’espérance », c’est le
trajet de tramway qui conduit une population de tous âges et sexes vers Cinecittà.
Ils y viennent tous chargé de rêves de gloire mais l’issue sera forcément plus
modeste, entre auditions pour des rôles anecdotiques ou de la figuration dans
les innombrables productions à grand spectacle (péplum, film de vikings) du
cinéma italien de l’époque. Nous suivrons ainsi trois aspirantes représentant
chacune les différentes formes de motivations à intégrer ce monde du spectacle.
Luisa (Cosetta Greco) a elle la vraie vocation et se rêve réellement actrice,
les paillettes la richesse et la célébrité semble nettement plus intéresser la
plantureuse Franca (Piera Simoni) quand Giuditta (Liliana Bonfatti) y voit l’occasion
d’échapper à une existence provinciale morne de femme au foyer.
Ces attentes
contrastées anticipent donc les moyens employés pour réussir, le culot de
Giuditta (savoureux moment où elle se fait passer pour une sténo afin de
pénétrer le bureau d’un producteur) ne compensant pas le manque de talent, tout
comme l’arrogante Franca cherchant finalement surtout à être une femme
entretenue par des bienfaiteurs nantis. L’ensemble du film est sans vraie trame
conductrice et est constitué de tranches de vies de nos héroïnes, le plus
souvent teintées de désillusion. Le marivaudage amoureux se conjugue et se
confond aux déconvenues professionnelles mais Risi en reste à une veine de « néoréalisme
rose » et n’exploite jamais vraiment la noirceur potentielle de son sujet,
notamment la relation entre les jeunes femmes et les producteurs qui pourraient
contribuer à leurs ascensions.
On se plait donc à suivre une communauté hétéroclite qui
tente tant bien que mal de survivre. Fêtes guindées où l’on s’incruste en bon
pique-assiette pour un repas gratuit, film publicitaire tourné pour le
caméraman joué par Marcello Mastroianni (pas encore jeune premier superstar et
carrément doublé en VO par Nino Manfredi) et tentative de caser ses protégés
pour le « manager » joué par le gouailleur Pietro De Vico. Plutôt
plaisant donc mais encore loin des grands Risi qui sur des thèmes voisins
signera une œuvre bien plus aboutie avec son film suivant, Le Signe de Vénus (1953).
Sorti en dvd zone 2 français chez Tamasa
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