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lundi 22 juin 2015

Pacte avec un tueur - Best Seller, John Flynn (1987)

Los Angeles 1972. Le sergent Dennis Meechum est grièvement blessé lors d'un hold-up. Quinze ans plus tard, il est devenu une des figures les plus célèbres de la police et a consacré à l'affaire un best-seller. Alors qu'il cherche le sujet de son deuxième livre, un des cambrioleurs, Cleve, lui propose le récit de ses forfaits au service d'un industriel, David Madlock, d'autant plus que le hold-up au cours duquel le policier faillit être tué était le premier exploit de Cleve…

Pacte avec un tueur est l’occasion de la rencontre entre l’art du pitch ludique et astucieux de Larry Cohen avec la nervosité de l’expert du polar qu’est John Flynn. Réalisateur - principalement dans la série B fantastique avec pour le meilleur Le Monstre est vivant (1974), Meurtres sous contrôle (1976) ou encore The Stuff (1985) -  et scénariste prolifique vivant souvent sur la vente de scripts pouvant longtemps dormir dans les tiroirs des producteurs, Larry Cohen aura attendu sept ans avant de voir Pacte avec un tueur se concrétiser. S’inspirant du courant voyant des policiers devenir écrivain - Joseph Wambaugh entre autre - Cohen imagine une trame où un policier en panne d’inspiration se trouve obligé de faire équipe avec un dangereux tueur à gage. Cohen voyait Burt Lancaster incarner le policier et Kirk Douglas le tueur mais la longue gestation du film amènera un casting moins prestigieux mais néanmoins solide avec Brian Dennehy et James Woods.

L’intrigue voit donc une étrange relation se nouer entre le policier expérimenté Dennis Meechum (Brian Dennehy) et le mystérieux tueur à gage Cleve (James Woods). Ce dernier se propose de livrer ses secrets à Meechum dont la carrière parallèle d’écrivain est en berne depuis la mort de sa femme. Meechum méfiant est néanmoins intrigué puisque le passé de Cleve est sans doute lié à un douloureux épisode passé, un hold-up meurtrier où il fut grièvement blessé et ses collègues tués. L’objectif de Cleve est en surface totalement narcissique et vise à se venger de son ancien employeur David Madlock (Paul Shenar). Pourtant on ressentira au fil du récit une sincère admiration et la recherche de l’amitié de Meechum, James Woods excellant à exprimer cet étrange mélange de dangerosité et de vulnérabilité.

Le trouble est renforcé par l’illustration de sa nature de tueur. Les vrais assassinats passés ne sont évoqués que par la parole de Cleve, les écarts de violence plus gratuits escamotés même si inquiétants - le chauffeur de taxi dans la cabine photo – quand pour le reste il s’agira toujours de sauver la mise à Meechum dans diverses situations. Non pas que le script tente d’adoucir le personnage mais en tout cas on ressent la volonté de le rendre plus ambigu. Brian Dennehy dans un registre plus bourru voit aussi l’armure de ce policier dur à cuire se fissurer, fasciné sans se l’admettre par ce compagnon peu recommandable. Le jeu de piste sur les crimes de Cleve se conjugue à une atmosphère de dangereuse paranoïa avec les intimidations de Madlock guère enclin à voir sortir un ouvrage dévoilant ses activités. 

Le résultat s’avère franchement efficace mais une fois n’est pas coutume, le style frontal de John Flynn dessert un eu la richesse du propos. La trame file tellement droit qu’elle en oublie en chemin d’aborder le statut d’écrivain de Meechum qui ne sert que de McGuffin au film. Le rapport à ses collègues qu’inclut cette seconde profession, conjuguer l’inspiration avec son métier de policier, la gestion de la célébrité et le processus de création, tout cela est survolé voir absent. Larry Cohen s’identifiant à son héros avait truffé son script de ces éléments et apparemment nombres de scènes allant dans ce sens furent tournées mais éliminées au montage. 

On perd donc grandement de la dimension ludique qu’incluait le postulat. De plus, captivé par son duo Flynn n’enrichit pas son méchant, homme d’affaire transparent pourtant supposés le mal absolu, symbole du capitalisme tout puissant quand Meechum et Cleve reste de « vrais » hommes malgré leurs différences. L’ensemble n’en reste pas moins un très bon polar 80’s rondement mené, mais le résultat n’atteint pas tout à fait les hauteurs espérés. C’est d’autant plus dommage que Flynn sut manier avec brio un matériau complexe avec son excellent Rolling Thunder (1977).

Sorti en dvd zone 2 français chez Wild Side

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