Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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vendredi 30 août 2019

The Rendezvous - Yakusoku, Koichi Saito (1972)

Koichi Saito avait exploré sa thématique de l'errance existentielle à travers le beau coming of age pastoral Journey Into Solitude (1972). Avec The Rendezvous il va creuser ce sillon à travers un poignant drame romantique. Un jeune homme élégant et turbulent rencontre une jolie femme d'âge mûr durant un voyage en train. Il tente maladroitement de lier connaissance malgré l'attitude fuyante de sa voisine, ils vont poursuivre leur périple en commun quand ils descendront à la même station. On en saura plus très tardivement sur le passif des personnages mais quelques indices et réactions habilement distillées permettent de les deviner, que ce soit le rictus crispé de la femme (Keiko Kishi) en lisant un fait divers dans le journal ou encore la dégaine et comportement de marlou du jeune homme typique du yakuza.

Tout dans le visage mélancolique, le langage corporel résigné, trahit chez la femme une forme de renoncement que Sato accentue en figeant sa silhouette solitaire dans de superbe paysage naturel ou encore dans des environnements urbains mornes. A l'inverse l'agitation enfantine constante du jeune homme laisse deviner chez lui l'attente de quelque chose, de quelqu'un qui changerait son existence. La parole rare et le stoïcisme de l'une comme la logorrhée angoissée de l'autre dissimulent une même solitude, que les pérégrinations (le recueillement sur la tombe de la mère de la femme) et les confidences (le passé d'orphelin de l'homme) révèleront.

Ils vont raviver et combler leurs manques émotionnels respectifs à travers leur fragile romance que Saito saisit avant tout par l'image. La coiffure stricte de la femme contribue notamment à cette mise en retrait du monde, qu'elle brise lors d'une scène où elle relâche ses cheveux et se maquille pour s'exposer à nouveau au monde, en se rendant à nouveau désirable pour un homme et en somme en s'aimant elle-même par cet apprêt. La dernière partie voit le jeune homme faire montre d'une fragilité qui dénote tout autant de son arrogance initiale, au bord des larmes et retardant toujours plus l'inéluctable séparation.

Le travail sur le découpage, les raccords regards et les compositions de plans trahissent l'influence de Lelouch (mimétisme renforcé par le score jazzy et mélancolique de Yasushi Miyakawa) dans l'esthétique de Saito qui illustre d'envoutants moments romantiques suspendus et furtifs (l'homme posant son manteau pour serrer la main de la femme secrètement). La superbe photo de Noritaka Sakamoto façonne ainsi un écrin délicat, à la fois naturaliste et stylisé. Vrais dans leurs sentiments mais secrets dans leur passif, le couple voit pourtant ce dernier les rattraper lors de la poignante conclusion, non sans une promesse qui donne son joli titre francisé au film.

Sorti en dvd japonais et doté de sous-titres anglais

 

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