Joe Barrett revient à Tokyo après la guerre et
retrouve la femme qu'il aimait et qu'il croyait morte. Pour donner un
nom à l'enfant qu'elle attendait, Trina s'est mariée avec Mark Landis.
Joe souhaite récupérer Trina. Celle-ci lui révèle que sa fille Anya est
sa propre fille. Joe va alors accepter de travailler pour le compte du
baron Kimura, un baron de la pègre locale...
Tokyo Joe est un projet initié par Humphrey Bogart afin d'asseoir l'image romantique gagnée avec
Casablanca
(1942) et définitivement l'éloigner de la seule perception de dur à
cuire qui lui colla longtemps à la peau. Une volonté noble mais qui
constitue un vrai fardeau pour le film qui dans l'ensemble ne semble
qu'une réminiscence nippone de
Casablanca.
Humphrey Bogart y incarne Joe, de retour à Tokyo après la guerre où il
va retrouver Trina (Florence Marly) un ancien amour rencontrée alors
qu'elle était chanteuse dans le club qu'il gérait. Elle est désormais
mariée à Landis (Alexander Knox) un avocat notable de la société
américaine installée à Tokyo.
Immédiatement les connexion de ce nouveau
triangle amoureux se font avec celui de
Casablanca
sans en soutenir la comparaison (même si Alexander Knox livre une
interprétation subtile) notamment avec une Florence Marly pâle succédané
d'Ingrid Bergman. La trame policière est assez laborieuse à se mettre
en place et assez discutable sur le plan moral (Joe prêt à reprendre
Trina sans même se demander si elle souhaite repartir avec lui) et
politique puisque l'argument sert l'occupation américaine du Japon en
les empêchant de retomber dans ses travers belliqueux extrémistes. C'est
en tout cas présenté de manière trop manichéenne et simpliste pour
convaincre malgré le charisme du méchant incarné par Sessue Hayakawa.
On ne savourera pas non plus la vision d'un Japon d'après-guerre puisque
l'essentiel du film fut tourné en studio et seuls quelques plans seront
filmés sur place par la seconde équipe - donc pour la valeur documentaire ou le dépaysement on est loin d'un
La Maison de Bambou de Samuel Fuller. Si l'on parvient par
intermittence à faire abstraction de l'ombre de
Casablanca,
Tokyo Joe
reste néanmoins un film noir agréable. Cela est notamment dû à la
tension que parvient à instaurer Stuart Heisler dans une dernier partie
plus nerveuse avec quelques sursauts de violence sèche où le réalisateur
excelle. Le jeu de piste, la confrontation finale et la mélancolie de
la conclusion amène enfin une tonalité plus singulière dont le reste du
film est dépourvu.
Sorti en bluray et dvd zone 2 français chez Sidonis
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