The Reincarnation of Golden Lotus est un mélodrame surnaturel tout à la gloire de la beauté de Joey Wong. Celle-ci incarne une figure féminine damnée dont le destin tragique se rejoue à travers les âges et de ses différentes réincarnations. La narration et la mise en scène de Clara Law joue à la fois sur la notion de karma et une approche plus sensorielle pour traduire les réminiscences de la vie de Lotus (Joey Wong). Des séquences hallucinées et oniriques dans une Chine moyenâgeuse montre ainsi une Lotus avide de vengeance qui provoque la répétition des drames dans chacune de ses réincarnations, tandis qu'une séquence du passé plus classique dans la Chine maoïste la voit dans une de ses "vies" victime de l'abus et de la lâcheté des hommes. La part principale du récit se déroule à la période contemporaine et va ainsi narrer l'illustration moderne et complète des drames entrevus dans les flashbacks.On constate des éléments que l'on retrouvera dans le film suivant de Clara Law, le très sombre Farewell China (1990). Dans ce dernier, une narration fragmentée permettait progressivement de brosser un portrait de femme meurtrie incarnée par Maggie Cheung où sa personnalité vacillait face à la solitude et les abus subis dans son exil new-yorkais. Clara Law procède de même ici avec Joey Wong à la fois victime et actrice de son malheur, la notion de karma l'incitant à rejouer malgré elle les errances de ses malheurs passés. Clara Law multiplie les trouvailles formelles pour traduire cet état mental agité, dans la manière d'introduire les bribes de flashbacks et en traduire des échos par le montage, ainsi que par la photo stylisée de Jingle Ma qui fait basculer les atmosphères de façon déroutante. Le film est adapté d'un roman de Lilian Lee (qui en signe aussi le scénario) et on sent clairement sa patte dans l'art de manier le mélodrame torturé (Adieu ma concubine de Chen Kaige est adapté d'un de ses romans), de jongler avec les temporalités sur ce thème de la réincarnation (le chef d'œuvre Rouge de Stanley Kwan (1987), Terracotta Warrior de Ching Siu-Tung (1990) là aussi adaptés de ses ouvrages) et de marier le tout à une tonalité décalée (Green Snake de Tsui Hark (1993) qui adapte sa relecture contemporaine de la légende du Serpent blanc). On retrouve d'ailleurs de ces films la licence poétique qui voit les personnages contemporains progressivement conscients de leur identité passée (la romance impossible avec Wilson Lam) mais incapable de réfréner leurs pulsions et d'empêcher l'éternel recommencement de leur malédiction. Si Clara Law n'égale pas ces prestigieuses transpositions, elle propose un film prenant porté par une Joey Wong, à la fois mystérieuse, vénéneuse et fragile. Elle est de presque tous les plans et totalement magnifiée par la mise en scène. Le mélange des genres (drame en costume, wu xia pian sur la fin, comédie) aurait été presque parfait sans les très poussives scènes de couple avec le personnage de Eric Tsang plus grotesque que touchant et qui alourdit grandement l'ensemble.
Sorti en dvd et bluray hongkongais
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire