Dan Gillis, un scénariste américain récemment installé à Paris, est engagé par le producteur de cinéma Julien Legrand pour écrire un script pour un film peu conventionnel mis en scène par Malcolm Greene, jeune réalisateur inconnu. Gillis, intrigué par la personnalité de Greene, accepte malgré les objections de Marilyn, son agent. Gillis rencontre Jenny, la sœur cadette de Malcolm et devient obsédé par cette jeune femme manipulatrice.
Fernando Trueba délaisse son Espagne natale pour la grisaille parisienne et les joies de la production internationale avec Le Rêve du singe fou. Il adapte là le roman éponyme de Christopher Frank dont on ressent en creux le sens du malaise malheureusement bien mieux exploité dans d'autres fameuses transpositions comme L'important c'est d'aimer d'Andrzej Zulawski (1975) ou même L'Année des méduses (1983) qu'il réalisera lui-même. Le tournage en anglais porté par un casting improbable (Jeff Goldblum, Miranda Richardson, Anémone, Arielle Dombasle, Daniel Ceccaldi manifestement en difficulté avec la langue de Shakespeare) trahit un peu le problème ressenti tout au long du film, un certain manque de direction et d'identité.
Le postulat intrigue dans un premier temps avec Dan (Jeff Goldblum) scénariste américain installé à Paris qui se voit engagé par un producteur (Daniel Ceccaldi) pour signer le script du premier long-métrage d'un jeune réalisateur anglais, Malcolm Green (Dexter Fletcher). Malcolm s'avère aussi fascinant par son charisme étrange qu'agaçant dans la prétention artistique qu'il dégage lors des scènes de co-écriture où l'on devine le film arty poseur qu'il envisage. Dan s'étonne ainsi face à ce talent pas encore démontré que les portes s'ouvrent si facilement et alors qu'il s'apprête à quitter le projet, comprend pourquoi. Tombé sous le charme de Jenny (Liza Walker) la jeune sœur de Malcolm, Dan poursuit finalement la collaboration. Jenny se montre particulièrement convaincante à le faire rester en cédant à ses avances, mais il y a comme quelque chose de perturbant dans l'attitude de la jeune femme qui va le hanter jusque dans ses rêves. Trueba peine vraiment à distiller l'atmosphère trouble, onirique et sensuelle attendue, quel que soit les directions voulues par le récit. La possible satire du milieu du cinéma tourne court, tout comme l'éventualité d'une mise en abyme par rapport au scénario que compte filmer Malcolm Green (direction explorée par Christopher Frank dans son roman La Nuit américaine qui donnera L'important c'est d'aimer). Ensuite la romance coupable et vénéneuse entre Dan et Jenny ne prend jamais vraiment à cause du manque certain de charisme de la femme-enfant jouée par Liz Walker qui ne provoque aucune fascination ni ambiguïté (victime ou manipulatrice, on ne se pose même pas la question au bout du compte). Cet émoi qu'elle suscite passe soit par le dialogue (quand on comprendra qu'elle se donne aux différents décideurs pour permettre la mise en production du film de son frère), soit par des situations trop timorée ou platement filmée pour saisir ce qui captive les hommes en elle. Il n'y a ni sensualité, ni malaise que pourrait susciter les traits trop juvéniles du personnage (notamment quand plane le spectre de l'inceste fraternel) et finalement il faut tout l'abattage d'un Jeff Goldblum très impliqué pour admettre que Jenny peut perturber l'équilibre d'un homme.Un dernier point aurait pu sauver l'ensemble, à savoir capturer l'atmosphère d'un Paris 80's interlope façon Frantic de Roman Polanski. Là encore c'est raté, on navigue entre trois appartements, un bout de ruelle et un restaurant sans ressentir la moindre ivresse ni inquiétude à l'exception de la toute dernière scène à la superbe idée morbide mais là encore platement filmée. Une traversée de frontière pas très heureuse donc pour Fernando Trueba pour un film qui vieillit assez mal mais qui étrangement lancera le début de reconnaissance internationale du réalisateur.Disponible en anglais non sous-titré sur la plateforme FlixOlé dédiée au cinéma espagnol
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