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samedi 11 novembre 2023

City of Glass - Bōlí zhī chéng, Mabel Cheung (1998)


 1997, jour du Nouvel An : un accident de voiture à Londres, en Angleterre, coûte la vie à Raphael et Vivien. Le couple était autrefois de jeunes amants à l'époque où ils étudiaient à l'Université de Hong Kong dans les années 1970, mais s'étaient séparés et ont fini par se marier avec d'autres personnes et élever leur propre famille. Cependant, ils se sont retrouvés dans les années 1990 et leur amour s'est partiellement ravivé. Après leurs funérailles, le fils de Raphael, David, et la fille de Vivien, Susie, ont appris la liaison de leurs parents et se lancent dans un voyage pour découvrir leurs vies secrètes.

Après la grande et ambitieuse fresque historique de The Soong Sisters (1997), City of Glass voit Mabel Cheung revenir à un registre plus intimiste. Le film se veut un va-et-vient temporel entre le passé d'un couple adultère tragiquement disparu, et le présent de leurs enfants découvrant cette liaison et remontant son fil dans les lieux traversés par les parents à Hong Kong. Les défunts sont Raphael (Leon Lai) et Vivien (Shu Qi), tombé follement amoureux à l'université durant les années 70 mais que les aléas de la vie vont séparer avant des retrouvailles tardives où ils sont désormais engagés et parents. Les enfants David (Daniel Wu) et Susie (Nicola Cheung) encaissent la terrible nouvelle et apprendre à se connaître tout en découvrant la face cachée de leurs parents.

Mabel Cheung use de tous les motifs formels possibles pour tisser un parallèle entre passé et présent, raccord en mouvement, fondu enchaîné, habile mimétisme des lieux traversés dans les enchaînements de plan. La candeur et fougue amoureuse domine dans les flashbacks sur Raphael et Vivien à travers la photo diaphane, l'imagerie romantique surannée magnifiant la beauté de Leon Lai et Shu Qi. A l'opposé au présent ce sont les contours urbains les plus froid (auquel le titre fait référence) de Hong Kong qui dominent une atmosphère assez terne et nourrie de ressentiment. Dans les deux niveaux de narration, le contexte de Hong Kong est un élément susceptible de distendre le lien entre les protagonistes. Dans le passé le contexte politique oppressif de la péninsule va contraindre à une première séparation lorsqu’après avoir participé à une manifestation, Raphael est condamné et voit son avenir compromis à Hong Kong et le contraignant à l'exil en Europe. 

Au présent c'est le cynisme et la spéculation du monde économique qui opposent David et Susie, contraint de gérer l'héritage commun de leurs parents, du plus trivial (un chien) au plus bassement pécuniaire avec la vente de la maison des amants. La disparition des amants et le rapprochement de leurs enfants se situe à quelques jours du moment charnière de la rétrocession de Hong Kong à la Chine. Cela amène justement un questionnement identitaire pour David né à Hong Kong mais élevé à l'étranger, tandis que Susie pure enfant de la péninsule s'interroge aussi en constatant que l'essentiel de la vie de sa mère se situait loin de là. Mabel Cheung introduit cela par diverses situations conflictuelles, marquées par le concept de la langue, David étranger en son pays ayant toujours le réflexe de parler anglais ce qui lui suscite le mépris de Susie le rabrouant en cantonais.

La première partie du film introduisant ce dispositif narratif et ces thématiques est plutôt réussie mais la suite patine grandement. Les deux intrigues du film se heurtent à des modèles écrasants ayant déjà exploré ces registres, sans jamais titiller leurs qualités. Pour ce qui est du mélodrame sentimental hongkongais contemporain naviguant entre passé et présent, le chef d'œuvre ultime arrivera l'année suivante avec le sidérant Tempting Heart de Sylvia Chang (1999) dont la flamboyance est capable d'arracher les larmes au spectateur le plus endurci.

Concernant un récit où les enfants découvrent la liaison de leurs parents défunts et en profitent pour eux-mêmes se rapprocher, le Avanti de Billy Wilder (1972) est autrement plus original, attachant et caustique. Ici on en reste au drame adultère très convenu pour la partie flashback, et à la romance juvénile bien trop timorée dans la partie contemporaine - cette dernière souffrant en plus d'acteurs assez transparents. Il y a quelques moments de charme mais dans l'ensemble c'est bien trop convenu pour convaincre. Première petite déception devant un film de Mabel Cheung.

Sorti en dvd hongkongais

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