Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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dimanche 12 novembre 2023

Le Syndrome chinois - The China Syndrome, James Bridges (1979)


 Kimberley Wells, une journaliste employée par la chaîne de télévision américaine KXLA, tourne un documentaire à la centrale nucléaire « Ventana » de Los Angeles. Au cours de la visite, et alors que Kimberley, accompagnée de son cadreur et de son preneur de son, observe la salle des opérations de la centrale, les visiteurs deviennent les témoins d'un incident nucléaire1, voyant comment le personnel de la salle s'active pour tenter d'en venir à bout. Le cadreur de Kimberley, Richard Adams, filme secrètement l'incident.

Le Syndrome chinois est une œuvre visionnaire et alarmiste sur les dangers du nucléaire domestique. Le film fera sensation auprès d’un grand public encore peu au fait des risques, d’autant que douze jours après sa sortie aura lieu l'accident nucléaire de Three Mile Island le 28 mars 1979, le plus grave accident nucléaire civil de l'histoire des États-Unis à l’époque. Cette corrélation d’évènements offrira une chambre d’écho considérable aux mouvements antinucléaire aux Etats-Unis.

Le scénario habile nous place conjointe sous le point de vue des novices et des spécialistes. Kimberley (Jane Fonda) et son cadreur Richard (Michael Douglas) sont témoin d’un incident nucléaire lors d’un banal reportage didactique. Le sentiment d’urgence, d’incrédulité et d’incompréhension est palpable durant les quelques minutes où l’incident pourra néanmoins être jugulé, tout en laissant entendre que le pire a été évité. En suite le récit déroule en parallèle l’enquête externe de Kimberley et Richard entravé par leur hiérarchie en voulant diffuser l’évènement qu’ils ont filmé, et l’investigation interne de Jack (Jack Lemmon) chef d’équipe de la station souhaitant déceler les possibles failles en cause. Cette construction permet une approche didactique à travers des personnages apprenant la signification de ce qu’ils ont vu, et anxiogène avec Jack Lemmon dont l’expertise plus opaque révèle néanmoins la loi du silence de l’entreprise privilégiant la loi du profit plutôt que la prévention.

Progressivement, les codes du cinéma paranoïaque typique des années 70 se mettent en place. Cependant on sent la bascule et le changement des ennemis à venir de la décennie suivante, les corporations capitalistes avançant à visage découvert prenant le relai des agences gouvernementales nébuleuses. L’interprétation est remarquable, notamment une Jane Fonda dont le personnage se découvre des vertus de lanceuse d’alerte au sein d’une chaîne locale la réduisant à l’information futile. La curiosité, l’implication croissante et l’émotion de l’héroïne est un vrai pivot du récit, tout comme un excellent Jack Lemmon en professionnel rigoureux et confronté à la lâcheté de sa direction. 

Le réalisme prend le pas sur le sensationnalisme pour bien faire assimiler au spectateur les concepts techniques (comme le fameux « syndrome chinois » du titre), avant de nous amener vers un final haletant et désespéré. Un film nécessaire et dont les craintes se verront confirmées quelques années plus tard avec la catastrophe de Tchernobyl. 

Sorti en dvd zone 2 français chez Sony

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