Mike Church est un détective de Los
Angeles spécialisé dans la recherche de personnes disparuesOn le
charge du cas mystérieux d'une jeune femme amnésique qu'il baptise
Grace. Celle-ci fait des cauchemars évoquant le meurtre d'une pianiste,
prénommée Margaret, par son mari Roman Strauss à la fin des années 1940.
En attendant de résoudre le mystère des cauchemars, Chuch empêche
l'habile enlèvement de Grace par son soi-disant fiancé. Pressé par cette
tentative, Church est contraint de faire appel à un antiquaire douteux
pratiquant l'hypnose pour aider Grace...
Deuxième film de Kenneth Branagh après son monumental
Henry V,
Dead Again
ramène le réalisateur à une échelle plus modeste tout en lui permettant
de prouver que son registre est plus étendu que la seule adaptation
Shakespearienne (le suivant
Peter's Friends
le prouvera avec plus d'éclat encore). Le film évite le pure exercice
de style grâce au scénario inventif et tortueux de Scott Frank qui
convoque les fantômes des classiques du genre à tendances
psychanalytiques notamment cette idée de réincarnation à la
Vertigo
qui parcours le film. La différence est que le script après avoir
esquissé son énigme plonge à fond dans l'onirisme le mystère reposant
plus sur la résolution du crime que sur la réalité des méandres de
l'esprit humains dans lesquels nous emmène l'intrigue, jamais démentis.
Une
jeune femme (Emma Thompson) se réveille amnésique au sein d'un couvent
et son seul lien à son passé est constitué d’horribles cauchemars où
l'on essaye de l'assassiner. Le détective Mike Church (Kenneth Branagh)
est engagé mener l'enquête mais tout se complique quand avec l'aide d'un
hypnotiseur louche (Derek Jacobi) les souvenirs de l'amnésique semble
remonter aux années 40 et font d'elle la réincarnation de l'épouse
assassinée d'un musicien. Plus étrange encore les souvenirs semblent
mêler Mike Church à se passé et peut-être la réincarnation de l'époux
criminel. Avec son sens du rythme alerte Branagh évite de trop
tergiverser sur le doute des personnages quant aux faits extraordinaires
en jeu et la première partie file à toute vitesse.
Le seul défaut vient
d'un côté un peu trop sur explicatif pour faire comprendre des notions
pas si complexes que cela (le moment très agaçant où le psychanalyste
vient nous expliquer le pourquoi du comment à la fin classiques comme
Psycho ou
Le Médaillon
semble là courir sur tout le film) avec carrément deux
personnages/guide à travers Robin Williams et Derek Jacobi, c'est trop
même si le twist final le justifie en partie. Branagh s'approprie le
film en alternant motif du genre et son style grandiloquent notamment
l'ouverture passant de l'un à l'autre avec une scène de prison en noir
et blanc étouffant qui vire au cauchemar extravagant où le réalisateur
fait virevolter la caméra au gré de la terreur d'Emma Thomson.
C'est
réellement sur
Dead Again que
Branagh développe cette facette alors que Henry V bien qu'imposant était
moins fou dans sa mise en scène. Là l'outrance de Frankenstein ou
encore Hamlet est clairement annoncé dans les flashbacks passionnés sur
la romance avortée du couple Strauss ou encore du final grand guignol et
sanglant. Branagh gère bien tout cela malgré de sérieuse faute de gout.
L'idée du passé en noir est blanc est intéressante mais le film fut
d'abord tourné en couleur et du coup la photo des scènes du passé pas
travaillée en ce sens ce qui leur donne une imagerie très quelconque
heureusement atténuée par la réalisation de Branagh.
L'alchimie
entre Kenneth Branagh et Emma Thompson est toujours aussi forte tire
leurs deux prestations vers le haut. Emma Thomson en créature apeurée et
fragile est épatante comme souvent et Branagh évite toute pose cynique
et désabusée en détective plutôt avenant et jovial. Le twist final
tarabiscoté en diable est tout de même très efficace (malgré de
désastreux maquillages vieillissant les acteurs, pauvre Andy Garcia
ressemblant à une momie) et le final tout en excès est l'aboutissement
du glissement progressif du film dans le thriller autre assumant
pleinement son onirisme. Dans le registre néo noir, une jolie réussite
même si Branagh a déjà fait beaucoup mieux. Il glisse d'ailleurs
quelques clins d'oeil au fans ici et là comme le numéro de prisonnier
qu'il porte au début qui correspond à la date de la bataille d'Azincourt, cadre de
son
Henry V.
Sorti en dvd zone 2 français chez Paramount
C'est vrai que l'on est jamais loin de la parodie (le final vraiment too much) mais c'est aussi dû au côté excessif de Branagh qui passe comme une lettre à la poste dans ses adaptations de Shakespeare et qui peut gêner un peu dans un film plus terre à terre. Et puis le scénario quand même bien barré s'y prête bien ^^
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