De la bataille d'El Alamein jusqu'à sa
mort en septembre 1944, décidée par Hitler, le portrait du maréchal
Erwin Rommel, qui participa au complot contre le dictateur.
Henry
Hathaway signe un très intelligent biopic de Rommel, général allemand à
l'aura légendaire et responsable de hauts faits notamment durant la
campagne d'Afrique du Nord. Le scénario de Nunnally Johnson choisit les
angles adéquats pour ne pas détourner le public de celui qui fut
pourtant un des favoris d'Hitler et un outil de la propagande nazie
grâce à ses victoires. Le film s'attardera donc sur la facette
chevaleresque et quasi mythique qu'incarnait Rommel, autant pour les
alliés qu'il mena à la victoire grâce à ses talents de stratèges qu'à
ses ennemis auxquels il inspirait le respect, et en premier lieu Winston
Churchill qui lui consacra une fameuse tirade citée en fin de film.
We have a very daring and skillful opponent against us, and, may I say across the havoc of war, a great general.
Malgré
son appartenance au régime nazi et sa dévotion à Hitler, Rommel était
l'archétype du soldat respectueux des règles du combat et en ne
participant pas à la campagne du Front Russe l'un des rares généraux
allemands à n'avoir commis ni crime de guerre, ni crime contre
l’humanité. C'est cette aura que cherche à capturer Hathaway dans un
long prologue le présentant tour à tour comme une légende et un
adversaire valeureux. Cette crainte est signifiée par l'ouverture voyant
la mission avortée d'un commando britannique pour l'assassiner (et
cette superbe transition où un soldat mourant demande s'ils ont réussi,
un allemand lui riant au nez avant que tonne le générique d'ouverture)
puis sa noblesse lorsqu'il contredit un subalterne obligeant un
prisonnier à traverser le champ de bataille avec un drapeau blanc.
Ce
prisonnier, fasciné par l'allure de cet homme qui vient de le sauver
sera notre guide puisqu'il sera le biographe de Rommel la guerre passée
(et en fait Desmond Young officier de l'armée indienne qui croisa
effectivement Rommel durant la campagne d'Afrique du Nord) dans une
narration solennelle et informative assuré en voix off par Michael
Rennie.
Le champ de bataille se réduit dans l'ensemble à des
stock-shots très impressionnant (notamment celui où l'on voit les
bombardements du débarquement depuis le ciel) mais c'est bien aux postes
de commandements que tout se joue. Là le "Renard du désert" va constater toute son
impuissance dans une Allemagne en déliquescence et proche de la défaite à
travers les ordres insensé arrivant de Berlin.
L'atmosphère de
désillusion, de fin de règne et les échanges désabusés traduisent bien
l'amertume des officiers comprenant qu'ils sont menés par un tyran fou
les menant à leur perte (dont les positions stratégique et l'option pour
le débarquement décidé par les astrologues d'Hitler...). Rommel incarné
avec prestance et compassion par un grand James Mason apparaît ainsi
comme un soldat d'un autre temps. Respectueux de l'uniforme et du chef
au point de n'oser le remettre en question bien qu'il le désapprouve. Le
film exprime ainsi une hypothèse (pas forcément prouvé) du soutien de
Rommel au complot visant à assassiner Hitler le 20 juillet 1944 (et
dépeint minutieusement dans le récent
Walkyrie de Bryan Singer même si la scène
d'attentat est reconstitué ici aussi).
Tout tient dans la
formidable prestation de James Mason, subtile et sensible avec cet homme
dont les qualités deviennent des défauts dans une nation lobotomisé.
L'entrevue finale où il accepte son terrible destin face à un pantin SS
endoctriné est des plus marquantes, tout comme les adieux à son épouse
(formidable Jessica Tandy) en conclusion sobre et intense. On n'aura
finalement peu vu Rommel du temps de sa splendeur et de ses victoires
mais le regard que posent sur lui Hathaway et Nunally Johnson, le visage
que lui donne James Mason et le discours final repris de Churchill
suffisent à convaincre de la hauteur du soldat.
Sorti en dvd zone 2 français chez Fox
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