Sorti de prison où il a passé cinq ans, Macklin décide de venger son frère, tué par la Mafia de Chicago.
The Outfit
est un polar assez emblématique du genre à cette période et offre une
des belles réussites de la trop mince filmographie de l'excellent John
Flynn. Le film adapte le roman éponyme de Richard Stark alias Donald E.
Westlake. C'est d'ailleurs à une fameuse autre adaptation de Richard
Stark qu'on pense ici à savoir
Le Point de non-retour
(1967) de John Boorman qui révolutionna le polar à sa sortie. Si John
Flynn goute peu aux expérimentations psychédéliques à la Boorman,
l'intrigue minimaliste quasi abstraite et le héros taciturne entièrement voué à son objectif (vengeur ici pécuniaire chez Boorman)
entretiennent grandement la parenté entre les deux œuvres. Robert Duvall
incarne ici Macklin (dans le roman Parker même héros que Point Blank personnage récurrent de Westlake et joué par Lee Marvin dans le Boorman), ancien braqueur fraîchement sorti de prison et qui
va immédiatement se trouver la cible de tueur de la mafia.
Remontant la
piste des commanditaires, il découvre que la cause du contrat planant
sur sa tête est un ancien hold-up où il avait avec son frère dévalisé
une banque blanchissant de l'argent pour la Mafia. Son frère est
froidement assassiné avant sa sortie (dans une glaciale scène
d'ouverture muette) et dès lors Macklin entame une vengeance impitoyable
en pillant tous les tripots locaux de la Mafia jusqu'à remonter au boss
Mailer (Robert Ryan).
The Outfit
est clairement au carrefour du style des polars de l'époque avec
plusieurs autre classiques qui viennent à l'esprit. La vengeance
fraternelle implacable de Duvall penche vers le
Get Carter de John Hodges (1971), l'entité criminelle assez nébuleuse poursuivie rappellera à nouveau
Le Point de non-retour
(tendance due à Richard Stark sans doute) et le cadre rural loin des
ambiances urbaines coutumières est lui dans l'esprit du génial
Tuez Charley Varrick
de Don Siegel sorti la même année avec aussi Joe Don Don Baker en tueur
décontracté. Flynn n'égale aucun de ses films à cause d'un certain
manque d'identité et des choix artistiques moins radicaux mais trousse
tout de même une très plaisante série noire. Robert Duvall, loin du
consigliere qui le rendit célèbre dans
Le Parrain en impose un maximum ici en truand
badass
et taciturne, une vraie teigne brutale et méticuleuse qui cogne d'abord
et discute ensuite.
A ces côtés Joe Don Baker tout aussi imposant (et
tout de même moins rigolard que dans
Tuez Charley Varrick)
en acolyte fidèle, le film étant une succession de confrontations
musclées, poursuites et fusillades en tout genre. Flynn également au
scénario épure son intrigue au maximum, pas de sous-intrigue ou de
respirations superflues dans la narration entièrement vouée (à l'image
de son héros) aux règlements de compte.
Seul exception, et qui humanise
un peu le personnage de Duvall, la petite amie incarnée par Karen Black.
En une poignée de scènes intimistes, cet être fragile plongés dans un monde
d'hommes violent touche grandement et montre à quel point les
préoccupations de ces tueurs sont éloignées de toute réalité par son
histoire d'amour malheureuse avec Macklin, lorgnant sur le
Guet-apens de Peckinpah. Le côté abstrait de ce monde
criminel refermé sur lui-même nous apparaît par elle.
Parmi les
quelques points décevants on regrettera un Robert Ryan un peu mou en
méchant (alors qu'il excelle dans ces rôles d'ordures détestable mais il
était déjà bien atteint par son cancer au moment du tournage ce qui
peut expliquer) et un final pas aussi tendu qu'on pouvait l l'espérer
mais qui a peut-être inspiré Michael Mann pour celui fabuleux du
Solitaire. Un bon moment donc même si Flynn fera mieux dès le suivant et mémorable
Rolling Thunder (1977).
Sorti en dvd zone 1 chez Warner dans la collection Warner Archives et donc sans sous-titres mais le film est annoncé prochainement en zone 2 chez Wild Side.
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