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jeudi 22 novembre 2012

Échec à l'organisation - The Outfit, John Flynn (1973)


Sorti de prison où il a passé cinq ans, Macklin décide de venger son frère, tué par la Mafia de Chicago.

The Outfit est un polar assez emblématique du genre à cette période et offre une des belles réussites de la trop mince filmographie de l'excellent John Flynn. Le film adapte le roman éponyme de Richard Stark alias Donald E. Westlake. C'est d'ailleurs à une fameuse autre adaptation de Richard Stark qu'on pense ici à savoir Le Point de non-retour (1967) de John Boorman qui révolutionna le polar à sa sortie. Si John Flynn goute peu aux expérimentations psychédéliques à la Boorman, l'intrigue minimaliste quasi abstraite et le héros taciturne entièrement voué à son objectif (vengeur ici pécuniaire chez Boorman) entretiennent grandement la parenté entre les deux œuvres. Robert Duvall incarne ici Macklin (dans le roman Parker même héros que Point Blank personnage récurrent de Westlake et joué par Lee Marvin dans le Boorman), ancien braqueur fraîchement sorti de prison et qui va immédiatement se trouver la cible de tueur de la mafia.

Remontant la piste des commanditaires, il découvre que la cause du contrat planant sur sa tête est un ancien hold-up où il avait avec son frère dévalisé une banque blanchissant de l'argent pour la Mafia. Son frère est froidement assassiné avant sa sortie (dans une glaciale scène d'ouverture muette) et dès lors Macklin entame une vengeance impitoyable en pillant tous les tripots locaux de la Mafia jusqu'à remonter au boss Mailer (Robert Ryan).

The Outfit est clairement au carrefour du style des polars de l'époque avec plusieurs autre classiques qui viennent à l'esprit. La vengeance fraternelle implacable de Duvall penche vers le Get Carter de John Hodges (1971), l'entité criminelle assez nébuleuse poursuivie rappellera à nouveau Le Point de non-retour (tendance due à Richard Stark sans doute) et le cadre rural loin des ambiances urbaines coutumières est lui dans l'esprit du génial Tuez Charley Varrick de Don Siegel sorti la même année avec aussi Joe Don Don Baker en tueur décontracté. Flynn n'égale aucun de ses films à cause d'un certain manque d'identité et des choix artistiques moins radicaux mais trousse tout de même une très plaisante série noire. Robert Duvall, loin du consigliere qui le rendit célèbre dans Le Parrain en impose un maximum ici en truand badass et taciturne, une vraie teigne brutale et méticuleuse qui cogne d'abord et discute ensuite.

 A ces côtés Joe Don Baker tout aussi imposant (et tout de même moins rigolard que dans Tuez Charley Varrick) en acolyte fidèle, le film étant une succession de confrontations musclées, poursuites et fusillades en tout genre. Flynn également au scénario épure son intrigue au maximum, pas de sous-intrigue ou de respirations superflues dans la narration entièrement vouée (à l'image de son héros) aux règlements de compte.

Seul exception, et qui humanise un peu le personnage de Duvall, la petite amie incarnée par Karen Black. En une poignée de scènes intimistes, cet être fragile plongés dans un monde d'hommes violent touche grandement et montre à quel point les préoccupations de ces tueurs sont éloignées de toute réalité par son histoire d'amour malheureuse avec Macklin, lorgnant sur le Guet-apens de Peckinpah. Le côté abstrait de ce monde criminel refermé sur lui-même nous apparaît par elle.

Parmi les quelques points décevants on regrettera un Robert Ryan un peu mou en méchant (alors qu'il excelle dans ces rôles d'ordures détestable mais il était déjà bien atteint par son cancer au moment du tournage ce qui peut expliquer) et un final pas aussi tendu qu'on pouvait l l'espérer mais qui a peut-être inspiré Michael Mann pour celui fabuleux du Solitaire. Un bon moment donc même si Flynn fera mieux dès le suivant et mémorable Rolling Thunder (1977).

Sorti en dvd zone 1 chez Warner dans la collection Warner Archives et donc sans sous-titres mais le film est annoncé prochainement en zone 2 chez Wild Side.

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