1820. Escrimeur émérite, Don Diego Vega
quitte Madrid pour rejoindre sa Californie natale, où il découvre que
son père, jusqu'alors gouverneur, a été remplacé par un despote local du
nom de Quintero. Don Diego feint de ne pas s'intéresser aux problèmes
économiques et politiques, et tombe amoureux de la belle Lolita. Mais la
nuit venue, il devient un mystérieux vengeur masqué appelé Zorro...
The Mark of Zorro
est un remake du film éponyme de Fred Niblo (1920) et représente pour
la Fox une tentative tardive de concurrencer les grands films
d'aventures et de capes et d'épées à succès de la Warner comme
Robin des Bois ou
Capitaine Blood.
Le célèbre héros créé par Johnston McCulley offre un écrin idéal pour
un film enlevé et spectaculaire et le studio met tous les atouts de son
côté avec la star maison Tyrone Power dans le double rôle Don Diego de
la Vega Zorro, Basil Rathbone mémorable méchant de
Robin des Bois et
Capitaine Blood
reprend ici du service en antagoniste coriace et le quota romantique
est assuré par une toute jeune et débutante Linda Darnell (17 ans et son
4e film).
Si les films Warner faisait se croiser swashbuckler et
film médiéval avec le genre cape et d'épée, on a ici plutôt des relents
d'atmosphère western avec ce cadre Californien ensoleillé. La narration
est un modèle du genre dans sa façon d'introduire de manière limpide
les aptitudes de Don Diego de La Vega, le contexte historique et sa
vocation de justicier tout cela en 20 minutes à peine. On découvre ainsi
Tyrone Power jeune cadet surdoué de l'armée espagnole rappelé dans sa
Californie natale et qui découvre sur le chemin du retour la misère et
la terreur dans laquelle vit le peuple tyrannisé par le gouverneur
corrompu Quinteron et son redoutable homme de main Capitaine Esteban
Pasquale (Basil Rathbone).
Pas d'atermoiements ou de sur explicatif
inutile, l'introduction a suffi et notre héros masqué revêt aussitôt son
costume pour défendre la veuve et l'orphelin. Il faut d'ailleurs
savourer ce moment car Tyrone Power n'enfile le masque que 10/15 minutes
sur toute la longueur du film qui aurait aussi bien pu s'intituler
Don Diego de Vega que
Zorro.
Zorro
est surtout ici un symbole, d'espoir pour le peuple et de crainte pour
les tyrans qui une fois qu'il a démontré ses capacités est même en son
absence une menace abstraite pouvant frapper à tout moment. Tout le film
joue là-dessus avec la photo d'Arthur C. Miller jouant grandement sur
les ombres, les effets de pénombres dans les décors où la créature de la
nuit Zorro peut se dissimuler, surgir et frapper comme un spectre.
Cette aura surnaturelle est marqué dans les apparitions où effets de
montage qui le font toujours apparaître de manière inattendue pour ses
ennemis terrorisé.
Même les scènes en plein jour le présentent comme une
silhouette noire furtive qui traverse l'écran dans un éclair (Batman
n'est pas loin). Malgré tout on peut quand même regretter que Tyrone
Power ne soit pas plus souvent en costume tant il a de l'allure avec.
L'acteur s'amuse par contre comme un petit fou en surjouant le masque
frivole et superficiel de Don Diego de La Vega, et est assez tordant
dans sa préciosité de dandy égocentrique (le moment où il arrive en
retard au dîner parce que "son bain était trop tiède"). Les moments romantique ont tout autant de panache notamment la première
rencontre avec Linda Darnell où elle lui ouvre son cœur alors qu'il est
déguisé en prêtre.
Il n'y a que l'aspect purement spectaculaire
qui déçoit un peu. Le film aurait gagné à être un peu plus long pour
approfondir les enjeux et la tension dramatique. Malgré son excellente
interprétation, Tyrone Power ne parvient pas à atteindre la noirceur que réussit à insuffler un Errol Flynn sous la légèreté car l'enchaînement
d'évènement trop rapide ne lui en laisse pas le temps. Du coup un seul
vrai grand duel à l'épée à se mettre sous la dent, mais assez
extraordinaire entre Tyrone Power et Basil Rathbone où les deux acteurs
s'avèrent des bretteurs de premier ordre (on savait déjà pour Rathbone),
la mise en scène virtuose de Mamoulian découpant au minimum leur joute
bien agressive.
Le final révolutionnaire est plus attendu mais assez
spectaculaire bien que trop bref. Après ce galop d'essai, la Fox
produira des films d'aventures à l'identité plus marquée où Power saura
apporter la profondeur attendue à ses héros notamment avec Henry King à
la réalisation sur les excellents
Le Cygne Noir,
Capitaine de Castille ou
Echec à Borgia. Sans égaler la cultissime série tv Disney ou la récente relecture
Le Masque de Zorro
(mais mieux que la très moyenne version de Duccio Tessari où Delon
sauve le film à lui seul), une transposition tout de même très plaisante
du personnage.
Sorti en dvd zone 2 français chez Fox
Gamine, j'ai fait des pieds et des mains pour aller voir un Zorro... persuadée d'y retrouver Guy Williams ! C'était "Zorro le rebelle" , un nanar italo-hispano-allemand pas piqué des vers. Même à 7 ans, j'ai senti que c'était épouvantable. J'ai été déçue, déçue...! Le truc bien, quand même, avec le temps: c'était au Louxor, lieu parisien devenu mythique.
RépondreSupprimerJe suis d'accord avec vous, cette belle version Mamoulian est néanmoins un tantinet trop pressée. Darnell y est absolument ravissante et le justaucorps en satin sied joliment bien à Tyrone Power, en particulier lorsqu'il danse.
La version Douglas Fairbanks, la plus ludique, restant ma préférée. L.F.