John Carter, un vétéran de la Guerre civile américaine, refuse
systématiquement de s'engager auprès de quelque cause que ce soit,
prétextant être à la recherche d'une mine d'or qui le rendra riche. Un
jour, il est mystérieusement transporté sur la planète Mars, où il fait
la rencontre d'une race de guerriers et de leur chef, Tars Tarkas. Alors
que les peuples de Mars, que ses habitants appellent Barsoom, se
livrent une lutte à finir, John est forcé de choisir son camp. Il
s'allie donc à la princesse Dejah Thoris, promise par son père au
commandant ennemi afin de faire cesser le conflit.
Parmi les grands fiascos de cette année 2012, l’échec
injuste de
John Carter aura enterré
pour un bon moment l’espoir de voir les studios se pencher sur des adaptations
des grands classiques de la littérature SF (à
la manière de ce qui se passa pour la fantasy avec le succès du Seigneur des
Anneaux).
Avatar (2009) de James Cameron avec
son mélange d’action, d’écologie et d’humanisme avait réveillé les fantômes de
cette littérature SF et d’aventure des années 50 et 60, notamment le
Cycle de Tschaï de Jack Vance.
Dans ce type d’ouvrage, on croisait des éléments d’aventure et de western dans
un contexte inconnu, dépaysant et exotique, ce qu’on retrouve précisément dans
Avatar qui donnait une version
space opera de l’histoire de
Pocahontas.
On ne peut accuser
John Carter de
surfer sur cette vague, le projet aboutissant enfin après un long
development hell dont une récente
tentative avortée par Kerry Conran (réalisateur du sympathique
Captain Sky et le monde de demain,
déjà une amusante tentative de SF rétro), puis Jon Favreau, avant de tomber
dans le giron de Disney. La légitimité du film tient surtout dans le fait qu’il
renoue avec les sources mêmes de cette littérature. Le récit est adapté des
ouvrages d’Edgar Rice Burroughs, pionnier de cet imaginaire avec ses créations
Tarzan, et donc
John Carter dont on transpose ici
le premier volet de son célèbre
Cycle de Mars.
Respectueuse, épique et touchante, la tentative est une réussite splendide.
Dans ce qui est son premier projet live, Andrew Stanton s’en sort avec brio et
laisse poindre les thématiques au centre de ces précédents films. On retrouve
ainsi la notion de deuil, se résolvant par une odyssée (spatiale ici, maritime
dans
Le Monde Nemo), le rapprochement
entre deux êtres de mondes opposés (les robots de
Wall-E,
la fillette et les monstres de
Monstres et Cie dont
il a écrit le scénario), mais aussi une méfiance envers une autorité s’imposant
par la duperie et le mensonge (l’apathie des humains de
Wall-E, la peur des humains qu’ont
les créatures de
Monstres et Cie).
Stanton s’est imposé comme l’un des réalisateurs les plus doués de Pixar, par
cette capacité à imprégner d’une humanité profonde les mondes imaginaires
parcourus et
John Carter ne fait pas exception.
Nous avons donc ici un protagoniste héros de la Guerre de Sécession, rendu
apathique par la tragique et violente perte de sa famille. Des circonstances
extraordinaires le propulsent dans le monde de Barsoom (nom que donnent les
martiens à leur planète), où, en contribuant à vaincre la tyrannie en marche,
il va aussi vaincre ses propres démons. Ce qui semble des défauts s’avèrent
finalement des choix judicieux, tel le choix du malingre Taylor Kitsch dans le
rôle-titre, loin du musculeux débordant de testostérone.
Son manque de charisme
apparent appuie l’aspect éteint et accablé du John Carter brisé du début de
film, et sert d'autant mieux l’iconisation décomplexée le mettant en valeur
lorsque galvanisé, il multipliera ensuite les exploits surhumains. On est
également assez éloigné des déesses aux formes généreuses des couvertures de
pulps avec la princesse de Barsoom
jouée par Lynn Collins. Là encore, en dépit de tenues affolantes dignes du
bikini de Carrie Fisher au début du
Retour du Jedi,
Stanton capture sa beauté avec une sobriété et une élégance qui ne distraient
pas du conflit intérieur du personnage, femme éduquée et contrainte de choisir
entre sauver son peuple et épouser un homme qu’elle déteste.
Ces enjeux intimes donnent consistance à un univers à
l’esthétique foisonnante. On reprochera sans doute à Stanton de délivrer un
visuel peu original, qui le rapproche fortement de
Star
Wars (l’ambiance péplum spatial de
La
Menace Fantôme et
L’Attaque des clones
vient plusieurs fois à l’esprit), mais c’est bien Lucas qui a pillé cet
héritage pour sa création et Andrew Stanton se contente de la reproduire
fidèlement, même si tout cela manque sans doute d’excès et de kitsch.
L’imagerie est donc fortement exotique et orientale dans les décors et costumes
de cette planète désertique et brûlée par le soleil.
La mise en scène de
Stanton se fait ample et énergique pour capturer les exploits de John Carter,
notamment sa capacité à effectuer des bonds prodigieux grâce à la gravité
décuplant ces aptitudes physiques avec nombre d’affrontements furieux. Ceux-ci
comme toujours gagnent en intensité en convoquant les sentiments : la catharsis
du héros affrontant un armée à un contre cent, les mœurs spartiates du peuple
Thark qui disparaissent pour un simple rapprochement père/fille en plein combat
(Willem Dafoe et Samantha Morton, fabuleux dans une prestation en
motion captures similaire aux Nav’i
d’
Avatar), un final épique où
l’intensité des batailles spatiales des
Star Wars n’est
pas loin.
C’est pourtant dans le long épilogue d’une grande poésie et
mélancolie que la magie fonctionne définitivement, justifiant la narration en
flashback (avec un joli clin d’œil à Edgar Rice Burroughs) et achevant la quête
de son héros désormais apaisé. Devenu légende, il mérite enfin l'aura
mythologique du titre
John Carter of Mars
qu'il retrouve dans sa totalité lors du générique de fin.
Le seul vrai défaut serait sans doute le rythme trop soutenu qui accélère trop
les évènements et dilue parfois la force de certains moments dont la fameuse
séquence où John défie seul une armée. On sait combien Disney tâtonna dans la
manière de vendre le film. On ressent donc les coupes destinés à le réduire aux
2h20 d’un format classique, propice aux séances quotidiennes. On peut toujours
espérer un possible director’s cut dans quelques années et regretter longtemps
les suites prometteuses avortées (la série comportant dix livres) et les
nombreuses productions que son succès aurait pu susciter.
Sorti en dvd zone 2 français chez Disney
Un beau gachis de la part de Disney, on lache 200M de $ dans la prod et apres on la vend n'importe comment a peine mieux que le dernier nanar de Nic Cage. Apres ils viennent se plaindre que le film se soit plante... C'est dommage l'univers Steam-fantastiquo-space op-epique etait vraiment seduisant. La fin du film marche en elle meme mais quand on connait les bouquins ca fait un beau cliffhanger.
RépondreSupprimerSnifff... on ne reverra pas la barsoomesque Lynn Collins (du moins plus en armure/bikini...).
Grift;)
Et sachant que Disney vient de racheter LucasFilm et la franchise Star Wars avec on peut imaginer sans problème pour quelle raison ils ont sacrifiés "John Carter" ça devait déjà être en cours au moment de la sortie donc plus besoin de se fouler pour le sortir correctement...
RépondreSupprimer