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dimanche 11 novembre 2018

Section d'assaut sur le Sittang - Yesterday's Enemy, Val Guest (1959)

1942. Alors qu’ils ont la retraite coupée par l’avance des Japonais, le capitaine Langford et ses troupes britanniques exténuées parviennent à prendre dans la jungle birmane un village tenu par l’ennemi.

En 1958 la Hammer remporte un immense succès avec le film de guerre The Camp of Blood Island réalisé par Val Guest. Le studio essuie néanmoins une vraie polémique en raison de la complaisance des descriptions des exactions japonaises, bien qu'il s'en défende en affirmant avoir adapté des faits réels. Les dirigeants réfléchissent à une production qui éteindra cette polémique et trouve la solution en adaptant la pièce télévisée Yesterday's Enemy, diffusée sur la BBC en 1958. Le film se base sur un réel crime de guerre commis par l'armée britannique en 1942 et va poser un regard complexe sur les nécessités discutables en temps de conflit. C'est le dilemme auquel se confronte les restes d'un bataillon britannique dans la jungle birmane où, réfugié dans un village ils vont se trouver en possession d’une information capitale sur une manœuvre japonaise à venir.

Le capitaine Lagford (Stanley Baker), encerclé par l'ennemi et observant l'épuisement de ses troupes est ainsi constamment déchiré entre la raison de guerre et son humanité. Chaque décision se doit d'être douloureusement pesée, que ce soit un maigre repos après les rigueurs de la jungle, abandonner les blessés condamnés pour les biens de la mission... Un moment clé du film sera lorsqu'il devra recourir à une solution radicale pour faire parler un espion, sacrifier des villageois pour obtenir des informations capitales. La prestation à la fois tourmentée et déterminée de Stanley Baker fait ressentir toute la criticité douloureuse de ses choix discutables, les personnages du prêtre (Guy Rolfe) et du journaliste (Leo McKern) se posant en cautions morales discutant ses options.

Le récit ne se montre pourtant jamais manichéen, ce que l'humanisme réclame se trouvant contredit constamment par la réalité de la guerre. Le recours radical à la violence est douloureux et inéluctable, la dernière partie retournant la situation avec cette fois nos héros à la merci des japonais. Cette péripétie a pour rôle de remettre en perspective les questionnements moraux initiaux tout en corrigeant le tir de The Camp of Blood Island en présentant cette fois un officier japonais réfléchi, respectueux de l'ennemi mais tout autant guidé par son devoir.

L'origine "théâtrale" (l'histoire sera effectivement jouée sur scène l'année suivante) privilégie les joutes verbale mais Val Guest n'en néglige pas pour autant la dimension guerrière. La jungle de studio est remarquablement réaliste grâce à la mise en scène de Guest qui parvient à en traduire le côté étouffant et suffocant. Le jeu sur le hors-champ rappelle le passif fantastique du réalisateur pour traduire le danger, tandis que le jeu sur les cadrages et composition de plan joue sur le suspense (tous japonais tapis en amorce dans le moindre recoin de buisson ou fourré) mais aussi d'émotion lors de la dernière partie avec cette fenêtre donnant sur le peloton d'exécution. Quant à la violence, elle n'a pas de nationalité tant les élans les plus brutaux (et qui détonnent pas mal dans le cinéma de guerre de l'époque) proviennent des deux camps. Une très belle réussite et un grand film de guerre méconnu.

Sorti n bluray et dvd zone 2 anglais chez Indicator et doté de sous-titres anglais 

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