Si le genre du teen movie naît avec La Fureur de Vivre de Nicholas Ray et trouve ses codes les plus identifiables dans American Graffiti de Georges Lucas, c’est véritablement John Hughes qui lui donnera ses lettres de noblesses avec ses quatre premiers films Sixteen Candles, Breakfast Club, Une créature de rêve et La Folle journée de Ferris Bueller. Jusque-là scénariste très doué pour certaines des meilleures comédies américaine du début des 80’s (dont le génial Bonjour les vacances/National Lampoon’s Vacation) Hughes emprunte au film de Ray cette capacité à donner une vraie tonalité dramatique et empathie aux tourments adolescents et à celui de George Lucas le principe narratif d’unité de temps (qui aura cours dans tous ses films) ainsi que le mélange harmonieux entre comédie insouciante et vraie gravité. Sixteen Candles, premier film de la série offre ainsi un brouillon charmant et attachant de ses préceptes qui seront de plus en plus affinés dans les films suivants (hormis le plus quelconque Une créature de rêve).
Samantha (Molly Grindwald) se réveille pleine d’incertitudes
en cette journée d’anniversaire où elle fête ses seize ans. Alors qu’elle s’était
imaginée depuis toujours que c’est l’âge où elle atteindrait le sommet de sa beauté
et séduction, il ne semble pas y avoir eu de grand changement en elle depuis la
veille, elle reste cette fille qui traverse le lycée invisible aux autres et
surtout du beau Jake Ryan (Michael Schoeffling) garçon populaire dont elle est
amoureuse. Pire, sa propre famille prise par les préparatifs du mariage de sa sœur
oublie de lui souhaiter son anniversaire accentuant la déprime de notre
héroïne.
Hughes développe ici ce qui sera un des moteurs du futur Breakfast Club, le rapprochement entre
les communautés lycéennes antagonistes. L’approche sera plus audacieuse avec l’installation
presque théâtrale de Breakfast Club
alors qu’ici cela se fait par une classique comédie romantique. Ainsi malgré
leur environnement bien différent, la « normale » Samantha a
finalement les mêmes aspirations que le beau gosse lycéen Jake Ryan. Celui-ci
sort avec la plus belle fille du lycéen Caroline mais cette dernière fêtarde et
délurée ne lui apporte pas la tendresse simple espérée et se met à rêver de Sam
lorsqu’il découvre par inadvertance ses sentiments pour lui. L’ensemble du film
est donc une suite de rendez-vous manqués et de malentendu entre eux dû à l’entrave
de l’image qu’il véhicule et qui les empêche de franchir le pas : Jake est
trop beau, trop sûr de lui et charismatique pour Sam tandis que celle-ci paru
plus mesurée, intelligente et spirituelle que les filles idiotes qu’il
fréquente d’habitude. Ainsi intimidé, ils n’échangeront leurs premiers mots qu’en
toute fin de film dans une belle scène de conclusion.
Parallèlement nous avons également une figure
de « geek » incarnée par Anthony Michael Hall (acteur fétiche de
Hughes avec Molly Grindwald) mais Hughes évite les clichés auxquels ce type de
personnage est désormais associé (si ce n’est avec ses acolytes en arrière-plan
dont un tout jeune et boutonneux John Cusack). L’acteur y est donc certes maladroit
avec les filles et un peu risible mais cela est plus dû à sa jeunesse et son
inexpérience que d’un réel complexe ou mal être, ses défauts finissant même par
séduire la belle Caroline au terme d’une nuit de beuverie. Au contraire Anthony
Michael Hall amuse grandement par son assurance et fanfaronnerie déplacée au vu
de son allure de gringalet et montre déjà tout ce qui en fera la figure la plus
attachante des films de Hughes notamment lors d’un échange plus intimiste avec
Molly Grindwald qui anticipe les ambiances feutrées de Breakfast Club.
Tout cela se fait dans un grand tourbillon loufoque où
Hughes à coup de personnages (l’étudiant chinois Long Duc Dong,
les grands-parents) et de situations extravagantes (une boum qui vire à
la destruction massive) déploie une énergie et un humour communicatif. Un joli galop d’essai qui allait se confirmer
l’année suivante avec le classique Breakfast
Club.
Sorti en dvd zone 2 français chez Universal
Sorti en dvd zone 2 français chez Universal
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