Fuyant la République populaire de Chine, Ip Man se réfugie à Hong Kong en 1949. Il y découvre une ville en désordre, où règnent la misère et la violence. À sa grande stupeur, de nombreuses écoles d'arts martiaux sont obligé de payer un tribu à la police anglaise. Révolté par cette situation, et grâce à ses indéniables talents en matière d'arts martiaux, Ip Man décide d'ouvrir sa propre école, basée sur le wing chun. Aussitôt, il est défié par les maîtres des écoles de la ville, qui n'hésitent pas à envoyer leurs élèves provoquer les quelques personnes prêtes à suivre l'enseignement d'Ip Man.
Ip Man (2008) avait été une vraie réussite et la collaboration la plus significative entre Wilson Yip et Donnie Yen. Ce dernier avait enfin trouvé SON grand personnage emblématique l’installant au côté des Jet Li, Bruce Lee ou Jackie Chan. Malgré quelques défauts, le film retrouvait un lustre épique et héroïque oublié depuis les Il était une fois en Chine (entre temps Les Trois Royaumes de John Woo et Detective Dee l’ont retrouvés) et augurait de belles promesses pour la suite qui ne manquerait pas de se faire vu le succès rencontré. Deux ans plus tard arrive donc cet Ip Man 2 qui prolonge bien les thématiques les plus passionnantes du premier volet, mais déçoit grandement sur d’autres points.
Ip Man montrait le parcours initiatique d’une icône ramenée à son statut de simple homme de chair et de sang. Maître d’arts martiaux adulé et respecté de tous, Ip Man découvrait la vacuité de cette aura l’entourant lorsqu’il assistait impuissant aux exactions de l’envahisseur japonais contre lequel ses facultés s’avéraient inutiles. Simple être humain, il ne pouvait désormais plus opposer que sa conviction à l’ennemi et endosser ainsi les souffrances du peuple chinois. En se battant pour sa propre gloire, Ip Man restait une figure creuse mais en tant qu’étendard de la Chine, il méritait enfin la légende qui l’accompagnait.
Cette suite reprend la même progression où notre héros, désormais installé à Hong Kong, va devoir reconquérir son statut et, à l’inverse, passer de l’homme à la légende. On découvre ainsi un Ip Man devant refaire ses preuves lorsqu’il ouvre une nouvelle école et rencontrer la défiance des maîtres déjà installés. Intimidations, altercations avec les gangs locaux et difficultés à joindre les deux bouts forment l’essentiel de cette première partie prenante. Les morceaux de bravoures sont aussi nombreux et fulgurants que dans le premier opus , avec notamment un affrontement dantesque à la machette contre une horde de voyous, et surtout un rite d’initiation se concluant par un combat virtuose Sammo Hung/Donnie Yen en équilibre sur une table.
Le film pêche malheureusement en voulant artificiellement reproduire le schéma du précédent volet. Après la barbarie de l’envahisseur japonais, c’est le mépris de l’occidental, et plus précisément anglais, qui constitue l’antagonisme de cet opus. Problème : le contexte dramatique fort de Ip Man ne trouve pas son équivalent ici, d’autant que la finesse des thématiques similaires dans la trilogie Il était une fois en Chine de Tsui Hark est absente. Les éléments les plus intéressants sont amenés par la touchante interprétation de Sammo Hung, dont le personnage, à force de compromis, se trouve pieds et poings liés à la corruption étrangère. Le traitement xénophobe et caricatural des anglais plombe malheureusement l’ensemble, d’autant que le casting prolonge la tradition des acteurs occidentaux ridicule dans le cinéma hongkongais. Si le film ne se drapait pas d’un ton relativement sérieux, l’écart serait sans doute plus acceptable, mais dans ce contexte l’ensemble devient très embarrassant.
La dernière partie lorgne ainsi dans un poussif remake de Rocky IV, où un boxeur anglais défie les arts martiaux chinois. L’interprétation grotesque de ce dernier, contrebalancé au ton dramatique appuyé, déséquilibre totalement le film, d’autant que ses capacités sont artificiellement gonflées. Il faut donc une certaine suspension d’incrédulité pour accepter de voir Sammo Hung malmené par un bœuf braillard bodybuildé ou Donnie Yen rencontrer des difficultés face à lui. Malgré l’idée judicieuse de jouer sur la différence de gabarit pour justifier l’opposition des styles, les combats sont très poussifs.
Wilson Yip n’ose pas dans les Ip Man donner dans la démesure « comics book » de certains de ses autres films, ce qui aurait pu faire passer éventuellement. On a un ton de fresque ambitieuse pour un traitement de série B musclée bas du front, il y a un écart qui handicape constamment le film. Cela déteint même sur la prestation de Donnie Yen, finalement trop lisse vu le cheminement moins subtil de cette suite. A défaut du grand film attendu, on aura finalement un honnête divertissement et rien de plus. Un troisième épisode est en préparation, on l'espère plus intéressant...
Comme le premier, disponible en dvd zone 2 français chez HK Vidéo
En attendant éternellement qu'arrive Tony Leung et Wong Kar Wai...
RépondreSupprimer* qu'arrivent
RépondreSupprimerC'est clair depuis le temps qu'on l'attend le Wong Kar Wai, les premières images faisaient très envie en plus ça pourrait bien le sortir de son impasse créative actuelle si on fini par voir le film un jour ^^.
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