Jay Cochran est un ancien pilote de
chasse. Il est invité à Mexico par son vieil ami Tiburon, puissant
propriétaire terrien et peu recommandable. Jay tombe alors amoureux de
la très belle Miryea, la jeune épouse de ce dernier. La vengeance de
l'époux trahi sera terrible...
Tony Scott avait réalisé des débuts tonitruant avec Les Prédateurs
(1983), une des plus belles illustrations contemporaine du mythe du
vampire. L'insuccès de ce galop d'essai avait malheureusement contraint
le réalisateur à se perdre dans des produits commerciaux où l'on ne
reconnaissait plus l'auteur de Hungers avec Top Gun (1986 et qui reste néanmoins un petit plaisir coupable) et Le Flic de Beverly Hills 2 (1987). Il faudrait attendre Revenge
pour retrouver le romantisme noir de Tony Scott qui s'approprie là un
matériau très disputé. Le film adapte la nouvelle éponyme de Jim
Harrison parue en 1979 dans le recueil Legends of the fall (et contenant donc aussi Légendes d'automne
adapté plus tard dans les 90's avec Brad Pitt) et que se disputèrent
des cinéastes aussi prestigieux que Sydney Pollack, Jonathan Demme ou
John Huston. Ce dernier s'opposera d'ailleurs au choix de Kevin Costner
convoitant le rôle mais la star au sortir du succès des Incorruptibles
possède assez de pouvoir pour le produire lui-même. Cela aurait même pu
être la première réalisation de Costner avant Danse avec les loups mais
les producteurs calmeront ses ardeurs et feront appel à Tony Scott qui
signe là un de ses meilleurs films.
Jay Cochran (Kevin Costner)
ancien pilote fraîchement retraité de l'armée décide de rendre visite au
Mexique à son vieil ami Tiburon Mendez (Anthony Quinn), homme puissant
menant ses affaires d'une main de fer. Malgré leur amitié solide,
l'entourage douteux, les ambitions et agissements peu recommandables de
Tiburon vont progressivement créer un fossé entre les deux amis. Cette
dichotomie entre la chaleur des relations privées et la froideur des
affaires, Miryea (Madeleine Stowe) la jeune épouse de Mendez la connaît
bien et c'est ce qui va la rapprocher de Jay avec lequel elle va
entamer une liaison torride. Lorsque Tiburon le découvrira, sa réaction
sera terrible et les entraînera tous dans une irréversible spirale de
violence.
Dès les premiers instants du film, la photo de Jeffrey L.
Kimball confère à ce Mexique une imagerie ensoleillée oscillant entre la
chaleur immaculée du paradis et le rougeoiement de l'enfer. Un film
comme La Horde Sauvage était à
sa manière une illustration outrancière de toute l'aura mythologique et
tapageuse que véhicule le Mexique dans la culture populaire. Tony Scott
s'y essaie également à sa manière plus intimiste avec fce olklore local
s'exprimant pour le meilleur et pour le pire. Politiciens corrompus,
moindre contrariété, regard ou mot de travers conclut à coups de
revolver. L'américain plus mesuré que joue Kevin Costner ne trouve bien
sûr pas sa place dans ce monde d'excès, mais va pourtant être contaminé
par cette fièvre par son attirance fiévreuse pour Miryea.
Pour se fondre
dans ces lieux, il doit à son tour basculer dans l'irrationnel. Tony
Scott est avare de longs dialogues inutiles et instaure une tension
sexuelle intenable pour ses deux protagonistes qui ont finalement peu à
se dire, les regards, silences et raideur corporels trahissant leur
émois mutuels. Lorsqu'ils s'abandonnent enfin, c'est une libération que
Scott traduit par des scènes très osées pour ce type de productions où
Costner et Stowe vont loin dans le rapprochement. Le drame est en marche
au cœur même de ces moments torrides où les personnages se savent
perdus sans pouvoir s'arrêter, à l'image de Costner giflant sa
partenaire avant de l'embrasser de plus belle.
Pourtant comme un
dialogue le soulignera, dans ce monde de toutes les outrances, un
adultère ne se règlera que dans le sang et les larmes. Anthony Quinn
offre à ce titre une performance captivante. Meurtri par cette double
trahison, il semble comme se forcer à entamer le cycle de violence qu'on
attend de lui en retour et chacun de ses actes les plus révoltants
semblent ainsi imprégnés de cette douleur contenue. Alors qu'il ne
souhaiterait que se réfugier dans sa peine, il se doit de montrer sa
nature impitoyable à ceux qui l'entoure car c'est ainsi que fonctionne
son monde.
Chacun aura cédé à ses passions avec excès et si l'on
s'attache forcément plus au couple Jay/Miryea, il n'y aura pas de vrais
héros ni vainqueur dans ce Revenge
dont le titre relève finalement d'une certaine ironie. Après le
châtiment brutal et insoutenable infligé par Tiburon, on alternera ainsi
entre les morts intérieures et en sursis de chacun des trois
protagonistes. Jay remonte rageusement la piste de Miryea dans un
Mexique truffé de danger mais l'absence de crescendo dramatique, les
acolytes accessoires (Miguel Ferrer et un tout jeune John Leguizamo) et
la violence sèche montre bien que l'enjeu ne reposera pas sur sa
vengeance. L'ambiance western est bien plus crépusculaire et désenchantée que conquérante.
Tiburon lorsqu'il recroisera sa route lui demandera
simplement de s'excuser de sa trahison et Jay lucide s'exécutera. Les
compisitions de plans somptueuses de Scott capturent autant la
sauvagerie que la beauté des paysage de ce Mexique qui semble comme
consumer les âmes solitaires qui le traversent, tel ce cow-boy texan
(James Gammon) vendeur de chevaux et compagnon de route éphémère mourant
en silence de ses abus.
Miryea apparait comme la figure la plus
tragique du film, défigurée droguée et souillée, ne survivant que dans
l'attente de revoir Jay dans de magnifique retrouvailles finale où la
superbe musique de Jack Nitzsche traduit autant le romantisme que la
tragédie inéluctable.
Jay aura navigué entre la fureur (Tiburon) et la
paix intérieure que peuvent susciter ces terres (la longue scène de
convalescence avec Tomás Milián dont on découvrira également le drame
personnel avec une belle retenue) et la conclusion semble nous montrer
qu'il est sans doute prêt à pencher vers la seconde. Une des grandes
réussites de Tony Scott, saluée avec le temps notamment par un Quentin
Tarantino qui quand il le verra transposer son script inaugural de True
Romance y attendra plus le réalisateur de Revenge que celui de Top Gun.
Sorti en dvd zone 2 français chez Sony et un director"s cut plus court existe également en bluray
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On peut préférer "Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia", avec son Mexique de cauchemar et sa bouleversante histoire d'amour maudit ; Nitzsche brilla aussi chez Forman, Carpenter ("Starman", pour rester dans le registre sentimental) ou Friedkin ; quant à Scott, quoi que l'on pense de sa filmographie (ou de celle de son frère), il ne méritait certes pas les applaudissements critiques injurieux qui accompagnèrent son suicide...
RépondreSupprimerCe n'est pas tout à fait le même esprit que le Peckinpah je trouve qui est un film désespéré qui vous enfonce dès le départ avec ses personnages usés et son atmosphère sordide. Là ce que j'ai trouvé intéressant c'est de vraiment installer tout les codes d'un film de genre, de western et des les désamorcer complètement tout en en gardant la construction. Le Peckinpah on est cloué au sol dès le départ et il tourne volontairement le dos à une construction héroïque qu'il connaît bien, Scott la garde mais pour en faire autre chose (curieux de lire la nouvelle de Harrison après coup d'ailleurs). Scott a un peu mélangé les Mexique de la Horde Sauvage et d'Alfredo Garcia dans sa vision en fait.
SupprimerPour Tony Scott j'ai le souvenir surtout d'un texte honteux où le journaliste disait qu'il s'était suicidé car il faisait un complexe par rapport à son frère. Sachant que sur les 10/15 dernières années la filmo de Tony est bien plus intéressante (il n'y a qu'à comparer leur deux films d'espionnages commun de l'époque avec un Spy Games autrement plus prenant que le Mensonge d'état de Ridley) que celle de Ridley qui n'a jamais su faire ne serait ce qu'aussi bien que ses quatres premier films quand Tony n'a cesser de s'améliorer.
J'aime beaucoup Nitzsche aussi le score de Starman est fabuleux, et hors cinéma un grand producteur aussi : Mink Deville, ingénieur de Phil Spector...