Roger Pouplard,
(Jean-Pierre Marielle) la quarantaine, bel homme, mais esbroufeur et jaloux a
quitté femme et enfant pour vivre avec Nadia (Sophie Daumier) une jeune femme
riche et super sexy. Il vit cependant un peu mal cette situation et tente une
rencontre entre sa femme et sa maîtresse autour de la table de ses parents. La
rencontre vire au drame et au pugilat entre les deux femmes. Nadia prend le
volant, rentre et boude. Pour la calmer Roger lui promet de l'emmener à
Deauville, là il rencontre Chanteau (Marco Perrin), un vieux copain accompagné
d'Yvette, sa secrétaire (Dominique Lavanant).
Deux ans après le succès des Galettes de Pont-Aven (1975), Joël Séria (qui entretemps avait
signé le déroutant Marie-poupée
(1976)) se retrouvaient avec ce Comme la
lune qui constitue une variation passionnante et hilarante de leur film
culte. Comme la lune reprend une
partie du postulat des Galettes de
Pont-Aven avec de nouveau un quarantenaire quittant vie de famille terne
pour une jeune femme sexy et portée sur la chose. Seul grosse différence, les
aspirations libertaires qui causaient le départ du héros de Pont-Aven sont ici remplacées par une
pure motivation libidineuse et matérielle pour Roger Pouplard (Jean-Pierre
Marielle). La fibre artistique du personnage de Pont-Aven donnait une poésie et
une sensibilité qui ne s’estompait jamais même dans ses élans les plus
paillards telles ces envolées sur les postérieurs féminins.
Rien de tout cela ici avec le beauf magnifique qu’est
Pouplard, profitant avec autant de voracité des formes généreuses de sa riche maîtresse
Nadia (Sophie Daumier) que des luxueux cadeaux et du cadre de vie qu’elle lui
offre. Il se vante d’ailleurs avec un m’as-tu vu vulgaire équivalent de sa
voiture, de ses costumes criards que de cette compagne sexy, savourant les
regards concupiscents des autres hommes. On rit donc souvent des facéties d’un
Jean-Pierre Marielle en faisant des tonnes dans les poses fortiches et les
tirades machistes, maladroit même quand il semble montrer un semblant de
sensibilité en organisant l’improbable rencontre entre sa maîtresse et son
ex-femme (qui finira naturellement en pugilat).
Joël Séria nous montre un rêve libertaire baba cool qui semble avoir basculé vers le capitalisme, le sexe et la vie de luxe abordés dans une logique consumériste ayant remplacé les rêves d’amour et de peinture des Galettes de Pont-Aven. Sous les francs éclats de rire, le constat aurait donc plutôt tendance à être amer après la mélancolie douce du précédent film.
Joël Séria nous montre un rêve libertaire baba cool qui semble avoir basculé vers le capitalisme, le sexe et la vie de luxe abordés dans une logique consumériste ayant remplacé les rêves d’amour et de peinture des Galettes de Pont-Aven. Sous les francs éclats de rire, le constat aurait donc plutôt tendance à être amer après la mélancolie douce du précédent film.
Pourtant dans la dernière partie une vraie émotion daigne
enfin se dévoiler, là encore en reprenant la structure des Galettes de Pont-Aven où le ton rigolard disparaissait lorsque le
héros était quitté. Le bling-bling et le sentiment de possession machiste est
poussé à son paroxysme jusqu’à ce que Pouplard perde tout pour plus nanti que
lui. Livré à lui-même en compagnie d’une autre malheureuse en amour Yvette
(Dominique Lavanant) il va comprendre l’aveuglement où il avait sombré. Marielle par sa bonhomie
avait réussi à rendre son personnage plus risible que détestable et ainsi mis à
nu s’avère réellement touchant. Dominique Lavanant en vieille fille malmenée
par les hommes amène aussi une belle émotion, Séria filmant leur rapprochement
avec une délicatesse aux antipodes de la frénésie grotesque des ébats entre
Marielle et Sophie Daumier.
Un habile parallèle final en flashback où Pouplard se trouve
confronté à la même situation que son adultère initial laissera même clairement
entendre que notre héros a changé. Conscient qu’un monde sépare déjà l’univers
de Comme la lune et Les Galettes de Pont-Aven (la Bretagne
champêtre et la Normandie flambeuse) et que la société se transforme, Joël
Séria conclut d’ailleurs le récit sur une note ambiguë loin de l’idéalisme de Pont-Aven. Pouplard semble retrouver de
sa forfanterie et Yvette fait les yeux doux à un jeune éphèbe, le règne de la
frime 80’s et de la quête du clinquant s’annonce dans cette fin ouverte. Une œuvre
qui vaut bien plus que ses atours volontairement grossiers.
Sorti en dvd zone 2 français chez Réné Chateau, une meilleure édition existait dans un coffre Joël Séria édité par Studiocanal mais est aujourd'hui épuisé.
Extrait
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