Shinjin, un
réalisateur has-been à l'égo surdimensionné, met dans son lit tout un tas de
femmes, jeunes ou plus âgées, pour se sentir mieux. Dans le même temps, la
production de son dernier long métrage est mise en péril quand son actrice
principale quitte le projet. Ses derniers moyens de gagner de l'argent
s'envolent et Shinjin est désemparé...
Chaudes gymnopédies
s’inscrit dans le projet de revival des Roman Porno de la Nikkatsu, en
cherchant à retrouver l’audace des classiques des années 70 mais thématiquement
revus au goût du jour. La démarche s’avère d’ailleurs assez directe avec Chaudes gymnopédies qui est le remake de
L’extase de la Rose noire de Tatsumi
Kumashiro (1975). Seul le point de départ s’avère néanmoins identique, à savoir un
cinéaste lâché par son actrice principale qui va tout au long du récit errer en
quête de rédemption artistique chez Kumashiro, et dans un questionnement plus
existentiel chez Isao Yukisada. La différence vient du statut des deux
personnages principaux. Le héros de L’extase
de la rose noire est un outsider œuvrant dans le cinéma porno amateur, mais
dont la fièvre érotique et la foi en son art aide à surmonter tous les
obstacles. A l’inverse, Shinji (Itsuji
Itao) est un cinéaste classique au succès lointain et dont le déclin l’amène à
tourner un film érotique dont la production va tourner court.
L’errance du personnage de Kumashiro était donc pleine
d’énergie décalée et picaresque, le contexte libertaire et une certaine
dimension méta rendant ludique tous
les apartés érotique. Rien de tout cela avec Shinji qui traîne sa peine au fil
des rencontres et situations incongrues qui ne le grandissent pas. Son aura
déclinante de cinéaste prestigieux et de « sensei » l’amènent à séduire
abusivement des jeunes femmes, ou alors à recroiser d’ex amantes ou épouses
partagées entre affection, pitié et mépris pour lui. Notre héros blasé exécute
d’ailleurs selon une même gestuelle brutale chacune des étreintes avec ces
partenaires féminine, n’en tirant aucun plaisir si ce n’est celui de la
domination. Le film est bien plus proche du travail d’un Hong Sang Soo que des
classiques plus méta et introspectifs mettant en scène un cinéaste comme Stardust Memories de Woody Allen (1980) ou 8 ½ de Federico Fellini (1963). L’érotisme ne
fonctionne donc pas par le prisme du personnage principal ou alors de façon détournée
et discutable, la séquence la plus troublante étant celle où son ex-femme se
donne à un fétichiste pour lui procurer la somme dont il a besoin.
Le héros évite d’être détestable par la mélancolie qu’il
dégage. Les raisons en reste longtemps obscures avant que son comportement se
couvre du sceau de la culpabilité. Les séquences hallucinées et onirique
mettant en scène la pièce de l’appartement où trône un piano entourée de fleur
illustre le mal-être qui ronge Shinji, le lieu s’apparentant à un linceul.
C’est dans ce contexte que l’érotisme se teinte d’étrange avec ce jeu de regard
avec une voisine exhibitionniste (jouée par la vraie actrice porno Sho Nishino
déjà remarquable dans un rôle classique sur le Hotel Singapura d’Eric Khoo). C’est donc assez captivant
thématiquement par sa relecture neurasthénique du film de Kumashiro, mais l’on
regrettera tout de même que la forme un peu terne (un des principaux problèmes
de ces revivals notamment la photo impersonnelle) ne suive pas.
Sorti en dvd zone 2 français chez Elephant Film
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