Orphelin à la suite
d'un bombardement sur Londres, le petit Peter Frye est recueilli par un vieil
artiste de cirque, Gramp, qui manifeste tant d'affection et de gentillesse pour
l'enfant que celui-ci se laisse peu à peu apprivoiser. Quelle n'est pourtant
pas la surprise de Peter, un matin, de sortir du bain avec les cheveux verts !
Du jour au lendemain, il devient l'objet, puis la victime de la curiosité de
ses petits camarades et des adultes qui se moquent de lui.
Le Garçon aux cheveux
verts s’inscrit dans la volonté de produire une série de projets
progressistes au sein de la RKO pour le producteur Stephen Ames. Il lance ainsi
l’adaptation de la nouvelle éponyme de Betsy Beaton qui sera la première
réalisation de Joseph Losey. Celui-ci fort de son parcours artistique et
politique engagé au théâtre et au sein du parti communiste (il effectuera un
voyage à en Russie en 1931) s’avère le candidat idéal pour cette fable qui
ironiquement anticipe ses futures mésaventures face à la paranoïa du Maccarthysme.
Le jeune Peter Frye (Dean Stockwell) est un orphelin à qui l’on
a caché la disparition tragique de ses parents, et qui depuis est trimballé
entre divers membres de sa famille sans pour autant retrouver de foyer fixe. A
travers le personnage bienveillant et aimant de Gramp (Pat O'Brien), Losey se
place à hauteur d’enfant pour dans un premier temps montrer la confiance à
gagner pour Peter autorisé à investir ce nouvel espace familial. C’est grâce à
cette assurance retrouvée qu’il saura faire s’affirmer face à l’épreuve intime
qui va s’imposer à lui. Peter finit par découvrir la vérité quant au sort de
ces parents, ce qui le différencie de ses camarades à la cellule familiale
intacte. De par l’action humanitaire de ses parents défunts, Peter devient le
symbole des exclus et des délaissés. Cette idée prend un tour plus poétique
lorsque Peter se réveille avec les cheveux verts ce qui manifeste visuellement
cette différence. Celle-ci n’existe qu’à travers le regard des autres, Peter
étant tout d’abord amusé lorsqu’il constate seul le phénomène, avant de se
sentir complexé puis exclu suite à la réaction de ses camarades et des adultes.
La démonstration n’est certes pas des plus subtiles, mais la
candeur de Dean Stockwell, la bienveillance de l’institution (la maîtresse d’école
jouée par Barbara Hale, le psychiatre qu’incarne Robert Ryan) et la belle
symbolique des scènes oniriques dégagent une émotion sincère qui fonctionne. Le
parti pris fort du récit est de refuser le retour à la normale, l’histoire s’achève
sans que l’on sache si Peter retrouvera sa couleur de cheveux originelle. Il
incarne une idée de coexistence qui n’a pas à s’adapter à la norme mais doit s’y
fondre et y être accepté. Avec le recul, Losey se montrera sévère avec ce
premier essai dont l’esthétique acidulée est loin de ses choix initiaux plus
radicaux réfrénés par ses producteurs (tournage en 16mm façon home movie, fable
plus orientée sur la discrimination raciale que le seul pacifisme…). Evidemment
même si Le Garçon aux cheveux verts est loin de la force et de l’ambiguïté des
chefs d’œuvre à venir, cela reste est joli film qui impose déjà la personnalité
de son auteur.
Sorti en dvd zone 2 français aux Editions Montparnasse
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