Hollywood, les années 30. La vedette Frances
Farmer scandalise par son anti-conformisme. Comédienne de talent, elle
connaît la gloire. Hollywood va s'acharner à briser la carrière de
l'actrice en l'enfermant dans des rôles de second plan.
Frances est le biopic de Frances Farmer,
actrice hollywoodienne montante des années 30 qui vit son destin brisé
par le système à cause son anticonformisme. Le film suit très fidèlement
et chronologiquement l'existence de France Farmer, malgré une narration
très elliptique (on passe de l'adolescence à la starlette
hollywoodienne et jeune mariée en 30 mn). Le fil rouge du récit est
cependant bien visible, il s'agit de confronter la personnalité de
Frances Farmer (Jessica Lange) à un interlocuteur, un environnement et
tout simplement une époque qui se refuse à laisser une telle
indépendance de pensée à une femme. Frances ne cherche jamais à
ouvertement provoquer, mais chacune de ses initiatives va choquer son
entourage et progressivement la mettre à la marge. Ainsi elle gagne
adolescente un prix littéraire pour un texte où elle évoque la mort et
l'indifférence de Dieu. Ce coup d'éclat attire déjà la lumière des
médias et jettent un opprobre prématurée sur elle. Jeune actrice de
théâtre elle accepte la récompense d'un concours d'interprétation qui
consiste en un voyage à Moscou, ce qui la fait qualifier de communiste.
Le problème de Frances est que son charisme et sa beauté amènent les
autres à projeter en elle une image, un rôle et un idéal que son
caractère impétueux refuse d'endosser. Cela est manifeste lorsqu'elle
intègre la Paramount des années 30 et par conséquent le très directif
système studio d'alors. Joli bibelot que les studios pensent modeler à
leur guise, Frances s'émancipe de la cage dorée que l'on veut lui
forger. Néanmoins le jeu subtil de Jessica Lange laisse entrevoir la
dimension presque maladive de l'insoumission de Frances. On le sait,
pour peu que l'on joue un minimum du jeu médiatique et commercial des
studios, après quelques succès au box-office des actrices comme Bette
Davis ou Joan Crawford acquirent un pouvoir de décision immense sur leur
carrière. Frances est incapable de cette compromission et va en payer
le prix. Elle met sa confiance et son âme entre les mains du dramaturge
Clifford Odet pour la création théâtrale Golden Boy,
mais sous les grands discours l'artiste pragmatique la laissera tomber
pour une vedette plus à même de permettre le financement de sa pièce.
Ce modèle auquel on essaie de la plier concerne autant les
personnalités bienveillantes pour elle comme Harry (Sam Shepard) qui
souhaite l'épouser, les tabloïds pour lesquels elle est la lucrative "folle d'Hollywood", que pour les psychiatres castrateurs devant lesquels
elle doit montrer patte blanche. Mais quoiqu'il en coûte Frances
refusera, car cette enfermement à une origine plus profonde. Sa mère
(Kim Stanley) fut la première à fantasmer en Frances toute l'ambition et
le destin extraordinaire dont elle rêvait pour elle-même. Cette mère
abusive encourage les excès de Frances tant qu'ils attirent la lumière
(cette première de film dans leur ville de Seattle où la mère parade et
savoure le glamour plus que sa fille), mais dès que celle-ci recherchera
l'anonymat, elle préfèrera l'interner plutôt que de la laisser devenir
une nobody.
La dernière partie du film prend ainsi un tour totalement
cauchemardesque où se multiplient les allers-retours en hôpitaux
psychiatrique. L'esthétique oscille entre esthétique clinique pour
traduire l'inhumanité de ces établissements et leurs méthodes sordides,
et un aspect halluciné de cours des miracles quasi moyenâgeuse. Les
pires séquences s'avèrent malheureusement avérées (Frances violée par le
personnel hospitalier avide de "se faire" une star) et bénéficient de
l'interprétation incandescente d'une Jessica Lange habitée. Elle émeut
dans le registre écorché tout comme dans celui, éteint et brisé par les
épreuves de la séquence finale. L'actrice réussira d'ailleurs l'exploit
cette année-là d'être nommée deux fois à l'Oscar, celui de la meilleure
actrice pour Frances et du meilleur second rôle pour Tootsie
de Sydney Pollack - c'est ce dernier qui lui vaudra la récompense
suprême. Un magnifique biopic portée par une prestation puissante pour
un portrait de femme touchant.
Sorti en dvd zone 2 français chez Studiocanal
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