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vendredi 12 février 2021

Freddy 5 : L’Enfant cauchemar - A Nightmare on Elm Street: The Dream Child, Stephen Hopkins (1989)


 L’ignoble Freddy Krueger trouve un judicieux stratagème pour revenir parmi les vivants et recommencer son terrible massacre : il prévoit de se réincarner dans le bébé qu’attend Alice Johnson. Pour sauver son enfant, elle va devoir, une ultime fois, tenter de détruire le monstre une bonne fois pour toutes.

Au moment où sort ce cinquième opus de la saga Freddy, le personnage a perdu de sa superbe horrifique alors qu’il est au sommet de sa popularité et de son succès au box-office. Freddy est devenu une sorte d’icône pop largement exploitée par New Line dont il a fait la fortune, par le merchandising et même une série télé. Depuis le troisième volet Les Griffes du cauchemar (1987), c’est une mécanique bien huilée avec des scénarios parfois prétextes à des scènes de mise à mort inventives qui font tout, et parfois même le seul intérêt du film comme avec le quatrième opus Le Cauchemar de Freddy (1988). Tout en cédant à ces quelques écueils, L’Enfant cauchemar trouve un vrai angle intéressant pour éviter la routine. Freddy ayant perdu de son aura mystérieuse et menaçante, le scénario choisit de faire de ses origines atroces (révélées dans le troisième film) le fil rouge du récit. Le film est la suite directe du précédent et l’on en retrouve l’héroïne Alice (Lisa Wilcox) dans un scénario qui reprend une idée abandonnée lors de la conception du second volet La Revanche deFreddy (1985), Freddy prenant possession du fœtus d’une femme enceinte. 

Alice ici à la fin de ses études semble avoir figé Freddy dans les limbes grâce à ses pouvoirs mentaux. Découvrant qu’elle est enceinte de son petit ami Dan (Danny Hassel), elle comprend que cet état ouvre une porte d’entrée à Freddy grâce aux rêves du bébé. Le concept est assez fou mais habilement amené malgré quelques aspects discutables (on pourrait accuser le film d’être anti-avortement alors que cette solution résoudrait le problème mais est exclue) et donne une atmosphère particulière au film. La maternité est née de l’amour pour Alice tandis que les flashbacks révèlent sa source cauchemardesque pour Freddy, fils d’une nonne violée par une centaine d’aliénés mentaux. 

Ainsi Freddy est l’incarnation de cet acte monstrueux quand le fils d’Alice apparaît sous forme de projection mentale et oscille entre la bienveillance de sa mère et le mal de Freddy dont il est le vecteur. Les scènes « réelles » sont parcimonieuses car notre croquemitaine à travers ce fœtus au sommeil moins concret peut envahir l’esprit de ses victimes à tout moment. On est donc dans une sorte de long tunnel onirique où les visions d’horreur exploitent comme d’habitudes les failles psychologiques des victimes, mais où l’on explore aussi les pans sombres du passé de Freddy.

Comme pour les précédents opus, la production choisit avec Stephen Hopkins un jeune réalisateur prometteur à l’identité visuelle marquée. Fort de ce fond thématique intéressant, les morceaux de bravoures acquiert une puissance supplémentaire car impliquant et pas seulement des apartés pyrotechniques. De plus, le casting adolescent est relativement creusé et échappe au côté chair à canon sans saveur. On retrouvera la thématique des parents indignes avec cette jeune fille étouffée par sa mère et au passif anorexique qui est radicalement soigné en étant gavée par Freddy, jouant d’ailleurs sur sa passion des poupées par l’allure grotesque que lui confère ce « repas ». 

Un protagoniste passionné de bd se retrouve coincé dans un entre-deux esthétique à travers des trucages optiques qui rappelle  le fameux clip Take on me de A-Ha. Le jeu entre l’environnement noir et blanc et les protagonistes en couleur et l’effet de papier donnant un gore abstrait mais fou rend la séquence mémorable.  Le décorum sordide et gothique détonne avec la « légèreté » des précédents notamment avec l’incroyable décor de l’asile psychiatrique.

Le ridicule n’est jamais loin mais l’audace visuelle et psychanalytique des concepts maniés rend le tout très singulier. Une autre des idées intéressante est d’ailleurs que le seul embryon de souvenir de l’expérience du contact de Freddy le rend presque éternel et toujours amené à renaître de ses cendres. Il est la manifestation d’une symbolique du traumatisme dont on ne se remettra jamais vraiment, que l’on enfouit en soit mais qui ressurgira toujours dans l’inconscient meurtri. Malheureusement cette approche et ces principes s’avéreront trop complexe pour le public puisque après une suite de triomphes commerciaux croissants, L’Enfant cauchemar fera un des score les plus faibles de la saga au box-office. 


 Sorti en bluray et dvd zone 2 français chez Metropolitan

 

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