Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mercredi 10 février 2021

Traquée - Framed, Richard Wallace (1947)


 La belle Paula Craig persuade son amant Stephen Price de cambrioler la banque pour laquelle il travaille. Paula tue Stephen et réclame l'aide d'un jeune ingénieur, Mike Lambert. Ce dernier apprend que Paula cherche à faire endosser le crime à l'un de ses meilleurs amis...

Traquée est une remarquable série B sous haute influence des classiques Assurance sur la mort de Billy Wilder (1944) et Le Facteur sonne toujours deux fois de Tay Garnett (1946). Ces deux films étaient adaptés de James M. Cain, et étaient porté par l'apport de ce dernier dans le polar à savoir délaisser les histoires de gangsters et de détective pour placer les gens ordinaires et leurs démons au centre du récit criminel. Sans égaler ces chefs d'œuvre, Traquée relève de la même approche. Comme souvent dans ce schéma nous avons un pauvre bougre (Glenn Ford) qui va tomber dans les griffes d’une femme fatale (Janis Carter) qui va le manipuler en vue d'une machination où notre héros devra mourir en se substituant à son amant pour qu'ils s'échappent avec un magot. Mike (Glenn Ford) est un déçu revenu de tout mais toujours croyant en sa bonne étoile tandis que Paula (Janis Carter) elle aussi frustrée par sa condition semble vouloir prendre un chemin plus rapide et criminel avec son amant banquier (Barry Sullivan).

Le récit est mené avec habilité distillant où laissant deviner le parcours cassé et les frustrations des protagonistes, tout introduisant progressivement la nature de la manipulation. Le classicisme du schéma est transcendé par l'interprétation. Glenn Ford pour son deuxième film noir après Gilda (1946) offre une prestation subtile et plus vulnérable que ce que l'on connaîtra de lui, un initialement fort mais abimé par la vie qui rappelle certaine prestation de John Garfield (ce qui nous ramène au Facteur sonne toujours deux fois encore). Et alors le grand atout c'est Janis Carter en femme fatale. Elle dénote, comme le signalera plusieurs fois Glenn Ford, par son élégance bourgeoise qui détonne avec le trou paumé où elle évolue, le modeste métier de serveuse dans laquelle on la découvre. 

C'est ce contraste qui éveille chez Mike une suspicion qui ne s'éteindra jamais vraiment. Mais paradoxalement cette ambition larvée ne caractérise pas une mante religieuse impitoyable totale. Cette séduction ambiguë amène une électrisante tension sexuelle à chaque apparition de sa silhouette élancée, à chaque œillade et sourire sur son visage anguleux. Du coup le twist (que nous tairons) est d'autant plus surprenant et enrichit le personnage qui en plus des atours perfides de la femme fatale est aussi une femme amoureuse. Le petit spasme quasi orgasmique qu'elle a lors d'une de ses pires exactions est assez mémorable - comme le dit Patrick Brion en bonus avec des films de plus grand standing elle avait le potentiel d'une Barbara Stanwyck..

Richard Wallace livre une mise en scène efficace mais fonctionnelle, avec plus d'inventivité il y avait matière à en faire un vrai classique. Néanmoins la facture d'ensemble est élégante notamment avec la superbe photo de Burnett Guffey. Jolie découverte !

Sorti en dvd zone 2 français chez Sidonis 

Extrait

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