Lost Girls and Love Hotels est l’adaptation du best-seller éponyme de Catherine Hanrahan paru en 2006 et s’inspirant de son expérience lorsqu’elle vécu au Japon en tant que professeur d’anglais. Malgré des éléments intéressants le film évoque plutôt une sorte de curieux mélange entre Lost in Translation (2006) et la saga 50 shades of grey. On y suit le quotidien de Margaret (Alexandra Daddario), jeune femme installée à Tokyo et effectuant le métier singulier de professeur de prononciation anglaise dans une école d’hôtesse de l’air. Le réalisateur William Olsson oppose la grisaille des journées mornes de Margaret avec les nuits tokyoïtes tout en éclairages tapageurs avec ses bars, sa faune étranges et ses tentations incarnées par les innombrables love hotel qui pullulent dans les quartiers chauds.
Un des points intéressants est d’éviter une forme de pittoresque décalée pour marquer le dépaysement de Margaret (à la manière de Lost in translation justement). On a réellement le sentiment de s’inscrire dans le quotidien contraint d’un employé japonais (le cadre austère de l’école où Margaret enseigne, l’uniforme tailleur/talon haut exigé en entreprise japonaise traditionnelle) et de même à la libération des soirées faites de beuveries où l’on peut libérer la pression. Le décalage vient de l’attitude de Margaret déphasée plus par des tourments intérieurs que par l’exil, et en quête d’expériences dans les nuits de néons. Les moments dépressifs suspendus où elle arpente une urbanité tokyoïte (changeant un peu des quartiers que l’on a l’habitude de voir dans les représentations de la ville) fonctionnent bien grâce à la prestation absente d’Alexandra Daddario. Le problème vient de la bascule voulant montrer la facette plus interlope et sulfureuse de la ville à travers les rencontres de Margaret. Elle va ainsi se lier à un yakuza, Kazu (Takehiro Hira) et vivre une liaison torride avec lui. Et là malheureusement une sensualité timorée et l’esthétique publicitaire/Instagram (la photo de Kenji Katori lisse au possible) enlève toute aspérité à l’ensemble, tant dans la possible facette romantique que celle plus crapoteuse. C’est vraiment dommage que l’écrin formel et la mise en scène ne suivent pas (les intérieurs pourraient tout aussi bien être filmé en studio aux Etats-Unis plutôt qu’au Japon tant ils manquent d’identité) car Alexandra Daddario est réellement habitée, dans l’abandon et le lâché prise touchant.Mais les velléités torrides et provocantes des situations tombent à plat, la variété et les possibilités extravagantes du cadre des love hotel ne sont jamais exploitées et les quelques tentatives d’explorer les vrais bas-fond tokyoïte (Margaret finissant hôtesse dans un bar louche) tombent à plat. De plus expliciter l'attirance de l'héroïne pour les expériences bordeline par un trauma sous-jacent (même si pas appuyé, l'interprétation d'Alexandra Daddario évite le surlignage) pourrait presque apparaître comme moralisateur. C’est un film qui reste en surface, ni dans le cliché, ni dans le fantasme (la brève possibilité que l’aman yakuza soit issu de l’imagination de Margaret est vite expédié) et encore moins dans le réalisme. Les Japonais restent des silhouettes et amants de passages où le réalisateur ne travaille jamais l’attrait que la gaijin Margaret (au physique typiquement occidental qui détonne) exerce sur les locaux masculins. Cette absence de direction produit une œuvre un peu neutre et qui ne tient que par la prestation de son actrice principale.
Sorti en dvd zone anglais chez Dazzler Media et doté de sous-titres anglais
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