Agressé et blessé par cinq loubards, l'ingénieur Walt Sherill exige justice. L'enquête de la police étant trop lente à son goût, il prend les choses en main. De plus en plus aveuglé par une soif de vengence, il va perdre son emploi et mettre ses proches en danger...
Lutte sans merci est une œuvre qui anticipe en quelque sorte les films de "vigilante" et d'auto-justice qui fleuriront lors de la décennie suivante dans le sillage du controversé Un Justicier dans la ville de Michael Winner. Adapté d'un roman noir de Leigh Brackett, il s'agit de l'avant-dernier film d'un Alan Ladd en bout de cours tant commercialement que physiquement. Cela joue également sur son personnage, vulnérable, vieillissant et diminué face à la brutalité de ses agresseurs et qui retrouve peu à peu la vigueur de ses grandes interprétations viriles du western ou film noir quand il cherchera à se venger par lui-même. La mise en scène un peu molle de Philip Leacock (les affreuses poursuites en voiture accélérées) peine à installer le climat de menace urbaine qu'on attend dans ce type de récit, ce qui tombe finalement bien puisque ce n'est pas le propos du film. Si la violence qui se heurtera au héros est également sociale, elle ne viendra pas comme c'est souvent le cas des couches défavorisées de la société mais plutôt de jeunes nantis au sentiment de toute puissance et d'impunité. Cet état se prolonge à la nature de leur parent plein de mépris et de défiance face à la police représenté par Rod Steiger, et du coup à l'humiliation dans sa virilité ressentie par Alan Ladd s'ajoute cette injustice sociale. Le récit met donc en parallèle deux notions de justice, celle légale, minutieuse et (trop) lente du flic Rod Steiger et l'autre expéditive, personnelle et vengeresse d'Alan Ladd. On arrivera finalement à la même conclusion et les mêmes coupables, mais quand la quête "neutre" de la police maintien une certaine idée de l'ordre public celle d'Alan Ladd lui fait perdre progressivement son humanité. Son intervention causera une suite de dommage collatéraux chez ceux qu'il traque mais également dans son entourage avec sa femme (Dolores Dor) qui assiste médusée à la métamorphose de l'homme qu'elle aime. C'est plutôt sur ce conflit moral que le film fonctionne, même si l'on reste néanmoins frappé par quelques fulgurantes montées de violence. Le tabassage arbitraire d'Alan Ladd en ouverture fait son petit effet, ou même la tentative de viol de Dolores Dor qui annonce les gros dérapages putassiers de Michael Winner. Une œuvre imparfaite mais plutôt intéressante donc.
Sorti en dvd zone 2 français chez Sidonis
bonjour Justin. Vu le film en mai. Un peu mollassonne quand même la mise en scène.Le film est pas mal sans plus. Alan Ladd est au bout du bout.
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