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mardi 12 septembre 2023

Cousine, je t'aime - Opera Prima, Fernando Trueba (1980)

Matias est un journaliste divorcé de 25 ans qui essaie d'écrire un roman policier. Violeta, sa cousine, a 18 ans et étudie le violon. Tout les sépare mais ils tombent pourtant amoureux l'un de l'autre.

Premier long-métrage de Fernando Trueba, Opera Prima témoigne déjà de l'appétence du réalisateur pour la comédie américaine. Mais alors qu'il ira piocher ses influences dans le Hollywood classique et la screwball comedy dans ses œuvres suivantes, Opera Prima est lui lourdement marqué par l'ombre plus contemporaine de Woody Allen. Le personnage de Matias (Óscar Ladoire), tout en logorrhée angoissée noyant ses névroses sous les tics et les références culturelles est clairement un pendant latin de la figure emblématique créée par Woody Allen. L'intrigue rappelle plus spécifiquement Manhattan (1979) à travers la romance avec Violeta (Paula Molina), cousine plus jeune que Matias retrouve adulte à Madrid après avoir été son premier amant lorsqu'elle avait 15 ans. Matias souffre aussi des mêmes frustrations que le Woody de Manhattan par sa carrière d'écrivain qui piétine et ses relations difficiles avec son ex-femme (Kiti Mánver). Trueba a clairement du mal à s'extirper de cette influence écrasante et ce jusque dans sa conclusion une nouvelle fois variation de celle de Manhattan.

Le charme opère par intermittence lorsque Trueba parvient à instaurer quelques situations plus spécifiquement associées au contexte espagnol. Sous les peurs et l'insécurité amoureuse de Matias transparait aussi celle de l'homme espagnol confronté à une nouvelle génération de jeunes femmes indépendantes et émancipées, les dissensions venant ici de l'amitié de Violeta avec un collègue musicien, et d'un voyage au Pérou qu'elle envisage avec lui sans l'assentiment de Matias. Il y a aussi le contexte provoquant de la Malavida en germe qui se profile en arrière-plan durant les hilarantes scènes d'interview d'artiste de Matias, qui expérimente les éructations d'un simili Bukowski ou la nymphomanie d'une réalisatrice (Marisa Paredes) férue d'érotisme. Le couple vedette dégage un charme certain, en particulier les scènes de séduction qui précèdent l'officialisation de la relation. 

La scène d'ouverture muette où Violeta suit longuement Matias dans la rue est irrésistible, tout comme la tension érotique lorsqu'elle se change devant lui dans son appartement, grâce à la répétition de ce moment pour une issue différente. La réussite n'est cependant pas totale à cause d'un rythme incertain et des réminiscences alleniennes déjà évoquées. Tout comme dans son Sé infiel y no mires con quién (1985) à venir et certes plus réussi, les contextes contemporains rendent boiteux ce mélange avec la comédie américaine chez Trueba, alors que dès qu'il l'associera à un fond historique plus consistant sous la légèreté, les films gagneront en profondeur dans son cycle autour de la Guerre Civile avec Manolo (1986), Belle Epoque (1992) et La Fille de tes rêves (1998). Encore bancal donc mais pas désagréable, le meilleur était à venir.

Sorti en dvd espagnol

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