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mercredi 9 juillet 2025

My Father’s Son - Bi ru fu zi, Qiu Sheng (2025)

Qiao, 18 ans, vient de terminer ses examens d’entrée à l’université́ lorsqu’il apprend la mort de son père, un homme brutal et secret, qui lui a légué́ sa passion pour la boxe. Des années plus tard, devenu ingénieur, Qiao développe un logiciel d’entrainement de boxe utilisant l’intelligence artificielle. Il modélise un adversaire virtuel reprenant les traits de son père, qui bientôt lui échappe...

Parallèlement à la préoccupation légitime quant à l’émergence de l’intelligence artificielle et de la place grandissante qu’elle prend dans nos vies, récemment nombre de fictions sont allées à rebours de l’habituel constat alarmiste. Certes un Terminator 2 (James Cameron, 1991), la saga Matrix, et du côté de la japanimation les Ghost in the Shell de Mamoru Oshii ont montré la voie, mais il s’inscrivait dans un registre de science-fiction et d’action. Récemment The Creator de Gareth Edwards (2023) renouait certes avec la fresque SF, mais convoquait le mysticisme et l’imagerie bouddhique (élément thématique en germe aussi dans Matrix et Ghost in the Shell) pour exprimer l’âme et la croyance animant les intelligences artificielles, désormais être plus sensible que l’humain. 

C’était un pas pour échapper à l’opposition et l’inversion entre humain et IA (ambiguïté que capture d’ailleurs formidablement AI de Steven Spielberg (2001)), cette dernière s’inscrivant désormais dans le quotidien dans des mélodrames contemporains n’ayant plus recours à la veine plus pyrotechniques de la SF. Her de Spike Jonze (2013) invite à une romance homme/IA inattendue, le magnifique After Yang de Kogonoda (2021) dépeignait un véritable drame du deuil après la disparition d’une IA baby-sitter devenue un membre de la famille à part entière.

C’est sur ce dernier que semble lorgner Qiu Sheng avec son second long-métrage My Father’s Son. Le réalisateur s’y inspire de son expérience personnelle du deuil avec le traumatisant souvenir des funérailles son père. Prévenu au dernier moment de la disparition de ce dernier pour ne pas perturber sa période d’examens, il se retrouva dans la même position que le héros du film à devoir lire un discours devant une assemblée. Qiu Sheng confronte ainsi le héros adolescent Qiao (à la mort de son père dans un présent où il ne le reverra plus, coincés dans des non-dits qu’ils ne surmonteront plus jamais. 

Une narration en flashback nous ramène vers le passé et l’enfance difficile face à ce père rugueux et brutal, uniquement capable d’exprimer ses sentiments et faire acte de transmission envers son fils par l’apprentissage de la boxe. Le présent et le passé installent une impasse irréversible dans cette relation père/fils que le futur va transcender de façon surprenante. Désormais adulte, scientifique et sur le point de lui-même devenir père, Qiao ressuscite involontairement le sien par les caractéristiques dont il dote l’avatar d’une expérience VR.

Les préceptes qu’il était trop jeune pour comprendre enfant, et les cérémonials traditionnels incapables de l’accompagner dans son chagrin, tout cela est balayé dans l’intimisme cyberpunk voyant Qiao enfin faire face à son père via la VR. Le monde virtuel devient espace de confession dans un mouvement contraire aux titres évoqués plus haut, dans lesquels les éléments SF étaient les vecteurs vers l’introspection. Cette fois le drame personnel va chercher sa résolution dans la technologie.. Qiu Feng bouscule les dogmes et schémas établis dans ce drame poignant ne voyant plus la technologie comme un frein, mais une passerelle inédite apte à guérir nos maux intimes. 

En salle le 23 juillet 

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