En 1939, une
aristocrate britannique, dont le mari vient de mourir, hérite de son ranch en
Australie. Elle demande de l'aide à un drover (« cow-boy » australien) et à ses
employés aborigènes pour résister à l'impitoyable concurrence dans le commerce
du bétail. Ils devront traverser les contrées inhospitalières de l'outback avec
le troupeau et seront témoins du bombardement de Darwin par l'aviation
japonaise.
Avec l’apothéose que constituait Moulin Rouge (2001), Baz Luhrmann avait conclu sa trilogie du
« Rideau Rouge » où ode au monde du spectacle s’entremêlait et
servait la vision d’un romantisme flamboyant. Ce romantisme prenait un tour
naïf et fougueux dans Ballroom Dancing
(1992) et son monde des concours de danse, une transposition pleine de bruit et
de fureur de Romeo et Juliette (1996) et l’aboutissement de Moulin Rouge qui
réunissait le meilleur des précédents pour un des plus beaux mélos des années
2000. Il était donc tant de passer à autre chose pour Luhrmann qui après avoir
échoué à monter sa fresque sur Alexandre Le Grand (avec Léonardo Di Caprio et
Nicole Kidman) car devancé par Oliver Stone sur le sujet, le réalisateur ose
donc la grande fresque romanesque où il nous contera un pan de l’histoire de
son Australie natale.
La plus grande crainte avec ce film était de voir le style
de Luhrmann noyé dans un classicisme malvenu et donner un objet impersonnel. Passé une
belle scène d'ouverture des plus poétique, la première demi-heure hyper chargée
en lieux, situations, personnages et réalisation virevoltante typique de sa
patte (on pense pas mal aux ouvertures hystérique de Moulin Rouge ou Ballroom
Dancing) rassure immédiatement, on n'aura pas droit à un objet académique
sans saveur, même si la deuxième partie du film moins portée sur l'aventure
pure et dure est plus sobre.
Tous les personnages et enjeux sont ainsi posés en
un temps record (avec un point de départ par sans rappeler l’argument d’Il Etait Une Fois Dans L'Ouest) que ce
soit Nicole Kidman excellente en aristocrate anglaise coincée dans cette
contrée sauvage, Hugh Jackman en gros rustre
finalement tout aussi isolé des locaux du fait de sa proximité les noirs et
surtout Brandon Walters épatante révélation en métis attachant et déchiré entre
deux monde.
Offrant un véritable hommage aux aborigènes et à leurs
culture, Luhrmann charge son film d'une spiritualité de tous les instants influençant
sa réalisation (la traversée elliptique et presque rêvée du grand Nulle Part)
ainsi que les péripéties les plus marquantes comme lorsque Nullah stoppe un
troupeau fonçant sur lui par une chanson tandis que Roi Georges vieil aborigène
au savoir ancestral est véritablement l'âme du film.
On a une dénonciation
forte également des méthodes du gouvernement australien avec cette vision de la
« génération volée » qui vit des métis arraché à leurs famille pour
être assimilé et rendu plus acceptable par une éducation religieuse. Le spectre
omniprésent du Magicien D'Oz plane
également sur le film (le ranch de Faraway Downs rappelant évidemment la ferme
du film de Fleming), justifiant les moments les plus volontairement factice
comme lorsque Nicole Kidman vient consoler Nullah après la mort de sa mère et
évoque pour la première fois le conte, ou offrant certaines des plus belles
scènes comme les retrouvailles finales sur fond de "All Over the
rainbow".
Le souffle de la grande aventure se déploie avec des vues
majestueuses de paysages australiens peu vus au cinéma jusque-là, où Luhrmann
(malgré quelques fautes de gouts dont des incrustation assez laides) livre des
moments très impressionnants lors de la traversée avec le troupeau, alternant
brillamment prise réelle et effets numérique, plein air et tournage en studios.
La deuxième partie du film (tous les enjeux du début étant parfaitement bouclé
à mi-parcours) est plus classique dans sa forme mais approfondi bien les
personnages, notamment celui de Jackman dont la distance et le sentiment de
liberté se justifie plus précisément.
Là encore la façon dont l’Australie se
trouva brutalement mêlées à la Deuxième Guerre Mondiale offre son lot de
séquences spectaculaire notamment un bombardement final apocalyptique. Le final
poignant où Nullah assume son destin et héritage offre sans doute la plus belle
illustration au cinéma du rituel du walkabout avec le film éponyme et chef
d’œuvre de Nicolas Roeg. Une réussite pour Luhrmann donc où l’on déplorera
cependant un score assez quelconque alors que la beauté de certaines images et
élans mélodramatique auraient mérité une bande-son plus marquante.
Sorti en dvd zone 2 français chez Fox
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